Economie. Le Cameroun frappé par les Droits de Douanes américains à hauteur de 20%

Les taxes américaines pousseront l'Afrique à développer le commerce continental.
L’introduction par Washington de taxes et de droits de douane poussera l’Afrique à développer le commerce continental et à orienter son industrie vers les marchés intérieurs, a déclaré dans une interview à TASS Andreï Maslov, directeur du Centre d'études africaines de l’université nationale de recherche École des hautes études en sciences économiques (EHESE).
"[Le président américain Donald] Trump propose aux pays de localiser leur production aux États-Unis. Dans le cas de l'Afrique du Sud, fournisseur de produits finis, cette exigence peut être satisfaite, mais il n’est pas clair ce que doivent faire les exportateurs de matières premières qui sont majoritaires en Afrique. Le nouveau système de préférences tarifaires tiendra probablement compte d'un ensemble de facteurs: la position politique et l’idéologie, la disposition aux négociations, l’octroi de préférences formelles et informelles aux exportateurs et investisseurs américains. Ce système sera moins compréhensible et moins avantageux pour les fournisseurs africains. En revanche, il offre aux pays africains l'opportunité de se concentrer sur les marchés régionaux et de développer une industrie centrée sur les besoins des économies nationales."
Il a rappelé que les tarifs douaniers les plus élevés avaient été imposés par Washington à l'Algérie (30%), à l'Angola (32%), au Botswana (37%), à la Côte d'Ivoire (21%), au Lesotho (50%), à Maurice (40%), à Madagascar (47%), à la Tunisie (28%) et à l'Afrique du Sud (30%). La République démocratique du Congo, la Zambie, le Cameroun, le Nigéria et le Mozambique ont été frappés de droits de douane compris entre 10% et 20%. "L'Égypte, le Maroc, le Kenya, le Ghana, l'Éthiopie, la Tanzanie, le Sénégal et l'Ouganda ont bénéficié d'une mention plutôt honorifique avec un taux de base de 10%. Parmi ces pays figurent les principaux partenaires des États-Unis en Afrique - l'Égypte, le Maroc et le Kenya - et des économies en croissance - le Sénégal et la Tanzanie. Il semble que les États-Unis aient décidé de ne pas envenimer les relations avec eux pour l'instant", a-t-il indiqué.
Confrontation entre les États-Unis et l'Afrique du Sud
Toujours selon Andreï Maslov, le tarif le plus élevé, 50%, a frappé le Lesotho en raison de la possibilité de réexportation des marchandises depuis l'Afrique du Sud, avec laquelle les relations des États-Unis ne sont pas aujourd’hui au beau fixe. En outre, il y a le facteur de réexportation depuis la Chine vers les États-Unis via ces pays, ce qui peut être bloqué par l’imposition de droits de douane. "La situation la plus difficile concernera l'Afrique du Sud qui représente environ 70% du déficit commercial des États-Unis avec l'Afrique. Aux 30% de base s'ajoutent 25% de taxes sur les importations de voitures. L’Afrique du Sud a placé sur son territoire, notamment grâce au programme AGOA (Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique qui permet aux pays de l’Afrique subsaharienne d’exporter sur le marché américain sans droits de douanes), des usines de différentes marques automobiles et les exportations de voitures vers les États-Unis s’élevaient de 2 à 3 milliards de dollars par an", a ajouté l'expert.
Il estime que plusieurs pays entameront des négociations avec l’administration américaine. "Il va y avoir des négociations, quelques exceptions, quelques assouplissements. L'Afrique du Sud, le Lesotho, Maurice ainsi que l'Angola et Madagascar tenteront de coordonner des mesures de réponse dans le cadre de la Communauté de développement d'Afrique australe, mais elles seront de nature différée", a ajouté Andreï Maslov.
Le ministre sud-africain des Affaires étrangères, Ronald Lamola, a précédemment déclaré que Pretoria avait l'intention d’avoir des négociations avec les États-Unis sur les questions commerciales en vue d’annuler les nouveaux tarifs pour une série de produits d'exportation sud-africains, tandis que le gouvernement s’apprêtait à rechercher de nouveaux marchés pour écouler les produits fabriqués en Afrique du Sud. Le ministre du Commerce du Lesotho, Mokhethi Shelile, a annoncé que son pays dépêchait une délégation à Washington pour tenter de réduire ou d'abroger les tarifs douaniers afin de maintenir sa présence sur le marché américain. Le Lesotho exporte principalement vers les États-Unis du textile qui est acheté par des marques populaires comme Levi Strauss. L'année dernière, le royaume a exporté pour 237 millions de dollars de marchandises aux États-Unis, soit le dixième du PIB du Lesotho.
L'AGOA a été adoptée aux États-Unis au printemps 2000 et vise à améliorer les relations économiques entre le pays et l'Afrique subsaharienne. Elle permet actuellement à 35 pays africains d’exporter 1.835 types de marchandises vers les États-Unis sans payer de taxes. Les États-Unis bénéficient pour leur part d’un accès privilégié aux matières premières les plus importantes. Échelonné sur dix ans, le document expirera en septembre prochain. Sa prorogation dépendra de la position de la Maison-Blanche et du Congrès.
AN
Lire aussi : Roi Charles III : Une fortune de 760 millions d’euros, mais seulement 238e au classement des riches britanniques
Lire aussi : EXCLUSIF – Énergie : L’Afrique du Sud tend la main aux États-Unis pour une coopération gazière stratégique
Lire aussi : Crise du commerce international : l’OMC alerte sur les risques d’une fragmentation économique mondiale