Can 2019. Edito : Lions et effort de guerre

cameroun24.net Mardi le 25 Juin 2019 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Dans l’histoire de l’humanité, il est acquis que les évènements que nous tendons souvent à confiner aux hasards ou aux coïncidences finissent par constituer autant de jalons pour débattre et bâtir l’avenir lit-on dans un éditorial de Georges Alain Boyomo, DP du quotidien Mutations

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La journée de vendredi dernier a été rythmée au Cameroun par des bruits assourdissants autour de la prime de participation des Lions indomptables à la coupe d’Afrique des nations (Can) Egypte 2019. Une fois de plus, une fois de trop, l’image du pays a été entachée à cause d’une défaillance dans la gouvernance de notre Equipe nationale de football.

Le débrayage des Lions, hasard ou coïncidence, survient dans un contexte de deuil national en mémoire de 17 militaires tués le 9 juin 2019 lors d’une attaque de la secte terroriste Boko Haram à Darak, dans l’Extrême-Nord. A la communication offensive des autorités du football camerounais, qui ont fait circuler sur les réseaux sociaux des documents attestant du paiement de la somme de 20 millions Fcfa à chaque joueur camerounais participant à la Can 2019, les Lions indomptables ont opposé une communication « agressive ».

Dans une correspondance adressée au peuple camerounais, Choupo-Moting et ses coéquipiers écrivent notamment: « Nous vous remercions de votre soutien continu. Nous souhaitons également adresser nos sincères condoléances à ceux qui ont perdu des êtres chers en ces jours de lutte pour la paix au Cameroun. Nous disons toute notre sollicitude aux héros qui se battent dans les différents fronts pour maintenir la paix dans notre pays ».

La bataille de l’opinion a donc eu lieu. En un moment solennel où la nation tout entière s’arrête pour rendre hommage à ses dignes fils tombés au champ d’honneur pour préserver la paix et l’intégrité nationale, la revendication bruyante de la revalorisation de la prime de participation était-elle indiquée ? Les représentants de l’Etat et de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) qui n’ont pas pris des dispositions à temps, soit trois mois avant, comme le stipule le décret présidentiel afférent, pour discuter et fixer le montant des primes à allouer aux Lions ne sont-ils pas, au premier chef, blâmables ? Des questions qui méritent d’être posées, mais qui n’éclipsent pas la problématique de fond. Les Lions indomptables sont-ils des enfants gâtés égoïstes et insouciants ? L’effort de guerre ne doit-il s’imposer qu’aux footballeurs de l’Equipe nationale ?

Sur le premier aspect des choses, à force de citer les Lions indomptables comme des exemples à suivre et à récupérer leurs victoires à des fins politiciennes, le chef de l’Etat, Paul Biya, a fini par en faire des citoyens entièrement à part. Bien plus, forts des salaires mirobolants qu’ils perçoivent généralement de leurs clubs employeurs et conscients de ce qu’autour de leur activité au sein de la sélection nationale gravitent des « parasites » qui se recrutent tant parmi les agents de la Fecafoot qu’au sein de la Fonction publique, les Lions indomptables tiennent à ne plus être les dindons du business.

Au second plan, il est évident que depuis que les foyers d’insécurité se multiplient et que le Trésor public se saigne, le train de vie de l’Etat et partant celui de ses hauts responsables n’a pas été réduit de façon résolue et décisive. Qui jetterait donc le premier la pierre aux Lions indomptables ? Pour qu’il soit vivant et inspirant, l’exemple doit venir d’en haut !

Du reste, la grève des Lions est un mal pour un bien, car elle permet de questionner un levier important du rapport des Camerounais à leur patrie, en temps de paix, mais surtout de guerre. Le rapport au nerf de la…guerre.

Georges Alain Boyomo

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