Niger Les militaires n’ont pas encore pris de mesure contre l’ambassadeur français à Niamey
Les rebelles nigériens n'ont pas encore pris de mesures contre l'ambassadeur de France à Niamey, Sylvain Itté, qui s'oppose à leur demande de quitter le Niger.
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C’est ce qu’a déclaré à TASS Abdourahamane Chegou, éditeur en chef de l’Agence nigérienne de presse (ANP).
"Pour le moment, les autorités n'ont pas réagi", a-t-il noté. "Officiellement, aucune déclaration ou une quelconque représailles n'ont été annoncées. Le président français [Emmanuel Macron] a réitéré ce lundi depuis Paris que [l’ambassadeur français] est maintenu tout en saluant "son travail" sur place. Les relations entre les États sont régies par des textes qui ne souffrent pas d'ambiguïté. Un État a aussi d'autres moyens de pression: rupture de fourniture d'eau et d'électricité des réseaux publics, embargo sur l'approvisionnement de vivres Ce dimanche, quelques heures avant l'expiration du délai de 48 heures, au moins 20.000 personnes ont manifesté dans la capitale pour réclamer le départ du diplomate."
Plus tôt, la chaîne Al Arabiya a fait savoir que l’ambassadeur français restait toujours dans le bâtiment de la mission diplomatique, malgré les exigences des militaires de quitter le Niger. Selon la source, une vingtaine d’employés de l’ambassade se trouvent également dans le bâtiment.
Le 25 août, les militaires ont exigé que Sylvain Itté quitte le pays dans les 48 heures. Selon la chaîne Al Hadath TV, l'ambassadeur n'a pas répondu à la convocation du ministère des Affaires étrangères, contrôlé par les rebelles, et a refusé de rencontrer leurs représentants. Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré que les rebelles n'avaient pas le droit d'exiger que l'ambassadeur de France quitte le pays car "l'agrément de l'ambassadeur émanait exclusivement des autorités légitimes du Niger".
Les manifestants nigériens appellent à coopérer avec la Russie
Un rassemblement massif en soutien au Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) s’est tenu dans la capitale nigérienne, près de la base militaire française. Les participants ont appelé à mettre fin aux relations avec la France, mentionnant les sanctions introduites par la Cédéao sous pression de Paris, informe la chaîne Al Jazeera.
Les manifestants agitaient des drapeaux de Russie et exhortaient à développer la coopération russo-nigérienne.
Hier, les participants de la manifestation à Niamey avaient exigé le retrait des militaires français, accusant Paris d’empêcher les Nigériens de profiter de ses ressources naturelles.
Selon Al Jazeera, l’ambassade et la base militaire française au Niger sont protégées par des détachements renforcés de la police.
La diplomatie allemande inquiète du sentiment anti-français au Niger
Les autorités allemandes ont exprimé leur inquiétude face au sentiment anti-français au Niger, en particulier les exigences de retrait de l'armée française du territoire du pays et de départ de l'ambassadeur de France. C'est ce qu'a indiqué Christian Wagner, porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, lors d'une réunion d'information à Berlin.
"Nous voyons naturellement avec inquiétude l'attitude anti-française de la junte", a déclaré M. Wagner lorsqu'on lui a demandé quelle était la position de Berlin après la décision de Paris de maintenir son ambassadeur à Niamey. "Nous suivons la situation et travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires", a-t-il ajouté, tout en confirmant que l'ambassadeur allemand se trouvait toujours au Niger.
Plus tôt, la chaîne Al Arabiya a rapporté que l'ambassadeur de France au Niger, Sylvain Itté, était toujours dans le bâtiment de la mission diplomatique, malgré la demande des militaires du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) de quitter le pays. Une vingtaine de membres du personnel diplomatique se trouveraient également dans l'ambassade.
Ces dernières semaines, à Niamey et dans plusieurs autres villes du Niger, des manifestations de plusieurs milliers de personnes ont eu lieu pour exiger le retrait des militaires français du territoire de ce pays africain.
Dans la soirée du vendredi 25 août, le pouvoir militaire a sommé l'ambassadeur de France à Niamey, Sylvain Itté, de quitter le pays dans un délai de 48 heures. Selon la chaîne de télévision Al Hadath, l'ambassadeur n'a pas répondu à la convocation du ministère des Affaires étrangères, qui est sous le contrôle des putschistes, et a refusé de rencontrer ses représentants.
En réponse, Paris a fait savoir par le biais de son ministère des Affaires étrangères que le pouvoir militaire n’a "pas autorité pour faire cette demande, l'agrément de l'ambassadeur émanant des seules autorités légitimes nigériennes élues".
La France continuera de soutenir le président nigérien Bazoum
Le président français Emmanuel Macron a déclaré qu’il continuait de considérer Mohamed Bazoum comme le président légitime du Niger.
La France continuera de soutenir Mohamed Bazoum, a affirmé Macron lors d’une réunion annuelle avec les ambassadeurs et les ambassadrices françaises.
Plus tôt, Le Canard enchaîné, citant des sources dans les milieux diplomatique et militaire, a rapporté que Paris était irrité par le désir des États-Unis de forger des liens avec les rebelles au Niger.
Pour rappel, les rebelles nigériens ont annoncé le 26 juillet au soir la destitution du président Mohamed Bazoum, la fermeture des frontières, l’introduction d’un couvre-feu, la suspension de la Constitution et l’interdiction de tous les partis politiques. Deux jours plus tard, ils ont proclamé chef d’État le général Abdourahamane Tchiani qui a dirigé la garde présidentielle dont les unités détiennent toujours Mohamed Bazoum.
Le 30 juillet, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) ont imposé des sanctions contre le Niger, gelant, en particulier, tous ses comptes publics et ses avoirs dans les banques des pays d'Afrique de l'Ouest. Par conséquent, Niamey n'a pas pu payer 3,76 millions de dollars de la dette principale de ses obligations d'État arrivant à échéance le 31 juillet.
TASS
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