Catastrophe Eseka. La lettre du cabinet français Cerutti à Paul Biya pointe la responsabilité de Camrail dans la catastrophe ferroviaire d’Eseka

cameroun24.net Mardi le 15 Octobre 2019 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Pierre Cerutti, le président du cabinet français éponyme, a écrit une lettre ouverte le 9 octobre dernier au président camerounais Paul Biya, au sujet de la catastrophe ferroviaire d’Eseka, survenue le 21 octobre 2016 dans le train 152 de la compagnie Camrail, filiale du Français Bolloré. Bilan officiel : 79 morts et 600 blessés.

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Selon ce document, ce cabinet aurait été choisi au terme d’un appel d’offres international lancé par un conseiller militaire indépendant, Sani Mouhamadou, pour la sélection d’un expert international indépendant en vue de faire la lumière sur cette catastrophe ferroviaire.

« Dès le 21 novembre 2016, nous avons rendu compte oralement au conseil des ministres présidé par monsieur Philémon Yang, Premier ministre, chef du gouvernement de l’époque, et déposé le jour même un rapport d’étape de 19 pages. De retour en France, nous avons poursuivi l’instruction de cette affaire d’une exceptionnelle gravité, étant donné les très lourdes conséquences humaines de la catastrophe. Le 4 février 2017, après avoir recueilli les compléments d’informations nécessaires, nous avons déposé un rapport d’expertise définitif de 70 pages », écrit Pierre Cerutti.

Flou judiciaire et dissimulations

Le cabinet affirme n’avoir pas été informé de la suite du déroulement de la procédure judiciaire. À l’en croire, ce ne serait que récemment qu’il aurait eu connaissance « d’irrégularités » ayant entaché ladite procédure au tribunal d’Eseka. Parmi ces « irrégularités », la lettre ouverte pointe la note d’observation du 19 décembre 2016 de la société Camrail. Dans ce document, la filiale du groupe Bolloré dénonçait des similitudes et certains paragraphes « rigoureusement identiques » entre les rapports de l’expert camerounais Benoît Essiga et du cabinet Cerutti.

« La note d’observation Camrail me soupçonnait d’avoir manqué d’impartialité, d’honnêteté et d’avoir trahi mon serment d’expert judiciaire. Plus grave encore, j’ai découvert que dans ses conclusions du 12 septembre 2018, la société Camrail m’a accusé devant le tribunal d’instance d’Eseka d’avoir déposé un rapport corrompu », lit-on dans la lettre. Pour Pierre Cerutti, c’est plutôt le concurrent camerounais Benoît Essiga qui s’est rendu coupable de plagiat et non l’inverse.

Par la suite, souligne l’expert français, lorsque son avocat, Joseph Youmsi, s’est présenté au tribunal de première instance d’Eseka, pour présenter le rapport définitif établi par le cabinet Cerutti le 14 février 2017, et adressé à la Commission d’enquête, le procureur de la République et le président du tribunal ont déclaré n’avoir jamais vu ledit rapport auparavant.

Blocages à la présidence la République

« Il apparaît donc que le rapport définitif du cabinet Cerutti du 14 février 2017 n’a jamais été communiqué ni aux magistrats ni aux conseils des victimes. Seul le rapport d’étape du cabinet Cerutti du 21 novembre 2016 a été produit en justice alors que le rapport d’expertise de 70 pages, qui avait été adressé par DHL à la présidence de la République du Cameroun en 46 exemplaires (23 en langue française et 23 en langue anglaise) à l’attention d’un haut commis de l’État encore en fonction (et réceptionné par ses soins) dont 2 exemplaires de grand luxe à votre attention, a totalement disparu », apprend-on.

Selon Pierre Cerutti, ce rapport d’expertise définitif comportait des précisions destinées aux juges du tribunal d’Eseka sur les causes et circonstances de l’accident. Il apportait, selon la même source, la démonstration technique et scientifique des fautes graves et des manquements commis par la société Camrail, depuis la direction générale jusqu’aux équipes opérationnelles.

« De telles irrégularités étant de nature à avoir faussé la bonne administration de la justice dans cette affaire d’une particulière gravité, il est de mon devoir d’attirer respectueusement votre attention à ce sujet. Je me tiens à votre disposition pour vous soumettre toutes les pièces qui justifient mes déclarations », écrit Pierre Cerutti à Paul Biya.

Le cabinet Cerutti revendique 180 000 expertises nationales et internationales, dont un millier menées à bien au Cameroun depuis les années 1980, comprenant des dossiers majeurs tels que la construction du palais présidentiel d’Etoudi, l’explosion de la Cellulose du Cameroun (Cellucam) d’Edéa, les établissements de l’ex-Société nationale d’électricité (Sonel), les risques liés aux exploitations des usines Cimencam etc.

Sylvain Andzongo

 

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