Education. Une prestigieuse université chinoise à caractère scientifique supprime les tests d’anglais
La prestigieuse université chinoise Jiaotong de Xi’an a décidé de supprimer les tests d’anglais pour l’admission de nouveaux étudiants ainsi que pour l’obtention de diplômes.
Loin d’être isolée, cette décision s’inscrit dans le cadre d’un vaste mouvement international de remise en cause de la présence de la langue anglaise, porté notamment par des puissances émergentes membres des BRICS, soucieuses de défendre au mieux leurs intérêts économiques et géopolitiques, en contrant l’influence anglo-saxonne à travers une politique de dédollarisation et de désanglicisation. Le vaste monde francophone devrait donc s’en inspirer, d’autant plus que la langue française, porteuse de valeurs, est plus favorable au développement économique et social, comme le démontre l’Afrique francophone, ou encore le Québec.
Chose passée presque inaperçue, l’université Jiaotong de la ville de Xi’an, grande mégalopole de 12 millions d’habitants et une des anciennes capitales de la Chine, a annoncé en septembre 2023, donc au moment de la rentrée universitaire de l’année dernière, sa décision de supprimer les tests d’anglais pour toute nouvelle admission ainsi que pour l’obtention de diplômes. Cette prestigieuse université à caractère scientifique, poids lourds de la recherche publique, fondée en 1896 et accueillant près de 60 000 étudiants, est donc le premier établissement universitaire chinois de grande envergure à prendre cette mesure, qui avait déjà été prise au cours des quelques dernières années par de nombreux établissements de moindre importance.
Chine, Russie, Québec et même Pays-Bas : des politiques d’effacement de l’anglais qui se multiplient
Ces initiatives de suppression de l’anglais en Chine sont clairement encouragées par les autorités politiques du pays, qui ont parfaitement compris que la promotion de la langue anglaise était contraire aux intérêts supérieurs nationaux, en ne faisant que contribuer au renforcement de l’hégémonie anglo-saxonne, et en particulier américaine (la langue étant un important vecteur d’influence culturelle, économique et in fine géopolitique). Ainsi, de nombreux responsables et élus demandent régulièrement la suppression de l’anglais comme matières principale pour les écoles primaires et secondaires, tout en insistant sur l’inutilité de la généralisation de la langue anglaise, comme ce fut encore le cas début 2023 lorsqu’un député avait déclaré que la maîtrise de l’anglais avait « peu de valeur pratique pour de nombreuses personnes ».
Grâce à cette prise de conscience, de nombreux établissements scolaires ont décidé de suivre ces recommandations, et même parfois des villes entières, et non des moindres, comme celle de Shanghai, capitale économique du pays et grande mégalopole d’importance mondiale, qui a décidé en juin 2021 d’interdire les examens d’anglais dans toutes les écoles primaires de son vaste territoire. Une décision prise peu de temps après qu’un haut responsable du parti au pouvoir ait publiquement déclaré qu’environ 10 % seulement des élèves auraient réellement besoin de la langue anglaise dans leur vie.
Pourtant, les jeunes chinois sont déjà loin de briller par leur maîtrise de la langue anglaise, comme le démontre le dernier classement international publié en 2023 par l’organisme EF Education (une référence en la matière), et dans lequel la Chine n’occupe que la 82e place mondiale. Une position qui la met à peu près au même niveau que le Japon (87e, et lui aussi grande puissance économique et exportatrice), mais très loin derrière les pays européens fortement anglicisés, comme l’Allemagne (10e) et la France (43e), et même derrière les pays du Maghreb, comme la Tunisie, premier pays du monde arabe (63e).
De plus en plus nombreuses, ces différentes initiatives locales s’ajoutent à des mesures prises au niveau national et visant à réduire l’influence culturelle anglo-saxonne, comme celle instaurant des quotas sur les films étrangers. En effet, la Chine n’autorise désormais qu’un nombre limité de longs métrages étrangers (34 actuellement), tout en permettant un accès sans restrictions aux films produits en collaboration avec des sociétés chinoises. Une mesure audacieuse, qui a permis l’émergence d’une puissante industrie cinématographique nationale au cours de la dernière décennie, et dont le monde francophone devrait collectivement s’inspirer…
De son côté, la Russie, puissance également membre des BRICS, n’est pas restée à l’écart de ce mouvement, en prenant récemment un certain nombre de mesures visant à effacer l’anglais de l’espace public, sous l’impulsion des plus hautes autorités du pays, comme le président de la Douma (l’Assemblée nationale russe), qui a déclaré en mai 2023 : « l’anglais est une langue morte, c’est du passé ». Ainsi, une nouvelle loi est entrée en vigueur en mars 2023 pour interdire l’utilisation de mots en langue étrangère dans les médias, l’administration, la culture et la politique, à l’exception de ceux n’ayant pas encore d’équivalent en langue russe. Une interdiction avec effet rétroactif, puisque tous les documents déjà émis par les organismes œuvrant dans ces secteurs devront être mis à jour au plus tard d’ici au 1er janvier 2025.
Autre exemple, l’anglais est désormais interdit dans les nouvelles stations de métro de la ville de Moscou, plus grande ville d’Europe avec son agglomération d’au moins 13 millions d’habitants, et ses nombreux touristes étrangers. Une interdiction que l’on peut notamment constater dans la toute nouvelle station Potapovo, ouverte au public le 5 septembre dernier, et où l’anglais est totalement absent de l’affichage. Par ailleurs, cette suppression concerne également tout nouvel affichage dans les stations de métro déjà existantes. Comme en Chine, ce vaste mouvement commence également à concerner les milieux universitaires, et notamment le prestigieux Institut de physique et de technologie de Moscou, qui envisage de rendre obligatoire l’apprentissage du chinois, en rappelant notamment que 27 % des articles scientifiques publiés par cet établissement le sont déjà dans cette langue (ou plus exactement en mandarin).
Ces différentes mesures prises en Chine, en Russie, ou encore en Inde (ou certaines universités ont récemment commencé à remplacer l’anglais par une langue locale, et en particulier le hindi, parlé à lui seul par quelques centaines de millions de personnes), concerne également quelques pays et territoires occidentaux comme le Québec, et, plus étonnamment, les très anglophiles Pays-Bas. En effet, le Québec a récemment voté une loi, entrée en vigueur en juin 2022 et rendant obligatoire l’utilisation et la prépondérance du français dans l’espace public et au sein des entreprises de ce vaste territoire, grand comme près de trois fois la France.
Ainsi, et en vertu de cette loi, dénommée « Loi sur la langue officielle est commune du Québec, le français », et plus communément appelée « Loi 96 », la langue française devient notamment obligatoire dans les communications internes au sein des entreprises, et dans leurs rapports avec l’administration publique et la clientèle (avec notamment la prédominance de la langue française dans toute affichage commercial). De même, cette loi supprime également l’anglais dans les relations entre l’administration et les immigrés, six mois après leur installation sur le territoire. En effet, les immigrants non francophones, qui constituent environ un tiers du total des nouveaux arrivants (la priorité étant déjà donnée aux francophones), avaient jusqu’à présent la possibilité de recevoir indéfiniment des services publics en langue anglaise. Enfin, cette loi instaure également un plafond pour le nombre d’étudiants étrangers pouvant être admis au premier cycle de l’enseignement supérieur au sein des deux universités anglophones publiques du Québec, à l’origine construites pour la minorité anglophone de la province, de sorte que ces établissements ne pourront désormais pas recevoir davantage d’étudiants, au total (ensemble, et étudiants canadiens anglophones et étrangers confondus), que ce qu’elles recevaient lors de la préparation de la loi 96, soit actuellement 17 %, au maximum, de l’ensemble des étudiants admis au Québec. Un taux qui baissera donc d’année en année, compte tenu du développement continu des universités francophones de la province.
Quant aux Pays-Bas, se sont non moins de 14 universités qui ont annoncé en février dernier leur décision de remplacer partiellement ou totalement l’anglais par le néerlandais dans les cours destinés aux étudiants, et de mettre ainsi un terme à la prolifération des filières en langue anglaise. Une décision historique, encouragée également par les pouvoirs publics qui préparent, d’ailleurs, une loi visant à interdire aux établissements universitaires de dispenser en langue étrangère plus d’un tiers des cours en licence.
Cette décision constitue ainsi un changement de cap spectaculaire de la part des responsables politiques et universitaires du pays, qui avaient auparavant grandement encouragé, et surtout depuis le Brexit, le développement de filières en anglais afin d’attirer un grand nombre d’étudiants étrangers (notamment ceux qui planifiaient de se rendre au Royaume-Uni), dans l’espoir qu’une partie non négligeable d’entre eux finisse par s’installer dans le pays à la fin de leurs études, afin de combler le déficit en main-d’œuvre qualifiée. Cependant, les études ont démontré l’inefficacité et l’inutilité de cette politique d’anglicisation, puisqu’environ 85 % des étudiants étrangers n’ayant pas le néerlandais pour langue maternelle (soit les étudiants non belges flamands, surinamiens ou afrikaners d’Afrique du Sud), quittaient les Pays-Bas au terme de leurs études, faute d’avoir eu besoin d’apprendre le néerlandais… et après avoir contribué à le marginaliser dans un certain nombre de quartiers.
Le monde francophone ne doit plus faire preuve de naïveté
La langue étant un important vecteur d’influence culturelle, économique et géopolitique, de plus en plus de pays commencent donc à comprendre que la défense de leurs intérêts supérieurs ne peut se faire en contribuant, involontairement, au maintien et au renforcement de l’hégémonie culturelle anglo-saxonne, et en particulier américaine, à travers la généralisation de l’usage la langue anglaise. Une langue que l’on pourrait peut-être même considérer comme un frein au développement, comme semble l’illustrer la comparaison édifiante entre l’Inde et la Chine. En effet, et alors que ces deux pays frontaliers ont aujourd’hui le même niveau de population (1,4 milliard d’habitants chacun), la Chine est devenue une grande puissance économique mondiale, tandis que l’Inde anglophone est toujours un pays globalement assez pauvre, avec un PIB nominal cinq fois inférieur à celui de la Chine (3 550 milliards de dollars en 2023, contre 17 795 milliards, selon la Banque mondiale). En d’autres termes, il faut non moins de cinq Indiens anglophones pour obtenir le poids économique d’un seul et unique Chinois…
Un constat que l’on peut également dresser sur le continent africain, où la partie francophone est globalement la partie la plus dynamique économiquement, et dont la langue française véhicule une certaine conception des relations humaines et un certain nombre de valeurs, qui la distinguent de la langue anglaise. À titre d’exemple, le français est globalement synonyme de recul des inégalités sociales, de la violence, des extrémismes religieux et des communautarismes, ainsi que d’un plus grand respect de la diversité des opinions. Ainsi, force est de constater que seuls deux pays francophones font partie des vingt pays les plus inégalitaires au monde, selon les dernières données disponibles auprès de la Banque mondiale et relatives à l’indice de Gini (le premier pays francophone n’arrivant d’ailleurs qu’en douzième position). Dans le même temps, huit pays anglophones font partie de ces vingt pays les plus inégalitaires, de même que six pays hispanophones. Et sur le continent africain, seuls deux pays francophones font partie des dix pays les plus inégalitaires, et se classant seulement à partir de la neuvième place. Une réalité aux conséquences multiples, notamment sur les niveaux de violence et de criminalité, comme l’atteste le nombre d’homicides globalement plus élevé dans les pays anglophones, dont certains enregistrent quelques dizaines de milliers d’homicides par année (ce qui signifie un surcroît global de mortalité dans les pays anglophones, soit un coût humain annuel de plusieurs milliers de vies, voire même de quelques centaines de milliers au niveau mondial). Par ailleurs, il convient de constater que l’Afrique francophone est globalement et historiquement la partie la moins touchée par les conflits, comme on le voit actuellement au Soudan (où la guerre civile a déjà fait, en une seule année, plus de victimes que les troubles observés dans toute l’Afrique de l’Ouest francophone depuis les indépendances, il y a plus de 60 ans), ou encore comme on l’a vu très récemment en Éthiopie, avec la guerre civile achevée en novembre 2022 (qui, avec environ 600 000 morts, a fait bien plus de victimes en seulement deux années qu’il n’y en a eu dans toutes les anciennes colonies françaises d’Afrique subsaharienne depuis leur indépendance, également !).
Quant à l’extrémisme et à l’obscurantisme religieux, il est intéressant de noter que les premiers pays au monde à avoir interdit totalement ou partiellement le port du voile intégral, ou niqab, étaient des pays et territoires francophones (France, Belgique, Congo, Tchad, pays du Maghreb, Québec…), suivis ensuite par des pays et territoires francophonophiles (où l’apprentissage du français est obligatoire ou largement répandu). Ces pays ont ainsi ouvert la voie à d’autres par la suite, mais à l’exception notable des pays anglophones, demeurés hermétiques et contribuant ainsi à normaliser et à favoriser l’expansion de cette pratique n’ayant rien à voir avec l’islam, et nuisant considérablement à l’image et aux intérêts de tous les musulmans à travers le monde. Enfin, l’observation des régimes politiques dans les différents pays africains, permet de constater que les plus totalitaires et les plus étouffants d’entre eux se trouvent dans des pays anglophones (Égypte, Érythrée, Eswatini, Ouganda et bien sûr Rwanda, qui, de plus, est le seul pays au monde qui pille les richesses d’un pays voisin - la RDC, et de surcroît à grande échelle et grâce à une féroce protection anglo-saxonne).
Parallèlement à ces valeurs concrètes, dont l’impact économique et social est non négligeable, l’Afrique francophone, bien plus étendue que ce qu’indiquent la plupart des cartes géographiques en circulation (qui divisent par deux ou trois la taille du continent africain), est justement la partie globalement la plus dynamique économiquement du continent, la plus industrialisée, la moins touchée par l’inflation et la moins endettée. En effet, l’Afrique subsaharienne francophone, vaste ensemble de 22 pays, a réalisé en 2023 le niveau de croissance économique le plus élevé d’Afrique subsaharienne pour la dixième année consécutive et la onzième fois en douze ans (avec une croissance annuelle de 3,9 % sur la période décennale 2014-2023, contre seulement 2,0 % pour le reste de l’Afrique subsaharienne), tout en enregistrant une bien plus faible inflation (4,1 % sur la dernière décennie, contre 17,2 %), et un endettement davantage maîtrisé (51,3 % du PIB en 2023, contre 67,1 %, et avec seulement deux pays francophones parmi les dix pays les plus endettés). Une différence que l’on observe également en Afrique du Nord, avec des niveaux d’inflation et d’endettement bien plus faibles dans les pays francophones du Maghreb qu’en Égypte.
Ce dynamisme s’est notamment traduit par le fait que la Côte d’Ivoire a réussi l’exploit de devenir le pays le plus riche de toute l’Afrique de l’Ouest continentale, malgré une production pétrolière environ 50 fois inférieure à celle du Nigeria au cours de la dernière décennie, et des productions pétrolière et aurifère également très faibles en comparaison avec celles du Ghana voisin. Un dynamisme supérieur que l’on observe également au Sénégal et au Cameroun, qui viennent eux aussi, en 2023, de dépasser le Nigeria en PIB par habitant, en dépit d’une production pétrolière 20 fois moindre pour le Cameroun au cours de cette même décennie, et tout simplement inexistante au Sénégal. Par ailleurs, il est à noter que l’Algérie devrait dépasser cette année le Nigeria en termes de PIB nominal, malgré une population quatre fois inférieure, et que le Bénin devrait également passer devant en matière de PIB par habitant.
De même, cette vitalité économique francophone se manifeste à travers le nombre d’entreprises présentes parmi les 500 plus grandes entreprises du continent. En effet, et dans son édition de 2023, le classement publié par le magazine Jeune Afrique indiquait la présence de non moins de 56 entreprises marocaines parmi les 500 plus importantes du continent en 2021, contre seulement 46 pour l’Égypte, pourtant trois fois plus peuplée, et qui devrait donc être considérablement mieux représentée. De même, la Tunisie, qui, comme le Maroc se place régulièrement aux premières places continentales en matière d’innovation et de compétitivité, était représentée par non moins de 21 entreprises, malgré ses 11 millions d’habitants seulement. Un classement qui avait également mis en évidence la montée en puissance de la Côte d’Ivoire, qui avec ses 27 entreprises faisait pratiquement jeu égal avec le Nigeria (31) malgré une population bien inférieure (près de 30 millions d’habitants en 2021, mais ayant tout de même été multipliée par huit depuis 1960, soit la plus forte progression d’Afrique de l’Ouest).
Ce dynamisme est également observable au Québec, vaste territoire devenu, à lui seul, un des cinq principaux pôles mondiaux de l’industrie aéronautique, de l’industrie des jeux vidéo et de celle des effets spéciaux cinématographiques, et qui affiche souvent le taux de chômage le plus faible du Canada (5,1 % en mai 2024, contre 6,2 % pour la moyenne canadienne, et 6,7 % pour l’Ontario). Une excellence, qui s’accompagne, par ailleurs, d’un niveau élevé de sécurité, et faisant de cette province celle qui affiche régulièrement le taux de criminalité le plus faible de l’ensemble du Canada, près de deux fois inférieur à celui du reste anglophone du pays.
Le Canada francophone démontre ainsi que l‘immigration africaine, arabe ou latino-américaine peut être source de réelle plus-value, dès lors que certaines conditions sont respectées en amont et en aval. En effet, il convient de rappeler que le Québec accorde la priorité aux immigrants des pays francophones et d’Amérique latine, et ce, contrairement au Canada anglophone qui accorde la priorité à l’immigration asiatique, et demeure assez fermé à celle en provenance des autres pays du Sud. À titre d’exemple, les immigrants permanents originaires de pays arabes (essentiellement francophones pour le Québec) ont représenté 26,9 % de l’ensemble des immigrants permanents s’étant installés au Québec au cours de la période de cinq années allant de 2016 à 2020, et encore présents à la date du dernier recensement de la population canadienne, en 2021. Un taux considérablement supérieur à celui observé au Canada anglophone, où l’immigration originaire de pays arabes, essentiellement anglophones dans ce cas, n’a représenté que 11,4 % du total de l’immigration reçue sur la même période. Il en est de même pour l’immigration en provenance d’Afrique subsaharienne, qui a représenté 18,6 % du total selon les mêmes critères (contre 10,6 % pour le Canada anglophone), et pour celle en provenance des pays d’Amérique latine (13 %, contre seulement 5 %).
Au nom de leurs intérêts supérieurs, économiques et géopolitiques, régionaux ou internationaux, les pays du monde francophone devraient donc promouvoir davantage la langue qu’ils ont en partage, en s’inspirant de la Chine, de la Russie ou encore du Québec, et en s’appuyant sur leur émergence démographique et économique. Si l’apprentissage d’une langue étrangère internationale est toujours source d’enrichissement, cela ne doit en aucun cas se traduire, pour les pays ayant déjà la chance d’avoir une langue internationale, par l’octroi d’une place importante à cette autre langue, et donc par une promotion disproportionnée de celle-ci, in fine certainement néfaste aux intérêts nationaux.
Ainsi, les pays francophones du Sud ne devraient plus se laisser influencer par la naïveté de la majorité des pays francophones du Nord, aux dangereuses conséquences, et notamment de la France, qui est pourtant la deuxième ou troisième puissance mondiale, avec la Chine, tous critères de puissance confondues (économie, capacités militaires, industrie spatiale, diplomatie, culture, ou encore géographie, avec son immense territoire maritime, le deuxième plus vaste au monde). Une grande puissance, particulièrement ciblée par les lobbies atlantistes et européistes, intimement liés (comme à travers l’Otan), qui œuvrent notamment et ardemment à angliciser la France et l’Union européenne, désormais zone la plus anglicisée au monde, allant jusqu’à les pousser à correspondre en langue anglaise avec les pays francophones du Sud (une aberration, que ces derniers, en se coordonnant, peuvent rejeter d’un simple claquement de doigts). Et ce, au service des intérêts des États-Unis, pour lesquels la vassalisation de l’Europe, et donc de ses importantes capacités économiques et militaires, revêt une importance cruciale dans le cadre des futurs conflits qui devraient les opposer à la Chine. Toutefois, cette stratégie ne peut réussir qu’en s’appuyant sur la faiblesse et/ou la naïveté de bon nombre de décideurs politiques et économiques européens, notamment français, et dont l’attitude représente un réel danger pour les pays et peuples du monde francophone, et un obstacle à l’émergence d’un monde multipolaire.
Ilyes Zouari
Président du CERMF (Centre d'étude et de réflexion sur le Monde francophone)
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