International Le Royaume-Uni va payer les réfugiés pour les expulser vers le Rwanda
Le gouvernement britannique a mis au point un programme dans le cadre duquel les demandeurs d’asile dont les demandes ont été rejetées pourront se rendre au Rwanda en échange de 3.000 livres sterling (environ 3.500 euros) au lieu d’être expulsés vers leur pays d’origine.
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C’est ce qu’a rapporté le Times, citant un porte-parole du ministère de l’Intérieur.
"Nous étudions la possibilité d’un départ volontaire pour le Rwanda pour ceux qui n’ont pas le droit de séjourner ici [au Royaume-Uni]", a déclaré ce dernier.
Actuellement, le Royaume-Uni dispose déjà d’un système d’aide financière pouvant aller jusqu’à 3.000 livres pour les demandeurs d’asile dont la demande a été rejetée, ainsi que pour les délinquants étrangers et les autres migrants qui n’ont pas le droit de séjourner au Royaume-Uni. La particularité de ce nouveau mécanisme est qu’il n’est plus proposé de retourner dans le pays d’origine, mais d’aller au Rwanda. Le ministère britannique de l’Intérieur estime que ce dispositif pourrait intéresser les ressortissants de pays déchirés par la guerre ou autoritaires, tels que l’Afghanistan ou l’Iran. rapporte TASS
Le Times note que des dizaines de milliers de personnes pourraient potentiellement bénéficier de ce mécanisme. L’année dernière, plus de 30.000 demandes d’asile ont été rejetées. Par la suite, environ 4.000 personnes ont décidé de retourner volontairement dans leur pays d’origine. En outre, 15.000 autres personnes, principalement celles qui ont purgé une peine de prison au Royaume-Uni et celles avec un visa expiré, sont retournées d’elles-mêmes dans leur pays d’origine. En outre, 6.400 personnes ont été expulsées.
Néanmoins, ces chiffres sont inférieurs à ceux enregistrés dans le pays lorsque le Parti conservateur est arrivé le pouvoir en 2010, où le nombre de retours volontaires dépassait les 30.000 par an et près de 14.000 personnes étaient expulsées vers leur pays d’origine.
Selon le Times, le Rwanda est prêt à fournir un logement à tous les immigrants pour une durée de cinq ans, à lancer des programmes d’intégration et à les aider à accéder à l’éducation et à l’emploi. Ceux qui n’acceptent pas ce nouveau dispositif resteront au Royaume-Uni dans l’incertitude: sans logement et sans droit de travailler ou d’avoir des allocations. "Nous espérons que les demandeurs d’asile déboutés qui n’ont aucun droit aux allocations ou au travail au Royaume-Uni et qui peuvent vivre dans des hôtels pendant de longues périodes voudront profiter de cette opportunité", a déclaré une source au sein du gouvernement britannique.
Envoi au Rwanda
En janvier, la Chambre des communes (chambre basse du parlement britannique) a adopté un projet de loi visant à envoyer les immigrés clandestins au Rwanda pendant le traitement de leur demande d’asile. Ce projet avait été présenté il y a près de deux ans par le cabinet de Boris Johnson. Jusqu’à présent, il n’a pas pu se concrétiser en raison de la position des tribunaux britanniques, qui ont estimé que les immigrants expulsés vers le Rwanda risquaient d’être renvoyés vers leur pays d’origine, où leur vie et leur santé pourraient être mises en danger.
Pour contourner cet obstacle, le gouvernement de Rishi Sunaka a signé un nouvel accord avec le Rwanda afin d’évacuer une possibilité d’expulsion vers le pays d’origine et a en outre soumis au parlement un nouveau projet de loi déclarant le Rwanda pays sûr et comportant des mesures qui visent à limiter la possibilité pour les migrants de contester la décision d’expulsion devant le juge.
Le projet de loi est actuellement débattu et amendé par les membres de la Chambre des lords (chambre haute). Il retournera à la Chambre des communes le 18 mars. Comme le souligne le Times, le gouvernement espère que l’initiative sera approuvée d’ici la fin mars.
Problème de migrants illégaux
Le nombre de migrants illégaux arrivant à bord de bateaux gonflables par la Manche n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Au total, plus de 110.000 clandestins ont traversé la Manche pour entrer au Royaume-Uni depuis 2018, malgré les promesses du Parti conservateur de contrer l’immigration clandestine.
Les clandestins sont généralement placés dans des centres d’accueil spéciaux pendant l’examen de leur demande d’asile, mais le nombre de ces centres est insuffisant. Selon le Times, l’hébergement des migrants coûte environ 4 milliards de livres (presque 4,7 milliards d’euros) par an aux contribuables britanniques. Héberger les clandestins dans les hôtels coûte ainsi près de 6 millions de livres (plus de 7 millions d’euros) par jour.
DCK
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