Présidentielle 2025. Crise post-électorale : Le MINAT accuse Issa Tchiroma de « narcotiser la jeunesse » pour planifier l’insurrection, et dresse un bilan sécuritaire lourd
Paul Atanga Nji a tenu des propos incendiaires lors d’une réunion sécuritaire à Douala, désignant l’opposant en exil comme le commanditaire des violences, tandis que le bilan officiel fait état de 13 « assaillants » neutralisés et 829 emprisonnés.
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La guerre des narrations autour de la crise post-électorale née de la présidentielle du 12 octobre 2025 a connu une escalade verbale sans précédent, hier, à Douala. Le ministre de l’Administration Territoriale (MINAT), Paul Atanga Nji, a jeté un pavé dans la mare en qualifiant publiquement Issa Tchiroma, l’opposant réfugié au Nigéria qui revendique la victoire, de « politicien véreux » et en l’accusant d’avoir fomenté une insurrection en distribuant du cannabis aux jeunes.
Cette déclaration choc a été faite lors d’une réunion de sécurité avec les autorités de la ville, épicentre des récentes tensions. Le ton était martial, le propos, accusateur. Le MINAT a pointé du doigt M. Tchiroma comme étant le cerveau derrière les violences qui ont ensanglanté plusieurs villes du Cameroun, notamment les 26, 27 et 28 octobre.
« Neutralisation professionnelle » et emprisonnements massifs
Dans sa présentation, le ministre Atanga Nji a livré un premier bilan sécuritaire officiel, aussi froid que lourd de sens. Il a annoncé que les forces de maintien de l’ordre et de sécurité avaient « neutralisé de manière professionnelle et par légitime défense » treize (13) « assaillants » au cours des trois jours d’affrontements. Une formulation qui, dans le jargon de l'état-major, signifie leur mise hors de combat, souvent mortelle.
Plus impressionnant encore, le ministre a déclaré que huit cent vingt-neuf (829) autres « assaillants » sont actuellement derrière les barreaux. Ces chiffres, s’ils sont confirmés, illustrent l’ampleur de la vague d’arrestations qui a suivi la contestation du résultat électoral.
La thèse de la « narcotisation » des jeunes
L’élément le plus polémique du discours du MINAT reste l’accusation selon laquelle Issa Tchiroma aurait orchestré une stratégie de destabilisation en « donnant le cannabis aux jeunes pas concernés par le processus électoral ». Cette thèse, inédite, vise à criminaliser la contestation populaire et à délégitimer le mouvement de protestation en le réduisant à une révolte manipulée et droguée, plutôt qu'à une expression politique.
Une déclaration qui tombe à point nommé
Cette offensive verbale du gouvernement n’est pas un hasard. Elle intervient au moment où Issa Tchiroma, depuis son refuge nigérian, maintient la pression et clame haut et fort sa victoire à la présidentielle. En le désignant comme un chef d’insurrection et un narcotrafiquant politique, le pouvoir de Yaoundé semble vouloir forcer le narratif, présentant non pas une crise politique à résoudre par le dialogue, mais une menace sécuritaire à écraser par la force.
Alors que les familles des victimes pleurent leurs disparus et que les défenseurs des droits de l'homme s'alarment de la répression, la déclaration de Paul Atanga Nji jette de l'huile sur le feu. Elle promet de durcir encore un peu plus les lignes de fracture dans un Cameroun déjà profondément divisé.
Post-Electoral Crisis: Cameroonian Government Accuses Exiled Opponent of "Drugging Youth" to Plan Insurrection
Minister Paul Atanga Nji makes explosive claims during a security meeting in Douala, accusing Issa Tchiroma of masterminding violence, while official reports state 13 "assailants" killed and 829 imprisoned.
The war of narratives surrounding the post-electoral crisis following the October 12, 2025 presidential poll escalated dramatically yesterday in Douala. The Minister of Territorial Administration (MINAT), Paul Atanga Nji, made explosive statements, publicly labeling exiled opponent Issa Tchiroma—who claims victory—as a "corrupt politician" and accusing him of plotting an insurrection by distributing cannabis to youth.
This shocking declaration was made during a security meeting with the city's authorities, the epicenter of recent tensions. The minister's tone was martial, his words accusatory. MINAT pointed the finger at Mr. Tchiroma as the mastermind behind the violence that has bloodied several Cameroonian cities, particularly on October 26, 27, and 28.
"Professional Neutralization" and Mass Imprisonments
In his address, Minister Atanga Nji delivered a first official security report, as cold as it is significant. He announced that law enforcement and security forces had "professionally neutralized in self-defense" thirteen (13) "assailants" during the three days of clashes—a formulation that, in military jargon, often implies lethal force.
Even more striking, the minister stated that eight hundred and twenty-nine (829) other "assailants" are currently behind bars. These figures, if confirmed, illustrate the scale of the arrest wave that followed the electoral dispute.
The "Drugging the Youth" Thesis
The most controversial element of the MINAT's speech remains the accusation that Issa Tchiroma orchestrated a destabilization strategy by "giving cannabis to young people not concerned by the electoral process." This unprecedented thesis aims to criminalize popular dissent and delegitimize the protest movement by reducing it to a manipulated and drugged revolt, rather than a political expression.
A Timely Declaration
This verbal offensive by the government is no coincidence. It comes as Issa Tchiroma, from his Nigerian refuge, maintains pressure and loudly proclaims his victory in the presidential election. By labeling him as an insurrection leader and a political drug dealer, the Yaoundé regime seems to be forcing a narrative: presenting the situation not as a political crisis to be solved through dialogue, but as a security threat to be crushed by force.
As victims' families mourn their dead and human rights defenders sound the alarm about the repression, Paul Atanga Nji's declaration pours fuel on the fire, promising to further harden the fault lines in an already deeply divided Cameroon.
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Ange NGO
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