Cameroun - Politique Réforme foncière au Cameroun : les chefs traditionnels désormais au cœur des procédures d’immatriculation
Nouvelle ère dans la gestion du foncier national, a appris cameroun24.
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Le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf), Henri Eyebe Ayissi, a signé une lettre-circulaire qui redessine les contours de l’immatriculation des terres au Cameroun. Désormais, les chefs traditionnels de premier et de deuxième degré deviennent des acteurs incontournables dans les procédures d’accès à la terre.
Au cœur de cette réforme, l’introduction d’un nouveau document administratif : la « lettre de non objection », délivrée par les autorités traditionnelles avant toute validation de dossier de demande d’immatriculation directe ou de concession formulée par un particulier, une communauté ou une collectivité.
? Qui est concerné ?
Cette mesure s’appliquera aux cessions portant sur des superficies égales ou supérieures à 20 hectares, situées dans le domaine national.
? Objectif affiché :
Le gouvernement veut freiner l’accaparement des terres communautaires et éviter la spoliation des populations autochtones, souvent mises à l’écart des processus de concession. En impliquant les chefs traditionnels, le Mindcaf entend prévenir les litiges fonciers, renforcer la sécurité juridique et garantir la paix sociale dans les zones rurales.
« Cette réforme s’appuie sur l’arsenal juridique existant, mais répond surtout à une urgence : celle de limiter la dilapidation des terres relevant du domaine national, qui sont les espaces coutumiers des communautés locales », explique le ministre.
?? Une exigence de transparence, un gage de bonne gouvernance
Au-delà de la préservation des droits coutumiers, cette mesure vise aussi à rassurer les partenaires au développement, de plus en plus vigilants sur les questions de gouvernance foncière. Elle s’inscrit dans une dynamique plus large de gestion responsable des terres, avec pour ambition de transformer le domaine national en levier de développement local.
? Entrée en vigueur : 1er juillet 2025
Passé cette date, aucun dossier d’immatriculation directe ou de concession de plus de 20 hectares ne pourra être validé sans la fameuse "lettre de non objection" du chef traditionnel compétent.
Avec cette décision, l’État camerounais réaffirme le rôle central des autorités traditionnelles dans la gestion des territoires et la protection des intérêts des communautés locales. Une réforme qui, si elle est bien appliquée, pourrait marquer un tournant décisif dans la sécurisation du foncier rural au Cameroun.
Land Reform in Cameroon: Traditional Rulers Now Central to Land Registration Procedures
A major shift is underway in Cameroon’s land management system. The Minister of State Property, Surveys, and Land Tenure (MINDAF), Henri Eyebe Ayissi, has issued a circular that places traditional rulers of the first and second degree at the heart of land registration procedures.
At the core of this reform is the introduction of a new mandatory document: the “letter of non-objection”, to be issued by traditional authorities prior to the validation of any application for direct land registration or land concession made by an individual, community, or local council.
? Who is affected?
This measure applies to land transactions involving 20 hectares or more within the national land domain.
? Main objective:
The government aims to curb the grab of communal lands and protect communities from being dispossessed, especially in cases where traditional leaders have been sidelined during state land concession processes. By empowering traditional rulers, the MINDAF seeks to prevent land disputes, strengthen legal security, and promote social cohesion in rural areas.
“This reform builds on the existing legal framework but responds to an urgent need: to limit the uncontrolled alienation of national lands, which are often ancestral lands of local communities,” Minister Eyebe Ayissi stated.
?? Promoting transparency and responsible land governance
Beyond protecting customary rights, the new requirement also aims to reassure development partners, who have increasingly high standards regarding land governance and the protection of community rights. The measure is aligned with broader efforts to make national lands a tool for local economic development, as encouraged by international stakeholders.
? Effective date: July 1, 2025
Starting from this date, no application for direct land registration or concession of 20 hectares or more will be processed without the required "letter of non-objection" from the relevant traditional chief.
Through this decision, the Cameroonian government reaffirms the central role of traditional leaders in land management and in safeguarding local communities' interests. If properly implemented, this reform could mark a turning point in securing rural land rights and improving land governance in Cameroon.
Mouahna Divine