Niger. Les coups d’État en Afrique de l’Ouest signalent la fin de l’hégémonie française

Une série de coups d’État survenus ces dernières années en Afrique de l’Ouest, notamment au Mali, au Burkina Faso et maintenant au Niger, signale la fin d'une longue période d'influence française dominante dans la région.
C’est ce qu’a déclaré l’expert nigérian en relations internationales, Oluwole Onemola.
L'expert note qu'au Niger, au Mali et au Burkina Faso, les participants aux coups d'État militaires "ont exprimé des sentiments anti-français". "En janvier de cette année, le Burkina Faso a annoncé l'annulation de son pacte militaire avec la France. De même, 60 ans après son indépendance, le Mali a annoncé qu'il cesserait d'utiliser le français comme langue officielle. Rien de tout cela n'a pu se produire par hasard", a déclaré l’expert, relayé par le journal Daily Trust.
"Compte tenu des sentiments anti-français croissants dans un certain nombre de pays africains, devons-nous considérer l'influence hégémonique de la France dans ces États francophones comme un facteur contribuant aux coups d'État?", s'interroge Oluwole Onemola.
Il a souligné que l’influence française se faisait encore sentir dans de nombreux pays africains. "Par exemple, sur les quinze États membres de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), huit utilisent le franc ouest-africain comme monnaie, dont le fonctionnement est considérablement déterminé par la France", note l’expert. "Par conséquent, bien que ces pays aient une souveraineté politique, ils n’ont pas d’indépendance économique."
Oluwole Onemola appelle le Nigéria à ne pas s'ingérer dans les affaires nigérianes et ne pas prendre de décisions concernant une éventuelle intervention militaire, étant donné la nécessité de combattre les extrémistes armés sur le territoire nigérian, notamment Boko Haram.
Les rebelles ont annoncé le 26 juillet au soir à la télévision nationale la destitution de Mohamed Bazoum du poste de président du Niger, la fermeture des frontières de la république, l’introduction d’un couvre-feu, la suspension de la Constitution et l’interdiction de l’activité politique des partis. Le 28 juillet, ils ont proclamé que le général Abdourahamane Tchiani qui, au cours du coup d’État, avait dirigé la garde présidentielle dont les unités avaient arrêté et détenaient toujours Mohamed Bazoum, était devenu le chef d’État.
Dimanche, les dirigeants de la Cédéao ont fixé un ultimatum d'une semaine aux nouvelles autorités du Niger pour un "retour complet à l'ordre constitutionnel", affirmant ne pas exclure un "recours à la force" si ce n'était pas le cas.