Cameroun - Nigeria Cameroun - Amchidé: 15 nigérians tués dans des affrontements avec les forces de l'ordre
Soupçonné d'appartenir à la secte Boko Haram, ils tentaient d'échapper à leur rapatriement dans leur pays.
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L'opération banale menée le 8 octobre 2013 par les forces mixtes constituées de gendarmes et de policiers avait tout l'air d'un simple rapatriement d'une centaine de Nigérians en situation irrégulière au Cameroun. 111 nigérians avaient en effet été interpellés les 4 et 5 octobre 2013 dans plusieurs villages frontaliers du département du Mayo-Sava dans le cadre de la traque des membres de la secte Boko Haram. L'opération conduite par le délégué régional de la Sûreté nationale pour l'Extrême-Nord et le commandant de légion de gendarmerie de cette même région avait également permis de mettre la main sur 2 fusils AK 47 (N° 56-35018922 et 56-2.E.60162), 3 boîtes de chargeurs, 88 munitions de calibre 7,62 mm, 03 VA et 48 motos.
Au moment d'être officiellement remis aux autorités nigérianes ce 08 octobre, au poste Emi-Emmigration de Banki, trois membres de Boko Haram embusqués ont tiré des coups de feu en direction du camion chargé de nigérians, créant un affolement parmi les passagers. Pris de panique, ils ont cherché à s'échapper soit pour se soustraire aux autorités nigérianes, soit pour échapper aux tirs. Pendant que les forces de l'ordre nigérianes se lançaient à la chasse des membres de la secte Boko Haram ayant ouvert le feu, les forces de l'ordre camerounaises, elles, tiraient sur les fuyards, tuant 13 d'entre eux et en blessant 9. Les blessés récupérés côté Cameroun ont été transférés à l'hôpital départemental de Mora. Deux d'entre eux ont trouvé la mort quelques heures après leur internement, portant le nombre de morts à 15. Toujours côté Cameroun, 19 fuyards ont été rattrapés et gardés à la compagnie de gendarmerie de Mora et 21 autres mis dans les cellules de la sécurité publique.
Quant aux autres qui tentaient de s'échapper côté Nigéria, difficile de fournir un bilan chiffré aussi bien sur le nombre de morts, de blessés que de ceux qui ont été rattrapés.
Les membres de la secte avaient-ils été informés du rapatriement des nigérians dont plusieurs de leurs camarades?
Vraisemblablement. A moins qu'ils aient pensé que leur camarade Bana Momodu, 30 ans, interpellé quelques heures plutôt à Amchidé en compagnie de deux de ses lieutenants, alors qu'ils y avaient tous trouvé refuge après un raid mené à Banki, se trouvait dans le contingent des rapatriés. Or manifestement, lui et ses complices sont toujours détenus au Cameroun. Selon nos informations, ils devraient être remis aux autorités nigérianes après exploitation.
POLÉMIQUE
Des sources militaires nigérianes citées par plusieurs médias donnent un bilan des affrontements supérieur à celui avancé par les forces de l'ordre camerounaises et de nombreuses sources indépendantes. Selon «The Punch», un journal nigérian local qui cite une source crédible, il y aurait eu entre 160 et 180 morts lors de ces affrontements. Bien plus que le nombre des nigérians à rapatrier. A moins encore que ce ne soit le bilan journalier des affrontements dans le secteur. Le commandant de la troisième brigade de l'armée nigériane, le général Illiyasu Abba, a admis devant les médias que ce même 8 octobre 2013, la Joint task force et d'autres forces de sécurité avaient mené plusieurs raids dans des villages de la frontière. Et qu'en réaction, des concessions et boutiques avaient été réduites en cendres, particulièrement dans la localité de Kirawa-Nigeria.
Selon les témoignages des habitants, après leur forfait, de nombreux combattants de la secte avaient trouvé refuge à Kirawa-Cameroun.
Le 11 octobre, un convoi mixte composé de policiers et de gendarmes se dirigeait vers le secteur pour procéder à des nouvelles rafles et empêcher que les membres de la secte ne s'installent confortablement. «Ils ont rebroussé chemin parce qu'une haute personnalité de la localité a intervenu en haut lieu pour mettre fin à l'opération. Il semblerait qu'il ait déclaré que trop de familles sont déjà endeuillées dans la zone et qu'il ne fallait pas davantage faire couler de larmes», a expliqué un officier supérieur en poste à Maroua.
Bien qu'encore timide, le Nigéria se félicite du bout des lèvres de la nouvelle politique offensive du Cameroun à ses frontières. Il espère ainsi prendre en tenaille les membres de la secte, d'où la pression constante qu'il exerce sur eux dans l'Etat de Borno. «Nos voisins, à travers leurs instruments de sécurité, sont impliqués dans les opérations pour compléter ce que nous faisons contre le terrorisme», a toutefois tempéré leu directeur de l'information à la Défense, le général de Brigade Chris Olukolade.
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