RDC. Kabila, la rébellion et le sang : le triple défi explosif de la RDC
Tandis que Kinshasa signe un accord de cessez-le-feu à Doha, l’ex-président condamné à mort tisse sa toile à Nairobi et les milices sèment la terreur dans l’Est.
ADS
La République Démocratique du Congo vit une séquence politique d'une intensité dramatique, tiraillée entre des pourparlers de paix fragiles, une opposition qui se recompose dans l'ombre et une violence persistante qui ensanglante l'Est du pays. Une triple crise qui met à l'épreuve le président Félix Tshisekedi.
Kabila, le condamné qui orchestre depuis l'étranger
Dans un coup de théâtre politique révélé par The African Report, l'ancien président Joseph Kabila, fraîchement condamné à mort par contumace pour haute trahison et crimes contre l'humanité par la justice de son pays, a repris les rênes de l'opposition. Il a organisé à Nairobi, capitale kényane, une rencontre de la mouvance hostile à Félix Tshisekedi.
Autour de lui, des poids lourds de la politique congolaise, dont l'ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon et des membres de son « Front commun pour le Congo ». Un proche collaborateur de l'ex-président justifie cette mobilisation : il s'agit de « reconstituer le front d'opposition ». Preuve que la condamnation, loin de l'effacer, semble galvaniser son ambition.
Cependant, l'initiative n'a pas fait l'unanimité. La star de l'opposition Moïse Katumbi, chef d'Ensemble pour la République, a snobé la rencontre. Un camouflet significatif qui révèle les fractures au sein des adversaires de Tshisekedi et la réticence de certains à se ranger derrière la figure controversée de Kabila, qui tente par tous les moyens de se réimposer comme un médiateur incontournable.
Doha : un accord sur le papier, la guerre sur le terrain
Alors que l'opposition se déchire, le gouvernement de Kinshasa a signé à Doha, avec le groupe armé M23, un « Mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu ». Un pas en avant, salué par la communauté internationale. Cet accord, supervisé par le Qatar avec l'UA et les États-Unis comme observateurs, prévoit la création d'un dispositif pour enquêter sur les violations.
Mais le scepticisme reste de mise. Ce n'est que la énième tentative pour endiguer un conflit qui ravage le Nord-Kivu. Un précédent accord sur l'échange de prisonniers, signé en septembre, n'a jamais été concrétisé. La signature sur le papier parviendra-t-elle à calmer les armes sur le terrain ? Rien n'est moins sûr.
L'Est de la RDC sous le feu des ADF
La tragique démonstration en a été faite presque simultanément. Dans la province du Nord-Kivu, loin des luxueux hôtels de Doha et de Nairobi, les Forces Démocratiques Alliées (ADF) ont une nouvelle fois frappé sauvagement. Le village de Mukondo, dans le territoire de Lubero, a été le théâtre d'un massacre. Bilan : au moins 19 civils exécutés, des blessés, des maisons incendiées et des magasins pillés.
Cette attaque cruelle rappelle avec force que la complexité des jeux politiques à Kinshasa ou à l'étranger a un coût humain direct. Tandis que les grands de ce monde négocient, la population congolaise, elle, meurt.
La RDC est à la croisée des chemins. D'un côté, un pouvoir qui tente de pacifier le pays par la diplomatie. De l'autre, une opposition en pleine recomputation, menée par un homme acculé mais déterminé. Et sur le terrain, une violence qui, elle, ne connaît ni trêve ni accord. Le compte à rebours pour la stabilisation du géant d'Afrique est lancé.
Kabila, Rebellion, and Blood: The Explosive Triple Challenge Facing the DRC
The Democratic Republic of Congo is experiencing a dramatic political sequence, torn between fragile peace talks, an opposition regrouping in the shadows, and persistent violence bleeding the East of the country. A triple crisis testing President Félix Tshisekedi.
Kabila: The Condemned Man Orchestrating from Abroad
In a political revelation by The African Report, former president Joseph Kabila, recently sentenced to death in absentia for high treason and crimes against humanity by his country's courts, has taken back the reins of the opposition. He organized a meeting in Nairobi, Kenya, for factions hostile to Félix Tshisekedi.
Around him, heavyweights of Congolese politics, including former Prime Minister Augustin Matata Ponyo Mapon and members of his "Front commun pour le Congo." A close collaborator of the ex-president justified this mobilization: the goal is to "reconstitute the opposition front." Proof that the conviction, far from erasing him, seems to be galvanizing his ambition.
However, the initiative was not unanimous. Opposition star Moïse Katumbi, leader of Ensemble pour la République, snubbed the meeting. A significant snub that reveals the fractures within Tshisekedi's adversaries and the reluctance of some to align behind Kabila's controversial figure, who is trying by all means to reestablish himself as an unavoidable mediator.
Doha: A Paper Agreement, War on the Ground
While the opposition is in turmoil, the Kinshasa government signed a "Ceasefire Monitoring and Verification Mechanism" in Doha with the M23 armed group. A step forward, praised by the international community. This agreement, supervised by Qatar with the AU and the US as observers, provides for a mechanism to investigate violations.
But skepticism remains. This is just the latest attempt to stem a conflict ravaging North Kivu. A previous prisoner exchange agreement, signed in September, was never implemented. Will the signature on paper calm the weapons on the ground? Nothing is less certain.
Eastern DRC Under ADF Fire
The tragic demonstration occurred almost simultaneously. In North Kivu province, far from the luxurious hotels of Doha and Nairobi, the Allied Democratic Forces (ADF) struck again savagely. The village of Mukondo in Lubero territory was the scene of a massacre. Toll: at least 19 civilians executed, wounded, houses burned, and shops looted.
This cruel attack is a stark reminder that the complexity of political games in Kinshasa or abroad has a direct human cost. While the world's powerful negotiate, the Congolese people are dying.
Conclusion: The DRC is at a crossroads. On one side, a power trying to pacify the country through diplomacy. On the other, an opposition in the midst of recomputation, led by a cornered but determined man. And on the ground, a violence that knows neither truce nor agreement. The countdown for the stabilization of the African giant is on.
RDC, République Démocratique du Congo, Joseph Kabila, Félix Tshisekedi, Nairobi, Doha, M23, ADF, Allied Democratic Forces, Nord-Kivu, Mukondo, cessez-le-feu, opposition politique, Front commun pour le Congo, Moïse Katumbi, Augustin Matata Ponyo, haute trahison, condamnation à mort, conflit Est-Congo, actualité africaine, crise politique, diplomatie, groupe armé, massacre de civils, analyse politique
Didier Cebas K.
Lire aussi : Est de la RDC : Le carnage oublié qui précipite une région dans l’abîme
Lire aussi : Football en RDC : Émeutes au Simba-Mazembe, la police recourt aux gaz lacrymogènes
Lire aussi : RDC : Le pouvoir de Félix Tshisekedi frappe fort et suspend la coalition de l’opposition menée par Joseph Kabila
ADS
ADS














