Crise Anglophone. Cameroun : Dialoguons !

cameroun24.net Lundi le 16 Septembre 2019 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L'Edito de Georges Alain Boyomo du lundi 16 septembre 2019 dans Mutations

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Pour ceux qui ont regardé le film documentaire « Mobutu Roi du Zaïre », la scène est restée mémorable. Devant une assistance nombreuse constituée notamment du gratin politique et diplomatique de Kinshasa, le chef de l’Etat du Zaïre (actuelle Rdc) annonce sur un ton aussi solennel que martial la fin du parti unique, et donc l’avènement du multipartisme ; 25 ans après son accession au pouvoir. Le silence se fait assourdissant dans la salle. On peut entendre une mouche voler jusqu’au moment où le « vieux léopard » marque un temps d’arrêt inattendu. Ses yeux sont embués de larmes et il laisse échapper ces mots : « Comprenez mon émotion ». Tonnerre d’applaudissements et chants louangeurs…

Paul Biya n’a pas la larme facile comme le Maréchal Mobutu, mais au cours de son message à la nation du 10 septembre 2019, le chef de l’Etat annonce, comme à regret, un « grand dialogue national ». Dans la fausse assurance qui caractérise le ton présidentiel dans cette séquence, qui intervient quasiment dans les cinq dernières minutes de son discours de 30 minutes, le président de la République, comme dans son message du 11 octobre 1991 annonçant la conférence tripartite, laisse prospérer en creux qu’il y est allé comme poussé sur la nuque, du moins en traînant les pieds…

Pour autant, ces considérations relèvent de l’écume. La lame de fond, c'est-à-dire le plus important, c’est qu’enfin Paul Biya, dont la trajectoire politique prédispose peu à la culture du dialogue, a accepté de donner une chance à la paix dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en conviant tout le monde ou presque autour de l’arbre à palabre.

D’évidence, pour le champion du Rdpc, le risque politique est énorme, mais rien ne vaut l’intérêt supérieur de la nation. Les problèmes multiformes auxquels fait face le Cameroun conjugués à son grand âge et sa longévité au pouvoir pourraient faire glisser le « grand dialogue national » vers une « conférence nationale souveraine », voire une assemblée constituante.

Il faudra sans doute beaucoup de tact et de fermeté au Premier ministre, Joseph Dion Ngute, pour éviter un glissement d’agenda, lequel perle déjà dans les propos de certains leaders politiques et de la société civile. Moins d’un an après sa nomination au poste, le Pm (qui pourrait être assisté lors des travaux d’un conseil des sages sur le modèle de la tripartite) joue incontestablement son avenir politique. Il va sans dire qu’un échec du dialogue signera son « arrêt de mort ».

Au demeurant, quel que soit l’angle par lequel on adresse la question, une nouvelle gouvernance, annonciatrice d’une nouvelle République, verra le jour à la fin du « grand dialogue ». Paul Biya en sortira grandi ou fragilisé davantage. Le conclave consacrera inévitablement une recomposition du paysage gouvernemental et politique. C’est sans doute dans cette perspective que des batailles ont commencé ici et là dans le sérail pour le contrôle du « grand dialogue national ».

Les forces d’opposition ont tout intérêt à saisir la perche de ce dialogue pour impacter l’agenda politique de ce septennat historique. Le contexte et la veille citoyenne qui iront avec fera qu’il ne sera pas une tripartite bis. C’est au rapport de forces, par l’action concertée, qu’il faut pousser le pouvoir à franchir le pas. Et non par des pleurnicheries et des actes de diversion. C’est à l’usure que tout ou partie des reformes s’obtiendra. A bon entendeur…

Georges Alain Boyomo

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