Niger Le Burkina Faso suspend Radio Oméga pour diffusion d’un appel à la guerre avec le Niger
Les autorités du Burkina Faso ont suspendu Radio Omega en raison de déclarations militaristes d'un représentant du mouvement qui affirme vouloir restaurer la démocratie au Niger.
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"Le gouvernement prend acte de cette liberté éditoriale et assume en toute responsabilité la décision de suspendre dès ce jeudi 10 août 2023, et ce, jusqu’à nouvel ordre, la diffusion des programmes de Radio Oméga au nom de l’intérêt supérieur de la Nation", indique le communiqué.
"Présenté comme le porte-parole d’un mouvement récemment créé pour dit-il "restaurer la démocratie" au Niger, Ousmane Abdoul Moumouni, l’invité de Radio Oméga, a lui-même révélé la nature profonde de leur organisation qui milite clairement pour la violence et la guerre contre le peuple souverain du Niger", souligne encore le gouvernement.
L’ex-chef rebelle nigérien Rhissa Ag Boula a précédemment annoncé la formation d'un Conseil de la résistance pour la République en vue de restaurer le pouvoir du président Mohamed Bazoum.
Des militaires nigériens se sont rebellés fin juillet et ont annoncé la destitution du président. Ils ont proclamé chef d’État le général Abdourahamane Tchiani, qui a dirigé la garde présidentielle, et formé le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Selon les politiques nigériens, le président déchu reste détenu dans sa résidence, mais communique par téléphone avec les dirigeants et les responsables de gouvernements d'autres pays.
Les dirigeants de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont exigé que les rebelles libèrent le président avant le 7 août, les menaçant de l’emploi de la force. Cependant, le Burkina Faso et le Mali voisins ont déclaré qu'ils considéreraient toute intervention militaire au Niger comme une attaque contre eux. Les ministres des Affaires étrangères des deux pays, Olivia Ragnaghnewendé Rouamba et Abdoulaye Diop, ont adressé mardi une lettre au président du Conseil de sécurité des Nations unies pour souligner la responsabilité de cette structure pour ce qui est d'empêcher une opération armée de la Cédéao contre le Niger.
Un groupe militaire dirigé par Ibrahim Traoré a réalisé en 2022 un coup d'État au Burkina Faso, destituant le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba de la présidence. Les militaires arrivés au pouvoir ont également annoncé la dissolution du gouvernement ainsi que la suspension de la Constitution et de toute activité politique. Le 2 octobre, Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même arrivé au pouvoir par coup d'État en janvier, a signé une démission volontaire de la présidence. Le 14 octobre 2022, l'Assemblée nationale du Burkina Faso a nommé à l'unanimité Ibrahim Traoré président de la Transition.
Berlin a préparé une alternative pour se retirer du Mali suite à la mutinerie au Niger
Les autorités allemandes ont préparé des solutions alternatives pour le retrait de leurs troupes du Mali suite à la mutinerie au Niger voisin, qui devait initialement devenir une plaque tournante pour la Bundeswehr. C’est ce qu’a fait savoir la revue Der Spiegel.
Selon la source, le gouvernement allemand est convenu avec le Sénégal que les avions de transport allemands en provenance de Gao, dans le nord-est du Mali, pourraient effectuer un atterrissage intermédiaire à l'aéroport de Dakar pour y décharger du matériel ou s'y ravitailler en carburant. Par ailleurs, les autorités maliennes sont prêtes à autoriser des vols charters de Gao, où sont stationnés des militaires de la Bundeswehr, vers Bamako et de là vers l'Allemagne. Dans le passé, l’Allemagne a retiré ses troupes de Gao en passant par Niamey, la capitale du Niger.
D’après Der Spiegel, les autorités allemandes ont également élaboré un plan d'action en cas de forte aggravation de la situation sécuritaire au Niger. Des unités des forces spéciales sont déjà prêtes à évacuer les citoyens allemands du pays, même si les rebelles interdisent les vols. Dans ce cas, la Bundeswehr utilisera des avions de transport A400M ou A330 pour évacuer une centaine de militaires allemands stationnés à Niamey.
Environ 1.000 militaires allemands se trouvent au Mali dans le cadre de la mission de stabilisation des Nations unies (Minusma). Selon les sources de la revue, 200 d'entre eux devraient rentrer en Allemagne d'ici la fin de la semaine prochaine. La Bundeswehr est en train de retirer son matériel et ses équipements de Gao.
L’appui occidental à la Cédéao parle d’une ingérence possible en faveur des colonisateurs
Le soutien sans ambiguïté de l'Occident à l'accord des États membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour lancer une opération militaire au Niger indique que l’organisation pourrait intervenir en faveur des colonisateurs, estime Konstantin Kossatchiov, vice-président du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe). Selon lui, le recours à la force pourrait fortement déstabiliser la situation dans la région.
"Le soutien sans ambiguïté de l'Occident aux actions de la Cédéao contre les rebelles au Niger suggère que l'union économique pourrait en fait intervenir en faveur des colonisateurs. Et le recours à la force non seulement ne calmera pas la situation au Niger et dans la région, mais au contraire conduira à une forte déstabilisation", a déclaré à TASS le sénateur.
Il a établi des parallèles avec les événements survenus en Ukraine en 2014. "L'hypocrisie des pays occidentaux autour de la condamnation du coup d'État au Niger, la demande de rétablissement de "l'ordre constitutionnel", la reconnaissance du président déchu Mohamed Bazoum comme "seul chef d'État légitime", tout cela ne peut que ressembler aux événements de 2014 en Ukraine. Si exactement les mêmes déclarations avaient été faites aux putschistes ukrainiens à l'époque, littéralement des centaines de milliers de vies auraient été sauvées. Mais aujourd'hui, nous voyons clairement l'un des principes fondamentaux de l'"ordre fondé sur des règles", lorsque les coups d'État pro-occidentaux sont légitimes et méritent reconnaissance, tandis que les autres ne le sont pas", a souligné Konstantin Kossatchiov.
D'une manière générale, il a qualifié de "signal très inquiétant" l'annonce par le bloc ouest-africain selon laquelle il était prêt à lancer une opération militaire au Niger "dès que possible".
"Enfin, le troisième aspect, et peut-être le plus important, est la position des forces extrarégionales. Plus précisément, la France et les États-Unis. Pour les Français, le renversement du chef d’État nigérien pro-français est un coup dur pour leur influence dans la région, alors que les drapeaux russes chez les rebelles (même si tout le monde reconnaît qu'il n'y a aucun signe d'intervention russe au Niger) a rendu la situation plus grave, compte tenu de la lutte actuelle pour l'Afrique, lancée par l'Occident sur fond de conflit avec la Russie", indique le sénateur.
Josep Borrell exige la libération immédiate du président du Niger
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a exigé la libération immédiate et inconditionnelle du président nigérien Mohamed Bazoum. La déclaration publiée sur le réseau social X (anciennement Twitter) est la première réaction de l'Union européenne au sommet de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui a évoqué une opération militaire contre le Niger.
Les organisateurs du coup d’État au Niger ont pour leur part déjà prévenu qu'ils élimineraient Mohamed Bazoum en cas d'intervention militaire étrangère.
"L'UE réitère sa profonde inquiétude face à la détérioration des conditions de détention du président Mohamed Bazoum et sa famille qui, selon les dernières informations, seraient privés de nourriture, d'électricité et de soins depuis plusieurs jours", a-t-il écrit et a réclamé sa libération "immédiate et sans condition".
Des militaires nigériens se sont rebellés fin juillet et ont annoncé la destitution du président Mohamed Bazoum. Ils ont proclamé chef d’État le général Abdourahamane Tchiani, qui a dirigé la garde présidentielle, et formé le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Mohamed Bazoum reste détenu dans sa résidence.
L’Union africaine a soutenu les décisions du sommet de la Cédéao sur le Niger
L’Union africaine (UA) a soutenu les décisions du sommet de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui s’est tenu jeudi à Abuja, la capitale nigériane. C’est ce qu’a fait savoir la chaîne Al Arabiya.
"L'Union africaine soutient les décisions des pays d'Afrique de l'Ouest [Cédéao] sur la mutinerie au Niger", est-il indiqué. L'UA a également appelé la communauté internationale à "prendre des mesures pour protéger le président isolé du Niger, Mohamed Bazoum".
Les dirigeants de la Cédéao, dont fait partie le Niger, ont exigé que les rebelles libèrent le président Mohamed Bazoum avant le 7 août, notamment en menaçant de recourir à la force. Mais les pays voisins, le Mali et le Burkina Faso, ont déclaré qu'ils considéreraient une telle action comme une attaque contre eux-mêmes. L'ultimatum de la Cédéao n'ayant pas été respecté, les dirigeants de la communauté se sont à nouveau réunis à Abuja, la capitale nigériane, le 10 août. La communauté a déclaré son "engagement continu" en faveur du rétablissement de l'ordre constitutionnel au Niger. Dans le même temps, le président en exercice de la Cédéao, le président nigérian Bola Tinubu, a reconnu que l'ultimatum lancé aux rebelles nigériens pour exiger le rétablissement de la démocratie, ainsi que les sanctions imposées, n'avaient pas donné les résultats escomptés. Il a appelé au dialogue, y compris avec les rebelles qui ont pris le pouvoir.
TASS
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