Crise Anglophone. Maurice Kamto se prononce sur l'enlèvement de Roland Ewane le sous préfet d'Idabato

cameroun24.net Mercredi le 20 Novembre 2024 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun apporte son soutien à la famille et presse les autorités camerounaises d'agir en faveur de sa libération.



DECLARATION SUR LE TRISTE SORT DU SOUS PREFET D'IDABATO, M. EWANE ROLAND :  CEUX QUI NOUS DIRIGENT ONT-ILS UN CŒUR ?

Dans la nuit du 1er au 2 octobre 2024, vers 2 heures, le Sous-préfet de l'arrondissement d'IDABATO, M. Roland EWANE, a été enlevé par des assaillants armés et amené vers une destination inconnue.
Par respect pour la douleur de sa famille, et dans l'espoir que les représentants de l'État feraient le nécessaire pour le localiser, entrer en contact avec ses ravisseurs pour négocier sa libération à défaut de pouvoir procéder autrement, et prennent attache avec sa famille pour accompagner celle-ci et la rassurer dans cette épreuve, je me suis abstenu de toute prise de parole à ce sujet.
Plus d'un mois et demi après, et face à des informations en circulation, je suis obligé de rompre le silence que je m'étais imposé dans cette affaire très délicate.
Ceux qui nous dirigent ont-ils un cœur ?
Un représentant du Président de la République, le Sous-préfet EWANE, a été enlevé de son territoire de commandement, dans l'exercice de ses fonctions, et près de deux mois après, le Président de la République reste étrangement silencieux, comme s'il n'était en rien concerné par le sort de son représentant pourtant enlevé dans l'exercice de ses fonctions. Faut-il rappeler que le Sous-préfet Roland EWANE exerçait dans une zone en guerre où le simple fait pour un fonctionnaire de prendre service est en soi un acte de bravoure et de don de soi à la République ? Depuis son retour au Cameroun, le Président de la République a bien pu recevoir l'Ambassadeur du Gabon en fin de séjour, et ces jours-ci, un envoyé du Vatican, mais n'a pas trouvé une minute pour envoyer un mot à la famille du Sous-préfet enlevé, ni recevoir son épouse en détresse.
Il gouverne donc qui et est Président de qui ou pour qui, si ce n'est pour les Camerounais, des êtres humains, dont font partie les membres de la famille du Sous-préfet Roland EWANE aujourd'hui plongée dans une détresse indescriptible ? Quel message le Président de la République envoie-t-il aux fonctionnaires et autres serviteurs de l'État qui, eux aussi, pourraient se retrouver dans la situation du Sous-préfet Roland EWANE ? On ne gouverne ni par l'émotion, ni par l'indifférence à l'égard de ceux qui sont placés sous votre autorité, qui ont placé leur confiance dans l'institution que vous incarnez et qui croient pouvoir trouver sous votre autorité la protection nécessaire. Un bon gouvernement des humains repose sur une combinaison de la raison et de la compassion. Dans quel autre pays au monde un représentant de l'État, et de surcroît du Président de la République, peut-il être enlevé et torturé par ses ravisseurs sans que cela n'émeuve le Chef de l'État ? Sans qu'il ne mobilise ses compatriotes dans un élan de compassion nationale et de solidarité envers la famille de la victime ?
Que dire de la sortie hallucinante du Gouverneur de la Région du Sud-Ouest au lendemain de cet enlèvement, lui qui, de façon désinvolte, devant les caméras, menaçait les ravisseurs et les populations d'un pays frère de représailles si après 72 heures le Sous-préfet Roland EWANE n'était pas libéré ?
Il s'agit là d'un amateurisme affligeant de la part des gens supposés assumer de hautes responsabilités.
Dans des informations en circulation, on découvre que le pire était à venir après la maladresse de l'autorité administrative. L'épouse du Sous-préfet informe que faute pour la famille de ce dernier d'avoir jusqu'ici été associée aux actions éventuellement menées pour sa libération, malgré les images insoutenables de tortures du malheureux Sous-préfet, elle a pris l'initiative d'aller rencontrer le Gouverneur du Sud-Ouest ; et que tout ce que la hiérarchie de son époux a trouvé à lui dire, c'est de rester calme et de prier.
Puis, que cherchant meilleure écoute et surtout empathie ailleurs, elle a fait le déplacement de Yaoundé dans l'espoir de rencontrer Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement. Mais que, malheureusement, le Premier Ministre, très occupé, n'a pas trouvé le moindre instant à lui consacrer. Elle s'est contentée de l'audience que lui a accordée un fonctionnaire, au nom du Premier Ministre, et qui, comme le Gouverneur du Sud-Ouest rencontré avant, lui a également demandé de rester calme et de prier beaucoup.
Cette attitude du Premier Ministre est aussi inhumaine que le silence méprisant du Président de la République, devant la tragédie qui a frappé le Sous-préfet Roland EWANE et la détresse dans laquelle elle plonge sa famille, dans une zone où ni le Président de République, ni le Premier Ministre, malgré le niveau très élevé de sécurité dont ils bénéficient respectivement, n'ont jamais osé effectuer une visite depuis le début de la guerre civile que le Gouvernement laisse perdurer inutilement.
La conclusion de tout ceci est que l'État est désormais réduit à la seule fonction répressive de ceux qu'on nomme avec mépris "les opposants".
Aux dernières nouvelles, des rumeurs persistantes font état de l'assassinat de ce serviteur de l'État. Si cette nouvelle affligeante venait à se confirmer, ce que personne ne peut souhaiter, ce serait une faute lourde pour le Président de la République, pour le Premier Ministre, le Ministre de l'Administration Territoriale, aphone sur le sujet, et pour le Gouverneur de la Région du Sud-Ouest.
Je souhaite vivement que cette rumeur soit fausse.
En mon nom personnel et au nom des militantes et militants du MRC, je souhaite envoyer à l'épouse du Sous-préfet Roland EWANE, à ses enfants et à leur famille mes sentiments de solidarité, de soutien et de compassion dans cette épreuve inhumaine.
Je voudrais le redire : on ne cherche pas à diriger les gens si on ne les aime pas.

Yaoundé, le 19 novembre 2024
Maurice KAMTO Président National du MRC



STATEMENT ON THE SAD FATE OF THE SUB-PREFECT OF IDABATO, MR ROLAND EWANE: DO THOSE WHO LEAD US HAVE A HEART?


On the night of 1 to 2 October 2024, at around 2 a.m., the Sub-Prefect of the IDABATO district, Mr Roland EWANE, was kidnapped by armed assailants and taken to an unknown destination.
Out of respect for his family's grief, and in the hope that the representatives of the State would do what was necessary to locate him, contact his kidnappers to negotiate his release if they were unable to do otherwise, and contact his family to support them and reassure them of their ordeal, I refrained from speaking on the subject.
More than a month and a half later, and in view of the information that is circulating, I am obliged to break my self-imposed silence on this very sensitive issue.
Do our leaders have a heart?
A representative of the President of the Republic, Sub-Prefect Ewane, was abducted from his area of command, in the performance of his duties, and almost two months later, the President of the Republic remains strangely silent, as if he were in no way concerned by the fate of his representative, who was abducted in the exercise of his functions. Need we remind you that Sub-Prefect Roland Ewane was working in a war zone where the mere fact that a civil servant is on duty is in itself an act of bravery and self-sacrifice to the Republic? Since his return to Cameroon, the President of the Republic has been able to receive the Gabonese Ambassador at the end of his stay, and these days, an envoy from the Vatican, but has not found a minute to send a word to the family of the kidnapped sub-prefect, nor to receive his distressed wife.
So who is he governing, and for whom or for whom is he President, if not for Cameroonians, human beings, including the members of the family of Sub-Prefect Roland Ewane, who are now in indescribable distress? What message is the President of the Republic sending to civil servants and other servants of the State who may also find themselves in the situation of Sub-Prefect Roland Ewane? You cannot govern by emotion, or by indifference towards those who are placed under your authority, who have placed their trust in the institution that you embody, and who believe that they can find the necessary protection under your authority. Good human government is based on a combination of reason and compassion. In what other country in the world can a representative of the State, and moreover of the President of the Republic, be kidnapped and tortured by his captors without the Head of State being moved? Without him mobilising his compatriots in an outpouring of national compassion and solidarity with the victim's family?
What can we say about the astonishing statement made by the Governor of the South West Region the day after the kidnapping, when he casually threatened the kidnappers and the people of a sister country with reprisals if Sub-Prefect Roland Ewane was not released within 72 hours?
This is appalling amateurism on the part of people who are supposed to hold high office.
In reports circulating, we discover that the worst was yet to come after the clumsiness of the administrative authority. The wife of the sub-prefect says that because the sub-prefect's family has not yet been involved in any action taken to secure his release, despite the unbearable images of the torture of the unfortunate sub-prefect, she took the initiative of going to meet the Governor of the South-West; and that all her husband's superiors had to say to her was to remain calm and pray.
Then, looking for a better listening ear and, above all, empathy elsewhere, she travelled to Yaoundé in the hope of meeting the Prime Minister, Head of Government. Unfortunately, the Prime Minister was very busy and could not spare a moment for her. She made do with the audience granted to her by an official, on behalf of the Prime Minister, who, like the Governor of the South-West whom she had met earlier, also asked her to remain calm and to pray a lot.
This attitude on the part of the Prime Minister is as inhumane as the contemptuous silence of the President of the Republic in the face of the tragedy that has struck Sub-Prefect Roland Ewane and the distress into which it has plunged his family, in an area where neither the President of the Republic nor the Prime Minister, despite the very high level of security they respectively enjoy, have ever dared to pay a visit since the start of the civil war that the Government is needlessly allowing to drag on.
The conclusion of all this is that the State is now reduced to the sole function of repressing those who are contemptuously called ‘opponents’.
According to the latest news, there are persistent rumours of the assassination of this servant of the State. If this distressing news were to be confirmed, which no one could wish, it would be a serious mistake for the President of the Republic, for the Prime Minister, for the Minister of Territorial Administration, who is silent on the subject, and for the Governor of the South-West Region.
I sincerely hope that this rumour is false.
On my own behalf and on behalf of the militants of the CRM, I wish to send to the wife of Sub-Prefect Roland Ewane, to his children and to their family my feelings of solidarity, support and compassion in this inhuman ordeal.
I would like to say it again: you don't try to lead people if you don't love them.


Yaounde, 19 November 2024
Maurice KAMTO National President of the CRM

 

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