Cameroun - Politique. Cameroun: Le cœur de la démocratie bat dans la rue

cameroun24.net Mardi le 21 Mai 2019 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Comme du temps des combats de gladiateurs où le cœur de Rome battait dans le sable du Colysée, le cœur de la démocratie bat dans la rue écrit Richard Makon dans les colonnes du journal Mutations.

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Comme le sable du Colysée qui accueillait la sueur et le sang des gladiateurs, les hurlements des vainqueurs et les soupirs expiatoires des perdants agonisant sous les cris jouissifs de la foule exultant, la démocratie est rythmée par les mobilisations plurielles de la rue.

Un regard furtif sur le rétroviseur de l’histoire politique du monde témoigne de ce qu’aucune démocratie digne de ce nom ne s’est construite sans les expressions de la rue, sans ses turbulences et ses transpirations, sans la contestation, et en dehors des mobilisations diverses des peuples, prenant d’assaut la rue publique pour porter leur parole, parfois cacophonique, souvent hétéroclite et incoordonnée, mais toujours plurielle et légitime. La parole de leurs aspirations de changement et de progrès.

Toujours les peuples au fil des siècles, par delà le temps et l’espace, ont eu recours à la rue comme lieu et moyen d’expression, pour revendiquer une meilleure participation dans la gestion de la chose publique, pour une extension de l’espace des libertés et pour une réalisation effective du développement et de la démocratie.

Les récits de la construction des sociétés politiques démocratiques que nous étudions aujourd’hui, les Etats-Unis, le Canada et certains Etats européens entre autres, livrés qu’ils sont par la plume d’Etienne de La Boétie, Henri David Thoreau, John Stuart Mill et bien d’autres, racontent tous, au-delà des affrontements idéologiques entre forces progressistes et forces conservatoires, le rôle de la contestation en général, et des mobilisations de rue en particulier, dans l’accroissement du champ des libertés et l’avènement de la démocratie dans ces sociétés.

Même les ordres juridiques iniques de la majeure partie des sociétés africaines, en constitutionnalisant malgré eux les libertés d’expression, de réunion, de manifestation et le droit de grève, que ce soit par mimétisme politique et normatif ou par contraintes du contexte politique interne ou international, admettent ainsi en filigrane le rôle direct ou indirect, et la fonction imminent politique de la rue, figure politique sublime ainsi personnifiée, dans l’expression de la politique et des acteurs politiques, et dans la consolidation des institutions démocratiques.

Fort de ces considérations, portés par une audace hardie fort surprenante, les gouvernements africains, à travers la Charte Africaine de la Démocratie des Elections et de la Gouvernance (CADEG), iront jusqu’à consacrer la révolution politique populaire comme expression démocratique des plus abouties.

Comme l’Afrique, il est donc fort amusant de voir l’occident ‘‘démocratique’’ aujourd’hui aux prises avec ses propres contradictions. La France jaunie par des gilets redécouvre la force et le courage transgressif de cette rue, qui de l’autre côté de ses rives a poussé ‘‘démocratiquement’’ vers la sortie Bouteflika en Algérie, El-Béchir au Soudan, Compaoré au Burkina et bien d’autres avant eux, et beaucoup d’autres certainement dans les prochaines lunes.

Si l’Afrique veut s’entêter à inventer une démocratie sans opposition, qu’elle se prépare à subir la sanction de sa rue, et à la voir, se substituant aux partis politiques, devenir la seule figure politique authentique et la force sociale par excellence pouvant imposer un leadership de l’irrévérence et de la transgression. Alors Attention !

Il n’y a pas de démocratie possible sans expression de la rue, sans mobilisations du peuple souverain dans la rue, là où son pouvoir souverain s’exprime directement, sans médiateur ni interprète ni facilitateur, sans votation électorale ou référendaire, mais avec toute son autorité, toute son entièreté et toute son authenticité.

Aucune démocratie n’est possible avec une rue muselée, barricadée, militarisée, et ses expressions confinées à de simples inscriptions littérales, enrichissant les figures de styles contenues dans les textes de lois.

Ce pouvoir de la rue ne se limite pas à la participation des partis politiques et des organisations de la société civile aux défilés organisés par les gouvernants, mais s’exprime dans toutes les mobilisations sociales et les contestations politiques de toutes sortes.

La démocratie a besoin de la rue, et la rue a besoin d’un espace démocratique pour amplifier sa voix et élargir ses territoires d’expression. La démocratie s’enracine avec la rue et la rue féconde la démocratie.

La rue ne remplace pas les urnes certes, mais les urnes ne sont pas un obstacle à l’expression de la rue. Le plus souvent d’ailleurs la rue garantie l’expression la plus sincère des urnes. Il n’y a donc pas ici un rapport d’opposition, mais un rapport de complémentarité.

Le pouvoir politique gagnerait donc, non pas à interdire ses usages, mais à encadrer, à accompagner au besoin, ses expressions plurielles.

La rue elle-même, aussi souveraine soit-elle, à travers ceux qui ont vocation à l’occuper et à l’habiter, doit connaitre sa force, appréhender ses fonctions et comprendre son rôle éminemment politique, et investir le terrain de la responsabilité dans l’intérêt supérieur de la Nation !

Richard Makon
 

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