Lions indomptables. Cameroun - Emmanuel Kundé: «La finale de 86 (Egypte-Cameroun) m’est restée en travers de la gorge»

Angèle BEPEDE | Cameroon Tribune Lundi le 12 Aout 2013 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
A l'occasion de son jubilé le week-end dernier à yaoundé, CT est allé à la rencontre d'Emmanuel Kundé, ancien Lion indomptable qui revient sur sa carrière.

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Près de 25 ans après avoir raccroché les crampons, vous organisez enfin votre jubilé. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ?

Faire un jubilé prend du temps. Il faut des moyens et c’est un projet qu’il faut mûrir. Pourquoi pas maintenant ? Je pense qu’il n’y a pas de bon moment pour un jubilé. Qu’on l’organise le jour où on raccroche ou 20 ans plus tard, cela reste et demeure un jubilé. Cela fait pratiquement trois ans que je travaille sur ce projet. Il fallait attendre d’être prêt, trouver du temps pour pouvoir réunir les personnes que nous souhaitions avoir. En trois ans, il fallait prendre des contacts, tout réserver, savoir qui allait être là ou pas. Actuellement, je me sens bien, je suis content d’avoir rendu service à mon pays et je sais que le pays me le rendra également bien. Le moment était propice cette année, pour organiser ce jubilé. Je remercie d’ailleurs le directeur général de Camtel qui m’accompagne. Il va me manquer le plaisir de jouer, la ferveur populaire.


Cela fait 12 ans que vous ? loin du football camerounais. D’aucuns disent que vous fuyez le Cameroun.

C’est vrai que j’ai été entraîneur à US Bitam au Gabon puis directeur sportif de ce même club. Un poste que j’occupe jusqu’à présent. On ne va pas dire que je fuis le Cameroun. Cette saison, j’ai demandé une mise en disponibilité pour organiser mon jubilé. Il n’est pas exclu que je revienne au Cameroun la saison prochaine puisque j’ai quand même passé plus de 12 ans au Gabon. Maintenant, j’aimerais revenir entraîner ici. Ce sont les dirigeants du Gabon qui sont venus vers moi. Nous disputions une finale de coupe du Cameroun contre Dynamo et moi j’étais entraîneur. Après la finale, on a négocié, nous nous sommes entendus. Lorsque je partais, j’avais un pincement au cœur. A l’époque, je ne pouvais plus rester au Canon. Au Gabon, il y a eu une opportunité qui s’est présentée à un moment donné et je suis parti. S’il y en a une autre qui se présente cette fois du côté du Cameroun, je reviendrai.


Pendant votre carrière, quel a été votre meilleur souvenir ?

Comme pour beaucoup de mes coéquipiers, le meilleur souvenir de ma carrière, c’est la coupe du monde 1990. C’est le meilleur souvenir pour moi, mais aussi pour de nombreux Camerounais. Cette année-là, les émotions se vivaient en double. Impossible de décrire. Une équipe qui sort de nulle part, joue contre des pays très bien côtés, gagne ses rencontres, se qualifie pour le quart de finale. Ce pays, c’était le Cameroun, et ces Lions, c’était nous. Nous avons joué contre les meilleurs joueurs, nous avons été considérés comme exceptionnels parce que nous écrivions une page de l’histoire du football, du sport, mais surtout une page de l’histoire du Cameroun. Vous ne ressentirez pas dans quel état chacun des joueurs présents à ce Mondial était si l’on se limite à vous le décrire. C’était exaltant. Nous étions bien préparés, nous avions bien travaillé. Nous étions fiers d’aller au Mondial. Nous avons passé deux ou trois mois en Yougoslavie avant le début du Mondial. Cette année-là, nous avions une équipe solidaire, soudé malgré quelques tensions. Je dis merci à toute cette génération.
 

Emmanuel Kunde
Photo: © C. T.
 


Si on parle du meilleur on doit également évoquer le pire. Quel a été le pire souvenir de votre carrière ?

Je dirai sans hésiter Egypte-Cameroun en 1986. C’est la finale de la Coupe d’Afrique des Nations au Caire. Nous perdons aux tirs aux buts devant une équipe qui était à notre portée. Nous étions pourtant motivés puisque c’est la génération de 1984 qui a continué en 1986 Donc, les joueurs se connaissaient, il y avait une certaine dynamique entre nous et c’était formidable. Mais cette fameuse finale que nous perdons m’est restée en travers de la gorge jusqu’à présent. Nous avions de très bons joueurs mais avons réussi à perdre ce match que nous n’aurions jamais dû perdre. C’est triste, mais c’est le football.


Quel est le joueur qui restera à jamais dans votre mémoire ?

Paix à son âme, c’est Théophile Abéga. Il était LE joueur. C’était un joueur accompli, un meneur d’hommes. Nous l’aimions parce qu’il nous sortait des situations très compliquées. Sur le terrain, il savait galvaniser, remonter les bretelles. Il savait quels mots utiliser pour parler à ses coéquipiers. C’était un super footballeur, talentueux. Ce n’est pas pour rien que l’on l’appelait Monsieur le capitaine.


Aujourd’hui, lorsque vous regardez des matchs de football au Cameroun, que vous vient-il en esprit ?

Je suis choqué parce que je pense qu’on a beaucoup négligé le football à la base. Le Comité de normalisation et la future Fécafoot devront mettre l’accent sur la formation. Il faut former les jeunes. Je suis disposé à apporter mon expertise dans la formation. Il faut former. C’est impératif.


Vous parlez de formation mais que faut-il faire de façon précise ?

Je pense qu’il faut structurer, restructurer même les centres de formation existants. Les écoles doivent former les joueurs, revoir les méthodes de travail. On doit assurer le suivi des joueurs issus de ces centres. Et dans les centres, il faut former les joueurs pas pour les vendre immédiatement parce que les usages actuels veulent que, lorsque l’on forme, on veut directement vendre. On doit s’assurer d’avoir des joueurs performants. On doit retourner aux anciennes pratiques à savoir former, mettre dans les championnats scolaires, de vacances, des championnats de catégories inférieures pour être sûr des produits injectés dans les équipes. Canon, à l’époque, avait, outre l’équipe seniors et réserve, des équipes juniors, cadets. C’est pourquoi on pouvait voir un junior surclassé chez les seniors. Canon prenait d’abord les joueurs à Canon avant de regarder ailleurs.


Un conseil à vos cadets Lions indomptables ?

Dans un groupe, on peut avoir des frottements mais il faut apprendre à les taire. Je souhaite qu’ils apprennent à taire leurs querelles. Ils doivent continuer à travailler. Ils doivent mettre les intérêts du pays et du football en avant. Ils ont le talent mais ils le gâchent à travers des querelles rendues publiques aujourd’hui. Qui a dit que tout doit toujours être calme ou que tout est toujours calme ? Il y a toujours quelque chose qui ne va pas dans un groupe mais ce n’est pas pour autant que ces choses-là se retrouvent dans la rue. Ils doivent apprendre à se taire et à continuer de gagner.


Avez-vous des projets après ce jubilé ?

Actuellement, non. Je compte me reposer puis je crois que je vais me reconvertir dans l’entraînement. 

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