Cameroun - Economie 80 milliards pour habiller la CEMAC en friperie : quand notre coton s’en va et que la misère s’habille importé !
Pendant que le coton pousse dans les champs camerounais et tchadiens, les vêtements usés d’Europe, d’Asie et d’ailleurs remplissent les marchés d’Afrique centrale, a constaté cameroun24.
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Résultat : chaque année, les pays de la CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA) dépensent environ 80 milliards de FCFA pour importer de la friperie, selon Yvon Sana Bangui, gouverneur de la BEAC.
Le 17 juin 2025, lors de la Finance Week à Yaoundé, le patron de la banque centrale a tiré la sonnette d’alarme. Il a dénoncé une hémorragie monétaire absurde dans une sous-région qui produit pourtant près d’un demi-million de tonnes de coton par an. « Développons les capacités industrielles dans le textile pour habiller les 60 millions d’habitants de la CEMAC et épargner près de 100 milliards de FCFA chaque année », a-t-il martelé.
? Du coton brut exporté, des habits usés importés
Le paradoxe est criant : le Cameroun, le Tchad et la RCA ont produit en 2021 plus de 465 000 tonnes de coton graine, dont 73,4 % pour le seul Cameroun. Pourtant, ce dernier transforme à peine 5 % de sa production via la CICAM, sa seule usine de textile. Le reste ? Exporté tel quel, pendant que les vêtements de seconde main - souvent en fin de vie - envahissent le marché.
En 2023, le Cameroun à lui seul a importé 61 221 tonnes de friperie, pour 30,2 milliards de FCFA, selon l’INS. Soit près de 35 % des importations de la CEMAC en la matière.
? Des chiffres en baisse, mais toujours trop élevés
Même si la valeur des importations a baissé ces dernières années – de 97 milliards en 2011 à 30,2 milliards en 2023 – le volume, lui, est reparti à la hausse après un léger repli en 2022. Un signal d’alarme pour le gouvernement, qui a inscrit la relance de la filière coton dans la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30).
L’objectif : porter la production cotonnière à 600 000 tonnes par an d’ici 2030, et transformer localement 50 % de cette matière première.
? Friperie, contrefaçon et contrebande : le textile local asphyxié
La CICAM et les acteurs du secteur textile dénoncent aussi la contrebande des habits asiatiques et ouest-africains, qui fausse la concurrence et tue la chaîne coton-textile-confection locale. Pendant ce temps, des emplois potentiels s’évanouissent, des devises s’envolent, et les ambitions industrielles restent au stade de slogan.
? Le défi est lancé : produire ce qu’on porte, porter ce qu’on produit
La relance de l’industrie textile en Afrique centrale est aujourd’hui une urgence économique et stratégique. La matière est là, le marché aussi. Il reste à transformer l’intention en action.
? CEMAC’s Cotton Paradox: CFAF 80 Billion Spent on Used Clothes Every Year
While cotton fields flourish in Cameroon and Chad, the CEMAC region continues to rely heavily on imported second-hand clothing, spending nearly CFAF 80 billion annually, according to BEAC Governor Yvon Sana Bangui.
Speaking during the Finance Week in Yaoundé on June 17, he called for urgent investment in textile industry development to meet local clothing needs and cut foreign currency outflows. “If we build textile capacity to dress our 60 million people, we could save almost CFAF 100 billion a year,” he stated.
? We Export Cotton, We Import Old Clothes
In 2021, Cameroon, Chad, and CAR produced over 465,000 tons of seed cotton, yet most of it is exported raw. Only 5% is transformed locally by CICAM, Cameroon’s sole industrial textile company. Meanwhile, imported friperie floods the market—with Cameroon alone bringing in 61,221 tons worth CFAF 30.2 billion in 2023.
? Imports Decline, But the Damage Remains
Though the value of second-hand imports has dropped from CFAF 97 billion in 2011 to CFAF 30.2 billion in 2023, volumes remain high. The government is attempting to reverse the trend through its 2020–2030 Development Strategy, which aims to produce 600,000 tons of cotton annually, with 50% processed locally.
? Textile Smuggling and Counterfeit Floods the Market
Besides second-hand imports, illegal textiles from Asia and West Africa dominate the market, stifling local production. With this reality, jobs vanish, and economic transformation goals remain distant.
? Let’s Wear What We Make
Now is the time for the CEMAC region to assert its textile sovereignty by building local industries and breaking free from the second-hand economy.
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Ange NGO