Niger Toute intervention de la Cédéao au Niger sera considérée comme une occupation
Au Niger, le président du Conseil national pour le salut de la patrie (CNSP) formé par les putschistes, le général Abdourahamane Tchiani, a déclaré que toute ingérence de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) dans son pays serait considérée comme une occupation.
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"Toute intervention des pays de la Cédéao sera considérée comme une occupation", a-t-il déclaré, dans des propos repris par la chaîne Al Arabiya.
"Nous ferons tout ce qui est nécessaire et répondrons à toute attaque contre nous. Nous avons le soutien du peuple et de nombreux pays voisins", a poursuivi M. Tchiani.
"Les sanctions de la Cédéao imposées au Niger sont illégales, inhumaines et visent à diviser notre pays et notre peuple. Les sanctions de la Cédéao nous privent des fonds nécessaires au fonctionnement de nos institutions. Elles visent à nous soumettre plutôt qu'à trouver une solution. Mais nous ne permettrons pas cela", a-t-il souligné.
La nouvelle ambassadrice des États-Unis au Niger est arrivée à Niamey
La nouvelle ambassadrice américaine au Niger, Kathleen Fitzgibbon, est arrivée à Niamey, la capitale du Niger. C'est ce qu'a annoncé Matthew Miller, le porte-parole du département d'État.
"Compte tenu de la crise politique actuelle au Niger, l'ambassadrice Fitzgibbon ne présentera pas officiellement ses lettres de créance. Son arrivée ne reflète aucun changement dans notre politique, mais répond à la nécessité d'avoir une direction de haut niveau pour notre mission pendant une période difficile. Ses activités diplomatiques viseront à parvenir à une solution diplomatique qui préserve l'ordre constitutionnel au Niger et à la libération immédiate du président [Mohamed] Bazoum, de sa famille et de toutes les personnes détenues illégalement", a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine.
Associated Press a rapporté précédemment que Mme Fitzgibbon devrait arriver à Niamey d'ici la fin de cette semaine. Le poste de chef de la mission diplomatique américaine au Niger est vacant depuis deux ans, rappelle le journal.
Niger: une intervention militaire de la Cédéao attendue à tout moment
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pourrait à tout moment lancer une intervention militaire au Niger, où les rebelles ont destitué le président Mohamed Bazoum fin juillet. C’est ce qu’a déclaré le ministre de la Défense et des Anciens combattants du Burkina Faso, Kassoum Coulibaly, cité par la chaîne de télévision Al Arabiya.
Le ministre a souligné qu’une intervention militaire de la Cédéao contre le Niger était attendue à tout moment.
L’idée d’une intervention militaire de la Cédéao contre le Niger est choquante, a-t-il estimé. Le Burkina Faso soutient le Niger et est prêt à s’opposer à une éventuelle intervention militaire de la Cédéao dans ce pays, a-t-il ajouté.
Il n’a pas non plus exclu le retrait du pays de l’organisation, car la politique de cette dernière à l’égard du Niger était desraisonnable, selon lui.
Il a été rapporté vendredi que le Burkina Faso et le Mali avaient déployé des avions de combat pour répondre à toute forme d’agression contre le Niger.
Niger: l'Algérie est convaincue d’une issue politique à la crise
L'Algérie reste convaincue qu'un règlement politique négocié de la crise au Niger est toujours possible. C’est ce qu’a fait savoir le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué.
"L'Algérie reste guidée par la ferme conviction qu'un règlement politique négocié est encore possible, que toutes les voies pouvant y conduire n'ont pas encore été empruntées et que toutes ces possibilités n'ont pas été épuisées", est-il indiqué dans le document.
Selon Alger, "au moment où l'intervention militaire au Niger devient de plus en plus évidente, l'Algérie regrette profondément que le recours à la force ait pris le pas sur la voie d'un règlement politique négocié qui rétablisse pacifiquement l'ordre constitutionnel et démocratique dans ce pays frère et voisin".
"L'histoire de notre région enseigne de manière convaincante que les interventions militaires ont apporté plus de problèmes que de solutions et qu'elles ont été des facteurs supplémentaires de confrontation et de souffrance plutôt que des sources de stabilité et de sécurité", poursuit le document.
"Avant que l'irréparable ne soit commis et que la région ne soit entraînée dans une spirale de violences dont personne ne peut prévoir les conséquences imprévisibles, l'Algérie appelle toutes les parties à faire preuve de retenue, de prudence et de bon sens", a souligné le ministère des Affaires étrangères, qui exhorte à privilégier "une solution politique négociée à la crise constitutionnelle actuelle, épargnant ainsi au Niger frère et à toute la région un avenir lourd de menaces et de dangers".
Pour rappel, l'Algérie est un pays voisin du Niger avec lequel elle partage une frontière terrestre de plus de 950 km.
Sans appui extérieur, la Cédéao ne pourra pas attaquer le Niger
Les forces de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ne seront pas en mesure d'attaquer le Niger sans soutien extérieur, estime Abdourahamane Chegou, le rédacteur en chef de l'Agence de presse nigérienne (APN).
Les soldats nigériens aguerris dans la lutte contre le terrorisme
"On est sûr la Cédéao sans l'appui extérieur ne peut pas attaquer le Niger dont les soldats sont aguerris avec la lutte contre le terrorisme et la rébellion", a déclaré M. Chegou, pour qui "l'intervention [militaire annoncée] est une menace pour faire pression".
Il a toutefois noté que les autorités et le peuple nigériens ne sont pas impressionnés par les menaces. "Une forte mobilisation pour le recrutement des volontaires pour la défense de la patrie est une preuve. Ce jour des femmes ont organisé un site devant la base aérienne de la France à Niamey pour exiger le départ de ses troupes, les accords étant dénoncé par le CNSP, organe dirigeant du pays", a fait observer le journaliste nigérien.
"Le coup d'état au Niger est le 4e dans l'espace Cédéao et tous les pays concernés sont des anciennes colonies françaises, ceci traduit une remise en cause des relations qui sont loin d'être gagnant avec l'ancienne puissance coloniale dans un contexte où la démocratie se réduit au maintien d'une élite défendant les intérêts de leurs parrains occidentaux", analyse l’expert.
Des enjeux géostratégique, énergétique et économique
Selon M. Chegou, les enjeux sont notamment géostratégique, énergétique et économique. "La France maintient une base où ont été repliées les forces chassées du Mali et Burkina voisins", explique-t-il, rappelant que ce pays "est une tour de contrôle du Sahel livré aux trafics divers, une façon de déstabiliser la zone pour exploiter ses richesses, or, uranium, pétrole".
En clair, "son contrôle est stratégique rien que pour contenir les migrants africains". D’ailleurs, rappelle-t-il, "on a vu avec la fermeture de son espace aérien, son importance économique pour les compagnies aériennes".
Pour ce qui est de l’enjeu énergétique, notre pays est "producteur de l'uranium qui alimente les centrales françaises et achetés à des prix de misère". Et avec le conflit en Ukraine, "cette matière est devenue encore plus stratégique pour les occidentaux", relève le journaliste.
Enfin, le Niger est situé sur le tracé du futur gazoduc transsaharien, qui reliera les gisements du Nigeria à l'Europe en passant par l'Algérie. C’est un "pays riche en pétrole dont la production sera multiplié par 5 d'ici fin de cette année avec un projet oléoduc de plus 2000 km". Et par conséquent, tous ces enjeux expliquent la dimension de la crise nigérienne, conclut M. Chegou.
TASS
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