Crise Anglophone. Maison commune, chambres à part dans le Nord-Ouest/Sud-Ouest

cameroun24.net Mardi le 28 Aout 2018 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’élite du Sud-Ouest déborde d’énergie et de détermination ces derniers temps au sujet de ce qu’il est convenu d’appeler la crise anglophone lit-on dans un éditorial de Georges Alain Boyomo DP du quotidien Mutations.

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En l’espace de trois semaines, elle a tenu deux réunions, d’abord à Yaoundé, ensuite, le week-end dernier, à Buea. Si celle de Buea semble avoir été mieux préparée, structurée et organisée, elle laisse tout de même entrevoir un dénominateur commun avec celle tenue, dans une discrétion suspecte, à Yaoundé, à savoir : « réaffirmer la position du Sud-Ouest en faveur d’un Cameroun un et indivisible dans un Etat unitaire à 10 régions ».
Ainsi, au terme du forum convoqué et présidé par Peter Mafany Musonge, élite du Sud-Ouest et président de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (Cnpbm), cette région frappée de plein fouet par la crise sécessionniste, rejette l’idée d’un Cameroun fédéral à deux Etats. Elle appelle le chef de l’Etat, Paul Biya, candidat à la prochaine élection présidentielle, à accélérer la décentralisation, inscrite dans la Constitution depuis 1996, en mettant en place les conseils régionaux.


La déclaration finale du raout organisé à Buea ne mentionne certainement pas l’expression du malaise des populations face à une élite accusée de n’avoir pas pu ou su remonter vers qui de droit les préoccupations légitimes des populations, lesquelles ont servi de déclencheurs à la situation dramatique qui prévaut dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. D’ailleurs, croient savoir des sources ayant pris part à la réunion, une partie des participants n’a pas digéré que ses attentes ne figurent pas dans le document sanctionnant les travaux. Ces participants-là, apprend-on, plaident pour l’application des recommandations de la Commission Musonge, fruits des missions effectuées dans le Sud-Ouest en avril et dans le Nord-Ouest en mai-juin 2018. Notamment des points sur la fin de la militarisation de ces régions, la marginalisation des Anglophones et la mauvaise pratique du bilinguisme.
Pas sûr qu’on retrouvera dans ladite déclaration le sentiment rampant dans la région, laquelle fait croire que « le Sud-Ouest est une victime collatérale de la crise [anglophone] en liaison avec la stratégie ancienne d’assimilation de la région sœur du Nord-Ouest ». Fort de son expérience de la haute administration et de son doigté connu en matière de diplomatie, l’ancien Premier ministre, Peter Mafany Musonge, ne crèvera pas cet abcès en public, même s’il en est conscient de l’existence et, depuis peu, de la purulence.


Il n’empêche. Musonge en mission dans le Sud-Ouest après la nouvelle tentative d’apaisement conduite par Yang dans le Nord-Ouest, c’est la preuve que le pouvoir, nonobstant les précédents échecs, met les pleins gaz pour sauver la prochaine rentrée scolaire, le 03 septembre, et surtout l’élection présidentielle, le 07 octobre.


Ces descentes, qui surviennent après la vive polémique et le report de la conférence générale anglophone portée par le cardinal Tumi, ne sont pas dénuées de calculs politiques. L’ordre gouvernant tient à éviter que le Nord-Ouest et le Sud-Ouest parlent d’une seule et même voix, et, partant, que prospère la revendication du fédéralisme à deux Etats. En attendant d’examiner l’hypothèse d’un fédéralisme à 10 Etats.

Georges Alain Boyomo
 

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