Cameroun - Justice. Les autorités doivent cesser de harceler la défenseure des droits humains Alice Nkom et de s’en prendre aux organisations de la société civile

cameroun24.net Jeudi le 09 Janvier 2025 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Cameroon: Authorities must stop harassment of human rights defender Alice Nkom and attacks on civil society organizations

Réagissant à la convocation d’Alice Nkom, avocate camerounaise et présidente du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac), par le préfet du département de Wouri le 10 janvier, et par la gendarmerie nationale le 14 janvier, Marceau Sivieude, directeur régional par intérim d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, a déclaré :

« L’interdiction des activités et la suspension arbitraire pour trois mois du Redhac et de trois autres organisations de la société civile sont contraires aux obligations internationales du pays en matière de droits humains de garantir les droits de chacun à la liberté d’expression et d’association.

« De plus, l’instrumentalisation du système judiciaire pour intimider la défenseure des droits humains Alice Nkom témoigne du mépris flagrant des autorités pour les droits humains de ceux qui défendent les droits d’autrui.

« Les autorités camerounaises doivent mettre fin à la suspension des organisations concernées, rétablir leur statut et leur permettre de mener leurs activités sans ingérence arbitraire. Elles doivent immédiatement mettre fin à l’utilisation abusive de la justice pour cibler Alice Nkom et d’autres défenseur.e.s et militant.e.s des droits humains. »

Contexte

En mars 2020, le ministre de l’Administration territoriale avait accusé le Redhac et plusieurs autres organisations de la société civile d’être « engagés dans une démarche conspirationniste contre le Cameroun et contre les forces de défense et de sécurité ».

Le 6 décembre 2024, le même ministre a suspendu quatre organisations dont le Redhac, invoquant des « financements illicites et exorbitants en inadéquation avec le profil de l’activité », un « défaut d’autorisation », des « activités de nature à porter atteinte à l’intégrité du système financier national » et une « absence de justification de la destination des financements reçus ».

Le 10 décembre, Alice Nkom a été convoquée une première fois par le préfet du département du Wouri après avoir brisé les scellés posés sur les portes de l’immeuble abritant les bureaux du Redhac. Elle ne s’est pas rendue à cette convocation ni à une deuxième, demandant un report au mois de janvier afin de garantir la présence de son avocat.

Le 31 décembre, elle a été convoquée par le chef du service central des recherches judiciaires de la gendarmerie nationale pour des « besoins d’enquête ». Cela fait suite à une dénonciation faite auprès du tribunal militaire de Douala le 18 décembre par une ONG camerounaise l’accusant de réunir des fonds pour s’opposer aux autorités actuelles et soutenir les groupes armés des régions anglophones.

Dans ses observations finales sur le Cameroun publiées en décembre 2024, le comité des Nations unies contre la torture s’est dit préoccupé par des « informations faisant état d’intimidations, de menaces, de harcèlement, d’usage excessif de la force, d’arrestations et de détentions arbitraires, de poursuites judiciaires, y compris devant des tribunaux militaires, de torture et mauvais traitements, de disparitions forcées et d’exécutions extrajudiciaires dont continuent à être victimes les défenseurs des droits de l’homme, les membres de la société civile, les journalistes, les opposants politiques et les manifestants pacifiques ».
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Cameroon: Authorities must stop harassment of human rights defender Alice Nkom and attacks on civil society organizations

Reacting to the summoning of Alice Nkom, a Cameroonian lawyer and President of the Central African Human Rights Defenders Network (Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale - Redhac), to appear before the prefect of the Wouri department on 10 January and before the national gendarmerie on 14 January, Marceau Sivieude, Amnesty International's interim Regional Director for West and Central Africa, said:

“The ban on activities and the arbitrary suspension for three months of Redhac and three other civil society organizations, is contrary to the country’s international human rights obligations to ensure the rights of everyone to freedom of expression and association.

“Moreover, the weaponization of the justice system to intimidate human rights defender Alice Nkom shows the authorities' flagrant disregard for the human rights of those who defend the rights of other people.

“Cameroonian authorities must end the suspension of the affected organizations, reinstate their status and allow them to carry out their activities without arbitrary interference. They must also immediately end the misuse of the justice system to target Alice Nkom and other human rights defenders and activists.”

Background

In March 2020, the Minister of Territorial Administration accused Redhac and several other civil society organizations of being “engaged in a conspiracy against Cameroon and the defence and security forces”.

On 6 December 2024, the same Minister suspended four organizations, including Redhac, citing “illicit and exorbitant funding that does not match the profile of the activity”, a “lack of authorisation”, “activities likely to undermine the integrity of the national financial system” and a “lack of justification for the use of the funding received”.

On 10 December, Alice Nkom was summoned for the first time by the prefect of the Wouri department, after she broke the seal placed on the doors of the building housing the Redhac offices. She did not attend this summons or a second one, requesting a postponement until January in order to guarantee the presence of her lawyer.

On 31 December, she was summoned by the head of the national gendarmerie's central judicial investigation department for “investigation purposes”. This follows a report made to the Douala military court on 18 December by a Cameroonian NGO, accusing her of raising funds to oppose the current authorities and support armed groups in the English-speaking regions.

In its concluding observations on Cameroon published in December 2024, the UN Committee against torture expressed concern “about reports according to which human rights defenders, members of civil society, journalists, political opponents and peaceful protesters have been subjected to intimidation, threats, harassment, excessive use of force, arbitrary arrest and detention, prosecution, including before military courts, torture and ill-treatment, enforced disappearance and extrajudicial execution”.

 Amnesty International

 

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