International. Cameroun - Services secrets: Kidnappings et meurtres d’Etat au menu

Edouard Kingue | Le Messager Mardi le 30 Septembre 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
De Moïse Tshombe, le Congolais à Ben Barka, le Marocain en passant par Cipriano Nguema Mba Mitoho l’Equato-guinéen, les kidnappings d’Etat viennent de s’enrichir de l’enlèvement-assassinat ( ?) de Guerandi Mbara, le Camerounais.

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La disparition de Guerandi Mbara Goulongo  est attribuée à la Direction générale de la recherche extérieure, un des démembrements des services secrets camerounais qui, si l’exécution extrajudiciaire de l’opposant camerounais –pourtant bénéficiaire de l’amnistie de1990 consécutif au putsch de 1984- est avérée, s’illustre de manière tragique depuis le démantèlement du sinistre Service de la documentation (Sedoc),  ancêtre de la Direction de la documentation (Dirdoc), remplacée au pied levé par le Centre national des études et de la recherche (Cener) qui a cédé place à la Direction générale pour le recherche extérieure (Dgre), à qui l’on a déjà imputé la mort du journaliste Bibi Ngota, il y a quelques années. Disparition des opposants suivie de leur assassinat, ce n’est donc pas une nouveauté en Afrique où les crimes d’Etat ont souvent défrayé la chronique.

Le cas Guerandi Mbara…embarrasse certes le gouvernement qui se mure dans un silence assourdissant, mais avant lui, Moïse Antonin Kapenda-Tshombe, était un homme politique congolais, enlevé à Alger le 30 juin 1967 et assassiné. Victime d’un ‘rapt en plein ciel’, son exécution jusqu’à ce jour repose sur les témoignages de quatre mercenaires belges et anglais. Après le soulèvement de gendarmes katangais à Kisangani, en juillet-septembre 1966, Tshombe, exilé à Madrid et déchu de son mandat parlementaire depuis le 19 mars 1966, fut jugé par contumace sous l’inculpation de haute trahison et d’atteinte à la sûreté extérieure et intérieure de la République congolaise. Tshombe évidemment n’était pas présent en personne devant le tribunal militaire d’exception de Kinshasa. Dans son exil, il est piégé par la perspective d’une affaire immobilière. Son avion est détourné en plein vol vers Alger. Dès l’atterrissage à l’aérodrome militaire de Boufarik, Tshombe est menotté. Il restera pendant deux ans prisonnier jusqu’à sa mort le 29 juin 1969. Si l’on pense que le président Mobutu est derrière ce drame, jusqu’à ce jour rien ne permet d’établir avec exactitude quelles organisations, quels personnages, quels services ont conçu et réalisé l’enlèvement de Moïse Tshombe. Et sa mort à 49 ans dans des circonstances suspectes et non élucidées.


Manu militari

Depuis janvier dernier, la diplomatie belge, sollicitée par la famille et l'avocat de l'intéressé, s'active pour obtenir des informations sur Cipriano Nguema Mba Mitoho, réfugié politique en Belgique depuis 2012 et opposant au président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema. Il aurait été enlevé le 23 décembre 2013 au Nigeria dans des conditions rocambolesques et transporté à bord d’un avion vers la Guinée. Parent éloigné du président, le lieutenant-colonel Nguema Mba a déjà été accusé en 2003, de complot et de détournement de fonds dans son pays, où il a exercé la fonction de payeur-percepteur de l'armée. Enlevé une première fois au Cameroun en 2008, il aurait subi des mois de tortures avant de parvenir à s'échapper en 2010. Bénéficiant en Belgique du statut de réfugié au titre de la Convention de Genève, M. Nguema séjournait semble-t-il pour affaires au Nigeria. Il y aurait subi une première tentative d'enlèvement le 12 décembre mais serait, selon son entourage, parvenu à s'enfuir du bateau qui devait l'emmener vers la Guinée équatoriale. A la suite de son rapt à Yaoundé, selon Rfi en 2008, les relations entre le Cameroun et la Guinée équatoriale s’étaient dégradées, car disait la radio, « deux policiers camerounais ont kidnappé à Yaoundé un opposant équato-guinéen, réfugié politique au Cameroun. Ces policiers camerounais, qui viennent d’être arrêtés, ont agi pour le compte des services de renseignements de Guinée-équatoriale. Ils auraient perçu 15 millions Fcfa pour cet enlèvement ».

Au Liberia, selon le rapport du groupe des experts sur le Liberia en date du 19 novembre 2013, " le gouvernement ivoirien avait envoyé au Ghana des agents chargés de kidnapper ou assassiner des partisans réfugiés du régime Gbagbo "

En mai 2013, après l'avènement du président Macky Sall aux affaires l'opposant gambien Mahawa Thiam, membre du Conseil national de transition gambien (Cntg, opposition en exil) piégé par les services de renseignements gambiens sur le territoire sénégalais, aurait été enlevé et conduit manu militari, sans nul doute vers son pays d'origine. Ce kidnapping qui ne dit pas son nom s'est déroulé, selon toujours nos sources, au nez et à la barbe des services de renseignements sénégalais. Très remonté, le chef de file de l'opposition gambienne en exil, Cheikh Sidya Bayo, n'a pas du tout apprécié ce qu’il qualifie de «passivité des autorités sénégalaises» dans cette affaire qui n'a pas encore livré tous ses secrets.

 
Affaire pendante

El Mehdi Ben Barka était l'un des principaux opposants socialistes au roi Hassan II et le chef de file du mouvement tiers-mondiste et panafricaniste. Le 29 octobre 1965, devant la brasserie Lipp à Paris, Ben Barka fut enlevé et son corps ne fut jamais retrouvé. Après près de 50 années d'une enquête judiciaire qui n'est toujours pas terminée, l'implication des pouvoirs politiques marocain et français dans cet enlèvement reste controversée. Représentant de l’aile gauche du principal parti marocain qu’il juge trop conservateur, il provoque une scission et fonde, en septembre 1959, l'Union nationale des forces populaires (UNFP), principal parti de gauche opposé au régime royal. Le futur Hassan II, ambitieux et aspirant à succéder au plus vite à son père Mohammed V, appelle à la répression contre la subversion (les forces de gauche). Ben Barka choisit de s'exiler à Paris.

À la mort de Mohammed V en 1961, Hassan II monte sur le trône et annonce vouloir faire la paix avec son principal opposant. Celui-ci rentre au Maroc en mai 1962. Le 16 novembre 1962, il échappe déjà à un attentat (accident de la circulation selon la version officielle alors que sa Volkswagen fut projetée dans un ravin par une voiture de police l'ayant doublé dans un virage) fomenté par les services secret. Il s'exile à nouveau, après être accusé de complot contre la monarchie, il est condamné à mort par contumace pour complot et tentative d'assassinat contre le roi. Il disparaitra peu après en France. Commence alors ‘l’affaire Ben Barka’.Une enquête judiciaire est déclenchée en France. 50 ans après, celle-ci reste toujours «pendante »…
 

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