Sciences. L’ADN d’un mystérieux peuple inconnu découvert au Cameroun

cameroun24.net Jeudi le 30 Janvier 2020 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’ADN de quatre enfants préhistoriques, découverts dans l’ouest du Cameroun, met en lumière les traces génétiques de populations humaines disparues. Cette mystérieuse lignée « fantôme » pourrait réécrire l’histoire de l’évolution de l’homme.

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En plongeant dans l’ADN africain le plus ancien jamais collecté, des scientifiques ont découvert une mystérieuse lignée « fantôme » d’humains dont l’identité reste encore inconnue. C’est sur le site archéologique de Shum Laka, au Cameroun, que les scientifiques ont fait cette découverte extraordinaire. Elle a été rapportée dans la revue scientifique Nature.

Berceau de l’Homo sapiens
Pour la première fois, une équipe internationale de chercheurs de la Harvard Medical School, la faculté de médecine de Harvard, à Boston (États-Unis), a séquencé l’ADN de quatre enfants, enterrés en deux phases il y a 8 000 et 3 000 ans, à Shum Laka. Ce site archéologique iconique est situé dans des grottes de la région des Prairies au Cameroun, près de Bamenda. Il est connu pour être le berceau de l’histoire de notre espèce, Homo sapiens. Il a également la particularité d’abriter la plus grande diversité génétique humaine au monde.

« L’ADN ancien qui s’y trouve est le premier à être découvert dans le centre-ouest de l’Afrique et l’un des plus anciens jamais récupérés d’un milieu tropical africain », confirme un communiqué publié sur le site internet de l’Université de Montréal.
« Notre analyse indique l’existence d’au moins quatre grandes lignées humaines profondes qui ont contribué à la vie des gens d’aujourd’hui, et qui ont divergé les unes des autres il y a environ 250 000 à 200 000 ans », insiste David Reich, l’auteur principal de l’étude de la Harvard Medical School, dans ce même communiqué.

Le site de Shum Laka, au Cameroun, pourrait révéler de nouveaux secrets sur l’histoire de l’évolution de l’homme.
Ces quatre lignées humaines comprennent les chasseurs-cueilleurs actuels d’Afrique centrale, les chasseurs-cueilleurs d’Afrique australe, tous les autres humains modernes et – plus intrigant encore – une population « fantôme », inconnue jusque-là, d’autres humains modernes. Bien que l’identité de cette dernière lignée reste un mystère, les anciens individus ayant déjà été découverts à Shum Laka en sont pour les deux tiers d’entre eux issus, tandis que le reste de leur ascendance provient d’une lignée liée aux chasseurs-cueilleurs actuels d’Afrique centrale.

Extrêmement rares
« Shum Laka est un point de référence pour comprendre l’histoire séculaire du centre-ouest de l’Afrique », souligne Isabelle Ribot sur le site internet de l’Université de Montréal. Cette anthropologue a fouillé les sépultures de 18 personnes (principalement des enfants) enterrées en deux phases il y a environ 8 000 et 3 000 ans. Les squelettes humains d’avant l’âge de fer sont ici extrêmement rares. Les environnements tropicaux et les sols acides ne sont pas favorables à la préservation des os. C’est pourquoi les résultats de l’étude sont vraiment « exceptionnels ».
Les scientifiques de la Harvard Medical School ont échantillonné les os pétreux (oreille interne) de six individus enterrés à Shum Laka. Quatre de ces échantillons ont produit de l’ADN ancien et ont été datés directement au Pennsylvania State University Radiocarbon Laboratory. La conservation moléculaire a permis de faire l’analyse du génome entier de l’ADN ancien.
Un passé marqué par les mouvements de populations
Et les chercheurs ont constaté qu’aucun des individus échantillonnés à Shum Laka n’est étroitement lié à la plupart des locuteurs actuels du bantou, le groupe de langues africaines le plus répandu. Ils faisaient plutôt partie d’une population distincte qui a vécu dans la région il y a plus de cinq millénaires et qui a ensuite été remplacée par des groupes très différents dont les descendants constituent la majorité des Camerounais d’aujourd’hui.
« Ces résultats soulignent à quel point le paysage humain en Afrique, il y a quelques milliers d’années seulement, était profondément différent de ce qu’il est de nos jours, souligne David Reich. Ils mettent en évidence le pouvoir de l’ADN ancien de lever le voile sur un passé humain qui a été masqué par les récents mouvements de populations. »

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