Législatives et Municipales 2013 Cameroun - Campagne Electorale: Bières, billets et pipeau !
C’est une scène de campagne parmi les plus récurrentes depuis l’entame de la course vers les législatives et les municipales du 30 septembre 2013. Un candidat à un siège à la représentation nationale bien connu du bataillon, est en campagne dans un marché de la ville de Douala. Après un tour des installations sommaires sur fond de youyous, le candidat à la députation interpelle une vendeuse de mets de pistache et lui achète tout son plateau.
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C’est une scène de campagne parmi les plus récurrentes depuis l’entame de la course vers les législatives et les municipales du 30 septembre 2013. Un candidat à un siège à la représentation nationale bien connu du bataillon, est en campagne dans un marché de la ville de Douala. Après un tour des installations sommaires sur fond de youyous, le candidat à la députation interpelle une vendeuse de mets de pistache et lui achète tout son plateau. Un exploit qu’on ne vit pas tous les jours. La vieille dame visiblement éberluée promet «solennellement» d’accorder son suffrage au candidat. Les mets achetés sont aussitôt distribués aux badauds qui ont envahi le théâtre. Et, puisque que la consommation du piment nécessite une bonne bière, notre candidat visiblement au fait des us locaux débloque, séance tenante, une centaine de mille pour l’achat du « précieux liquide». Youyous, valses d’applaudissements et fin du meeting. Le tout dans une ambiance de bénédictions au bénéfice du candidat que la clameur confie à Dieu.
Autre lieu, un candidat bien connu de l’opposition gare son véhicule. Le « Messie » est aussitôt entouré par une horde de conducteurs de mototaxis, des vendeurs et quelques curieux. «J’espère que vous voterez pour nos listes aux municipales et aux législatives.» Quelle question ? «Considérez que vous êtes déjà élu» scandent les populations. Une liasse de billets de banque est remise «au doyen». Distribution des affiches aux invités, salve d’applaudissements et fin de meeting. Le candidat se remet à bord de son véhicule escorté par une dizaine de mototaxis le tout sur une chanson populaire revue en l’honneur du désormais député.
Il va de ce chef de quartier qui en l’espace de soixante douze heures fait l’exploit d’animer deux meetings. D’abord sous les couleurs d’une formation de l’opposition. Un meeting au cours duquel le chef a invité les populations à voter «pour le frère» dont le nom figure sur la liste de candidature de ce parti. Quelques jours plus tard, le même chef, cette fois sous les couleurs du parti au pouvoir tient le micro. Consigne de vote est donnée aux populations qui sont appelées à accorder leurs suffrages à «la seule liste» qui permettrait au village de sortir de son enclavement endémique. Fin de propos sous les applaudissements et les youyous des participants. Répartition de l’enveloppe remise, les populations sont invitées dans les buvettes du coin. Fin de meeting. Tout le monde est content !
Rien de mieux qu’un plateau de télévision pour cet autre candidat pour dire tout le bien qu’il pense de ses «chers électeurs». visiblement dépité par la façon dont les choses ont été gérées jusqu’ici par l’équipe sortante, notre candidat promet la réfection de «toutes les routes» de l’arrondissement ; la construction d’une centaine de forages ; des emplois pour au moins deux mille jeunes dès le lendemain de la publication des résultats. Pince sans rire, le panéliste indique que tout cela est possible. Tout comme cet autre candidat qui, vraiment solidaire de la galère de ses compatriotes sur le pont du Wouri promet toute une révolution. A se demander pourquoi les différentes équipes municipales n’y avaient pas pensé plus tôt. La solution aux gigantesques bouchons qui paralysent souvent cet endroit étant de desservir les deux rives par des embarcations. Une réalisation que le candidat promet dès son élection à la mairie.
Des scènes et bien d’autres qui semblent finalement illustrer l’essentiel des programmes que vendent de nombreux candidats aux élections municipales et législatives du 30 septembre prochain. Des clichés qui démontrent surtout «le grand intérêt» que certaines populations accordent à la désignation des exécutifs municipaux et des députés censés modeler leur quotidien pendant les cinq prochaines années. On est autant embarrassé de dire que toute campagne digne de ce nom chez-nous se résume en bière, distribution de quelques billets de banques et énumération de quelques projets à la faisabilité hypothétique que l’auteur de la chanson peine à dire qui de l’homme ou de la femme dans un couple trompe l’autre. Bien malin qui dira qui d’entre la population, électrice et les candidats dévoient l’exercice électoral.
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