RSF met la pression sur Paul Biya : “Tenir la promesse, libérer la presse”

RSF met la pression sur Paul Biya : “Tenir la promesse, libérer la presse”

LIBERTÉ DE LA PRESSE – CAMEROUN

Réélu pour un huitième mandat dans un climat marqué par la contestation et la répression des manifestations post-électorales, Paul Biya fait déjà face à une première exigence internationale. Reporters Sans Frontières (RSF), organisation mondiale de défense des journalistes, appelle le chef de l’État camerounais à mettre fin aux lois répressives qui étouffent la liberté d’informer, et à concrétiser sa promesse de campagne : protéger les journalistes et garantir la liberté d’expression.



Le 6 novembre dernier, malgré des manifestations violemment réprimées dans plusieurs villes du pays, Paul Biya a prêté serment. Quelques jours plus tôt, il avait assuré vouloir « renforcer les mesures de protection de la liberté d’expression et des journalistes ». Pour RSF, l’heure n’est plus aux discours, mais aux actes.



“Après plus de quarante ans au pouvoir, Paul Biya vient d’être réélu au grand dam de la liberté de la presse”, déplore Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF.

“Lois liberticides, menaces, censure, impunité… les journalistes travaillent dans la peur.”


RSF dénonce un Cameroun hostile aux journalistes


Le Cameroun est classé 131e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2025.

Le tableau dressé par RSF est sombre :



  • journalistes arrêtés ou détenus arbitrairement,

  • poursuites devant les tribunaux militaires,

  • assassinats et enlèvements restés sans suite judiciaire,

  • pressions politiques sur les médias publics et privés.




Dix engagements demandés à Paul Biya


Pour sortir de ce cycle de répression, RSF propose un programme en 10 points, parmi lesquels :



  • Protéger physiquement les journalistes (surtout lors des manifestations et dans les zones de conflit).

  • Supprimer les peines de prison pour les délits de presse (diffamation, fausses nouvelles, outrage…).

  • Cesser d’utiliser la loi antiterroriste de 2014 contre les journalistes, notamment ceux qui couvrent la crise anglophone.

  • Rendre indépendant le Conseil national de la communication (CNC).

  • Réformer la CRTV pour garantir son impartialité.

  • Adopter une loi sur l’accès à l’information publique.

  • Soutenir financièrement les médias de manière équitable et transparente.

  • Libérer Amadou Vamoulké, ancien DG de la CRTV détenu depuis 9 ans sans preuves tangibles.

  • Mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes (Wazizi, Anye Nde Nsoh…).

  • Garantir une enquête impartiale sur l’assassinat de Martinez Zogo, que RSF qualifie de “crime d’État”.




Pour RSF, ces mesures sont un test politique : Paul Biya veut-il réellement tourner la page de la répression ?



“La liberté de la presse ne doit plus être une promesse au Cameroun”, conclut RSF.



L’avenir dira si le chef de l’État passera du discours aux réformes.



 




RSF urges President Paul Biya to end repressive press laws and guarantee media freedom


Following his controversial re-election and amid violent repression of post-election protests, President Paul Biya has been sworn in for an eighth term. Reporters Without Borders (RSF) calls on him to fulfill his campaign promise to protect press freedom.



RSF lists 10 concrete reforms, including abolishing prison sentences for press offences, ending the use of the anti-terrorism law against journalists, guaranteeing independence of the media regulator, and ensuring impartial investigations into murders of journalists such as Samuel Wazizi and Martinez Zogo.



The organization warns that Cameroon remains one of the most dangerous countries in Africa for journalists, ranked 131st out of 180 in the 2025 World Press Freedom Index.



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Viviane GEMELE

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