Présidentielle 2025. Présidentielle 2025 au Cameroun : dans les coulisses d’un recensement électoral truffé d’absurdités
Le politologue Moussa Njoya livre une chronique sans fard après trois jours passés au sein de la Commission nationale de recensement général des votes. Un récit au vitriol, qui expose les paradoxes d’un système électoral figé dans le passé et dévoré par ses propres incohérences.
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Une machine électorale d’un autre âge
Les travaux de la Commission nationale de recensement général des votes se sont déroulés du 17 au 20 octobre 2025, au siège du Conseil constitutionnel à Yaoundé. Conformément à l’article 69 du Code électoral, cette instance n’a pour mission que de procéder au décompte général des voix et de corriger d’éventuelles erreurs matérielles.
Mais, selon Moussa Njoya, observateur averti du processus, les méthodes employées relèvent d’un autre siècle.
« On travaille encore à la main, avec des procès-verbaux illisibles, des calepins et des calculettes de boutique. Personne ne semble savoir qu’Excel existe depuis… 1985 ! », ironise-t-il.
Résultat : des erreurs de calcul à répétition, des journées interminables et des conclusions parfois douteuses. Un constat désolant qui illustre, selon le politologue, l’archaïsme de nos institutions, incapables d’embrasser les outils technologiques de base.
Des figures politiques sorties d’un théâtre d’ombres
Dans ce tableau surréaliste, Moussa Njoya évoque la présence d’un « président de parti politique représentant… un autre parti », un véritable OVNI politique à la camerounaise.
« E.P., maître des “partis Yango”, a encore frappé. Président d’un parti sans élus, il a trouvé un candidat de la diaspora à investir par procuration. Puis, il s’est retrouvé représentant d’un autre parti à la Commission ! Chapeau l’artiste ! », écrit-il avec sarcasme.
À cela s’ajoutent les candidats désistés, dont les représentants ont malgré tout siégé à la Commission, ou encore un président de parti ayant reconnu la victoire du candidat sortant tout en participant au dépouillement. Une absurdité de plus dans un pays que le chercheur décrit comme un véritable “laboratoire franco-africain de la confusion politique”.
Des “opposants” plus zélés que le RDPC lui-même
Le clou du spectacle : le comportement de certains représentants dits “d’opposition”.
« Ils sautaient à la gorge de quiconque critiquait le RDPC, suivaient le représentant du parti au pouvoir comme un berger suivi de son troupeau, et allaient jusqu’à réclamer une condamnation officielle contre un candidat ayant annoncé sa victoire », témoigne Moussa Njoya.
L’observateur en sort avec un goût amer : celui d’un système où la loyauté politique s’achète et se marchande, et où le pluralisme ressemble davantage à une mise en scène qu’à une réalité démocratique.
« Le Cameroun, c’est le Cameroun », conclut-il, non sans amertume.
Cameroon’s 2025 Presidential Election: Inside the Absurdities of a Failing Vote-Counting System
Political analyst Moussa Njoya spent three days observing the work of Cameroon’s National Vote-Counting Commission. His testimony paints a chaotic and almost surreal picture of a process still stuck in the 20th century.
From handwritten tally sheets to outdated calculators and political absurdities, Njoya’s account reveals how technology, logic, and integrity seem to have been left at the door.
He describes “party presidents representing other parties,” “withdrawn candidates still represented,” and “opposition members more loyal to the ruling RDPC than the RDPC itself.”
In his words:
“Cameroon remains a political laboratory where the art of confusion has been perfected.”
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Ange NGO
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