Cameroun - Finances. Les finances publiques vont bien, merci !

Le journaliste camerounais Georges Dougueli prend à contre pieds Louis Paul Motaze, le ministre des finances du Cameroun qui a publié un communiqué pour démentir un article de Jeune Afrique faisant état de la mauvaise santé de l'économie et des finances au Cameroun.
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Les finances publiques vont bien, merci !
Par Georges Dougueli
Puisque l’époque veut que les droits de réponse soient lus sur les réseaux sociaux avant qu’ils ne parviennent à leurs destinataires initiaux, discutons-en donc sur ces mêmes supports ! Même si je ne suis pas l’auteur de l’article objet du courroux de ces Messieurs les décideurs. Disons que je ne suis … qu'un citoyen qui se mêle de ce qui ne le regarde pas.
Ceci étant :
1-Commençons par le taux d’endettement situé, nous dit-on au ministère des Finances, à 40% du PIB, donc selon eux, largement en deçà du plafond d’endettement de 70% fixé par les critères de convergence en vigueur en zone Cemac. En cette matière, n’est-il pas plus pertinent de nous parler de la SOUTENABILITE de la dette ? C’est-à-dire la capacité du Cameroun à rembourser ses emprunts et, donc, sa solvabilité ? Figurez-vous que le taux d’endettement des Etats-Unis et de la France dépasse les 100% du PIB… Pauvres Américains, heureusement qu’ils ne sont pas membres de la zone Cemac ! Avec ça aucune agence de notation ne s’inquiète de leur solvabilité ? Trêve de plaisanterie. Convoquer le taux d’endettement (faible par rapport à un indicateur peu signifiant) pour sous-entendre que l’économie va bien est donc un argument fallacieux.
Bon élève de la Cemac avec 40%, l’endettement du Cameroun n’est pas moins alarmant. Ce n’est pas moi qui le dis mais le FMI, la Banque mondiale, la Cnuced et même la BEAC, qui ont prévenu du risque de surendettement eu égard à la situation plus que délicate des finances publiques.
Quand on observe la structure budgétaire du Cameroun, on se rend compte que les dépenses ont explosé à cause du financement de la guerre la plus bête au monde au NOSO, de la lutte anti-terroriste (EN), des éléphants blancs pharaoniques de la CAN, du remboursement de la dette… Alors que, dans le même temps, les recettes ont baissé.
Les impôts : La base taxable n’est pas large. Ceux, peu nombreux, qui paient sont asphyxiés.
Le pétrole : Conséquence du Covid, le cours du baril a baissé de 40%.
La Douane : Les recettes sont elles aussi en baisse.
La situation est donc délicate. Communiquer abondamment pour dire que tout va bien est annonciateur d’une fuite en avant.
2-Parlons enfin de la qualité de la dette
Le Cameroun a un niveau d’endettement voisin de celui de la Côte d’ivoire (voir tableau ci-dessus). Quiconque débarque en CI constate ce que les autorités ont fait de l’argent emprunté.
Question : A quoi a servi l’argent emprunté par le Cameroun ? Mieux, quel est le bilan de l’argent issu de l’initiative PPTE ? Pourquoi a-t-on créé autant de dette en seulement quinze ans ? Où est passé l’argent ? Plus de 1000 milliards empruntés pour ériger des stades finalement construits en pré fabriqué. Ce faisant, ils ont créé plus d’emplois en Italie et en Turquie qu’au Cameroun…
Le Port de Kribi, les barrages (Memve’ele, Mekin, Lom Pangar), les autoroutes (Douala-Yaoundé, Nsimalen-Yaoundé), etc. En résumé : non seulement ces projets sont mort-nés mais au fil des remboursements ils deviennent une charge qui va retarder le développement de tout le pays. Qui paiera l’addition ?
Questions rhétoriques certes mais auxquelles ces Messieurs des Finances pourraient enfin esquisser un début de réponse.
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