Cameroun - Politique. Cameroun: Pour une République normale

cameroun24.net Lundi le 19 Novembre 2018 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L'éditorial de Georges Alain Boyomo, DP du quotidien Mutations

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Le chef de l’Etat a ordonné le recrutement spécial de 2000 enseignants titulaires du doctorat/Phd étalé sur une période de trois ans, à compter de l’exercice budgétaire 2019. Ce recrutement, sous réserve de sa conduite dans l’équité et la transparence, est, sans doute, une bouffée d’oxygène pour de nombreux jeunes diplômés chercheurs. Certes il ne résorbera pas le déficit abyssal en matière d’enseignants du Supérieur au Cameroun, mais il contribuera à l’essor de l’enseignement et de la recherche dans les universités camerounaises. L’université ayant vocation à mettre à la disposition de la Fonction publique et des entreprises une main d’œuvre qualifiée, on peut attendre des effets positifs de cette mesure présidentielle - conjuguée à d’autres touchant à la rémunération ou à l’amélioration du cadre de travail des universitaires - sur le chantier de l’émergence du pays.

Ces considérations évacuées, il convient de s’attarder, pour le regretter, sur une pratique désormais établie dans notre mode de gouvernance. Celle des « actions spéciales » ou des « actes exceptionnels » du chef de l’Etat, Paul Biya. Don spécial aux populations sinistrées du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, don spécial de 8700 valises aux pèlerins musulmans, don spécial de 500.000 ordinateurs pour un montant de 75 milliards Fcfa, don spécial d’un milliard Fcfa aux ayants droit des victimes de l’accident ferroviaire d’Eséka, don spécial aux victimes des inondations dans le Mayo-Danay (Extrême-Nord), don spécial de 48 millions Fcfa pour l’évacuation de l’ancien capitaine des Lions indomptables, Rigobert Song Bahanag, don spécial de 40 millions Fcfa à Gabriel Ebili, héros des évènements d’avril 1984, recrutement spécial de 25000 jeunes à la Fonction publique…, la liste est longue.

Ces actes de magnanimité qui sauvent des vies ne sont pas d’emblée à blâmer. Mais inscrits dans une politique budgétaire structurante et une vision au long cours, ces faits d’armes de Paul Biya auraient une meilleure résonance. Parce qu’impersonnelles, plus rationnelles et moins discriminatoires, ces actions prêteraient moins le flanc à la critique.

S’agissant de la dernière actualité, on comprend mal que dans une République normalement constituée, le recrutement des enseignants fasse l’objet d’un « acte spécial » du chef de l’Etat. Et que cela donne lieu à une scénographie tout aussi spéciale. Or, le fonctionnement normal d’une université commande qu’on recrute des enseignants chaque fois que le besoin se fait sentir, suivant des critères et procédures connus et lisibles. Si les universités camerounaises sont normales, alors elles doivent normalement s’astreindre à cette démarche de bon sens, sans attendre quelque mesure exceptionnelle du chef de l’Etat.

Autres curiosités : à quoi tient la générosité présidentielle à l’endroit des victimes des catastrophes, alors que la direction de la protection civile logée au Minat tire le diable par la queue et que le compte d’affectation dédié est approvisionné au lance-pierres ? Comment comprendre les perfusions présidentielles vis-à-vis des anciennes gloires du football alors qu’en définissant le statut de ceux-ci, les privilèges et les avantages auxquels ils ont naturellement droit, on ferait davantage œuvre utile ?

Vivement le retour à un fonctionnement normal, à une République normale ! Sauf à penser que le chef de l’Etat, pour sa gloire personnelle, tient à ce que son nom soit accolé aux actions de toutes les autorités, lesquelles sont chargées de traduire en actes la politique qu’il définit dans l’intérêt supérieur du peuple camerounais.

 

Georges Alain Boyomo

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