Cameroun - Politique. Nouveau siège de l’Assemblée Nationale : la tribune poignante d’un ingénieur camerounais de 72 ans

cameroun24.net Vendredi le 18 Avril 2025 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Visiblement ému après sa visite du nouvel immeuble de l’Assemblée nationale du Cameroun, Emmanuel Mukam, ingénieur civil de formation et entrepreneur aguerri du secteur BTP, a livré une tribune forte et sans détour que cameroun24 a pu consulter.

Dans ce cri de cœur adressé aux gouvernants, il interroge la place du génie camerounais dans les grandes réalisations nationales.

« L’architecture est belle, le professionnalisme est au top. Dommage, c’est construit par le peuple chinois pour le peuple camerounais », regrette le polytechnicien, formé au Cameroun, avec 48 ans d’expérience dans le génie civil et 40 ans dans l’entrepreneuriat en BTP.

Pour lui, cette situation est le symbole d’un échec collectif, celui d’un pays qui, malgré plus de 50 ans de formation d’ingénieurs sur son sol, continue de confier ses plus grands chantiers à des entreprises étrangères.

    « Nous devrions avoir honte », martèle-t-il. « La seule volonté politique réelle peut créer des capitaines d’industrie. »

Il cite en exemple les géants Bouygues, Huawei, Google, Tata ou encore Dangote, nés d’une vision nationale forte, soutenue et assumée. À l’inverse, au Cameroun, déplore-t-il, les entreprises locales ne tirent aucun profit structurel des grands projets.

    « En 10 ans, notre pays a construit 4 barrages hydroélectriques. Aucune entreprise ne s’est enrichie de cette expérience ! Il y a 25 ans, on pose 1000 km de pipeline : aucune entreprise nationale. »

Et son propre parcours est éloquent : de chef chantier au Sawa Novotel en 1978 à la livraison du siège d’Afriland First Bank, en passant par la construction de centrales électriques à Mvomeka, Bertoua, Bafoussam ou encore des écoles japonaises au Cameroun, M. Mukam est un acteur majeur de l’ingénierie nationale. Pourtant, en 2020, l’extension de la Direction Générale des Impôts – dont il avait construit le bâtiment initial en 1985 – est confiée… à une entreprise chinoise.

    « Je me sens abusé, et même trahi par ma chère patrie. »

Dans cette tribune à la fois lucide, amère et engagée, Emmanuel Mukam appelle à une véritable politique industrielle nationale. Il exhorte les autorités à croire au génie camerounais, à l’encadrer, à le soutenir et à l’accompagner vers l’excellence.

    « Oui, les Camerounais peuvent bâtir eux-mêmes leur pays, si la volonté politique les accompagne. »
 


Cameroon’s National Assembly Building: A Veteran Engineer’s Powerful Open Letter

After visiting the new National Assembly building in Yaoundé, veteran Cameroonian civil engineer Emmanuel Mukam shared a deeply emotional and thought-provoking letter to the nation. At 72, with nearly five decades of experience, he questions the absence of local expertise in national projects.

    “The architecture is beautiful, the professionalism is top-notch. But sadly, it was built by the Chinese people for the Cameroonian people,”
Mukam laments.

More than 65 years after independence, and over 50 years since Cameroon began training civil engineers locally, Mukam sees it as a national disgrace that such a flagship building still had to be outsourced.

    “We should be ashamed,” he writes. “Only strong political will can create true industrial champions. That’s what patriotic and nationalist leaders are doing around the world.”

He cites examples like Bouygues, Huawei, Google, Tata, Dangote, and Total — all built and backed by their nations with a clear vision to conquer global markets. In Cameroon, however, Mukam observes that local firms are sidelined in favor of foreign contractors — even after massive infrastructure projects.

    “In 10 years, we’ve built 4 hydroelectric dams — not a single local company benefitted. 25 years ago, 1,000 kilometers of pipeline were laid — again, no Cameroonian firm involved.”

Mukam’s personal record is impressive: from site chief at the Sawa Novotel in 1978 to key engineer on projects like HEVECAM Nyété, Cellcam Edea, the Directorate of Taxes, and the creation of CACOCO BTP, which executed major works across Cameroon and beyond — in Chad, Equatorial Guinea, and Mali.

And yet, in 2020, when it came time to expand the Directorate of Taxes he had originally built in 1985, the government turned to Chinese contractors.

    “I feel betrayed by my own country.”

His letter is not just a personal outcry, but a rallying call to the nation’s policymakers:

    “How can we transform a people like ours into 30 million mere digestive tubes? We must urgently rethink our development policy.”

Mukam believes that with political will, Cameroonians can not only build their own country, but thrive doing so. His message is clear:

    “Yes, Cameroonians can build their own country — if they’re supported by strong political leadership.”

Ange NGO

 

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