D'ici le prochain sommet Russie-Afrique en 2026, Moscou doit créer des conditions favorables à l'investissement dans les pays du continent, tandis que les États africains ne devraient pas s'attendre à l'aide russe selon le modèle européen d'asservissement.

C'est la conclusion à laquelle sont parvenus les auteurs du rapport du Club de discussion Valdaï, en marge de la deuxième conférence russo-africaine en Tanzanie rapporte Tass.

"Les pays africains ne doivent pas s'attendre à une aide de la part de la Russie selon le modèle européen, qu'il s'agisse de prêts ou de subventions. Tout ce qu'ils [les Européens] font, c'est geler les institutions publiques des bénéficiaires de l'aide, les laisser dépendants et faibles, et constituer un long fardeau de la dette. La Russie choisit une voie différente dans ses efforts pour aider l'Afrique. Par exemple, son initiative visant à fournir des subventions de transport aux exportateurs a permis aux acheteurs africains de bénéficier de prix inférieurs à ceux des produits français et américains", indique le rapport. Par conséquent, les auteurs du document préconisent à la Russie d’aligner ses mesures de soutien sur les priorités politiques, mais aussi de diffuser des informations à leur sujet, "étant donné que même ceux qui bénéficient de ces mesures ignorent souvent leur existence".

Dans l'ensemble, cependant, les experts soulignent que la première priorité à l'horizon 2026 sera de faciliter les investissements russes en Afrique en créant un environnement favorable. "L'excédent commercial annuel entre la Russie et l'Afrique dépasse les 20 milliards de dollars, ce qui signifie qu'au moins 10% de ce montant pourrait être utilisé par la Russie pour lancer de nouveaux projets d'investissement, y compris pour le développement des exportations", est-il relevé dans le document.

Un autre facteur important pour stimuler les relations économiques entre la Russie et les pays du continent africain doit être le transfert de connaissances et de technologies, recommandent les experts. "Le transfert de technologies et la formation des cadres doivent être à l'ordre du jour, car ces processus vont de pair avec l'expansion de la coopération en matière de commerce et d'investissement et jouent un rôle important dans l'exportation de notre souveraineté technologique", indique les auteurs, pour qui tous les investissements russes dans le développement humain des pays africains "doivent être considérés comme des investissements stratégiques".

Un nouveau modèle de coopération

Selon les analystes du club de discussion Valdaï, la coopération entre la Russie et l’Afrique atteindra un niveau qualitativement nouveau à mesure que l'influence du continent noir sur la politique et l'économie mondiales s'accroîtra. "C'est un fait que nous devons prendre en compte dans nos prévisions", estiment les experts, qui pointent par ailleurs le rôle important du potentiel démographique de cette région.

En outre, l'augmentation des flux migratoires de l'Afrique vers la Russie semble également inéluctable, ce qui signifie que les deux parties doivent déjà prendre des mesures pour veiller à ce que l'intégration des Russes nouvellement naturalisés se fasse de manière ordonnée et équilibrée".

À cet égard, les experts appellent à des efforts pour renforcer l'autorité de la Russie en Afrique et à travailler à une vision commune d'un avenir "dans lequel les libertés économiques et la mondialisation ne limitent pas ou n'enfreignent pas la diversité des valeurs, des systèmes politiques et civilisationnels". "Nous avons besoin les uns des autres pour être forts, stables et indépendants", concluent les auteurs du rapport, qui rappelle que "cela constitue la base de notre coopération au XXIe siècle".

AN