Cameroun - Politique. Mohamadou Awal : « L’Upc redeviendra un parti uni »
Le nouveau président de l’Union des populations du Cameroun dévoile ses ambitions pour cette formation politique.
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Vous avez été nommé président de l’Union des populations du Cameroun (Upc) le 6 juin dernier, à l’issue d’une session du Comité directeur. Considérez-vous votre nomination comme légitime ?
Mon statut de président de l’Upc est la résultante d’une désignation du Comité directeur qui, dans sa discrétion, sa souveraineté et surtout statutairement, a orienté son choix sur moi à l’ issue des travaux des commissions du dernier Comité directeur. Etant un militant respectant les statuts organiques du parti, je me voyais dans l’ obligation de respecter et d’honorer cette instance prestigieuse de notre grand parti. Il est également important de préciser, et peut-être d’informer ceux qui ne le savent pas encore, qu’avant le 6 juin dernier, j’ étais 1er vice-président dudit comité. Et bien avant, j’étais un membre très actif au sein de la même instance, à l’époque d’Augustin Frederick Kodock, de regretée mémoire.
Sur le fait que je sois légitime ou pas, il faudrait que je fasse une précision très importante que le commun des mortels ou les militants de façade de l’ Upc ne savent pas. Le Comité directeur est l’ organe qui, à l’ Upc, est chargé de la gestion du parti entre deux congrès mais également lorsqu’une crise est observée au sein du secrétariat général. De mémoire, il ne me revient pas que ses décisions aient très souvent été contestées de manière objective, au point de les remettre en cause . Le Comité directeur et ses membres sont des personnes crédibles et sages. Je m’amuse très souvent à dire à mes camarades que les décisions du Comité directeur sont imbibés de l’ esprit même du «mpodol» Um Nyobe.
Votre nomination pourrait être interprétée comme une réponse à ceux qui accusent les Bassas d’avoir «confisqué» l’Upc…
La «debassalisation», pour emprunter un terme au camarade Henri Hogbe Nlend, est effective depuis même la création de notre parti . En effet, les camarades fondateurs comme Bouli, Castor Ossende Afana, Owono Mimboe, Ernest Ouandié, Félix Roland Moumié, Ndeh Ntumazah et moi-même aujourd’hui ne sommes pas des Bassas. Le fait que le contexte de création de l’ Upc eut été favorable à un fort militantisme dans les zones du Nyong et Kellé, Sanaga-Maritime, dans la côte et à l’ Ouest, n’ est pas un stéréotype de stigmatisation de telle ou de telle ethnie. Nous n’ allons très certainement pas essayer de tronquer l’ histoire pour s’accorder des circonstances atténuantes ou jouer les victimes. L’Upc est le parti des Camerounais et du Cameroun dans lequel tous les fils du pays, qu’ ils soient du grand Nord comme moi, du Sud, de l’ Est ou de l’ Ouest, peuvent militer et s’y sentir à leur aise, sans aucune frustrations. Je voudrais donc dire aux militants de façade et ceux qui ne sont pas les adeptes du «Umnyobisme fondamental», d’ éviter de coller des étiquettes nauséeuses et nauséabondes sur notre parti. D’ ailleurs, nous avons déjà identifier ceux qui veulent tirer l’ Upc par le bas et avons pris des décisions y afférentes.
A ce propos justement, l’Upc est minée pas de nombreuses dissensions et des guerres de leadership depuis plusieurs années. Croyez-vous que la nouvelle équipe a les moyens d’inverser la tendance ?
Bien sûr. Le nouveau bureau (secrétariat général, Comité directeur) justifie d’un certain nombre d’atouts lui permettant de relever tout challenge. Le nouveau secrétaire général, le Pr Jean Bahebeck, est un camarade dont le militantisme au sein de l’ Upc et la carrière professionnelle ne sont imbibés d’ aucune tache. Il fait partie de ces militants qui ont non seulement mis leur vie, leur famille et même leur carrière professionnelle en péril pour l’Upc, en affirmant leur militantisme à une époque où il ne faisait pas bon d’ être upéciste. Il faut également dire que la nouvelle équipe dirigeante du parti a des potentialités comme la jeunesse, l’ efficacité et la compétence. Ce qui est une aubaine pour l’Upc. Nous sommes des militants et des leaders qui recherchons le rayonnement de l’ Upc, l’ union des cœurs et des esprits et voulons redonner à l’ Upc toute sa vitalité d’antan.
A vous écouter, l’Upc est sur la voie de redevenir un parti uni comme il l’était jadis…
L’Upc redeviendra un parti uni, même s’il faudra que des personnes comme moi donnent de leur sang pour cela. Il est certes vrai qu’il nous reste encore à régler certains choses, comme la redynamisation effective des bases militantes et de la formation politique pas seulement des upécistes, mais des Camerounais ; l’identification et la sanction des fossoyeurs et des personnes non militantes qui se sont retrouvées dans l’ Upc on ne sait par quelle alchimie ; le règlement de l’ engagement et de la détermination des principaux leaders de l’ Upc que nous sommes aujourd’hui. En outre, il faudra mener de manière ardente une lutte acharnée contre ce que j’ appelle «le judaïsme iscariotiste», c’est-à-dire des personnes qui sont prêtes à liquider le parti pour une pièce.
Vous avez longtemps évolué dans l’ombre à l’époque de feu Augustin Frederick Kodock. Aujourd’hui, vous voilà président de l’Upc. Vous nourrissez forcément des ambitions politiques…
Je suis un politicien et un de ces politiciens qui pensent et défendent les valeurs éthiques, donc morales et déontologiques dans la pratique du bel art qu’est le nôtre. En effet, les initiatives politiques aussi bien des partis politiques que celles des hommes politiques comme moi doivent d’abord et prioritairement rechercher le bien-être de la population et des masses militantes, en termes d’ amélioration de leur standard de vie, leur enracinement culturel et la consolidation du vivre ensemble autour des idéaux de paix et de stabilité multiforme et multisectorielle. C’est pour cette raison que j’ai choisi l’Upc comme socle de militantisme politique. Personnellement, l’idéal politique dont j’ai toujours rêvé est celui de la représentativité et de la défense des intérêts de la base militante, de la communauté.
Propos recueillis par Patricia Ngo Ngouem
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