France. Anciens chefs d'Etats: De la magistrature suprême à la forfaiture extrême

Christian Lang | Repères Jeudi le 20 Mars 2014 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
M. Nicolas Sarkozy, ancien Chef d'Etat français, est actuellement au cœur de moult controverses. Celui qui a gouverné la France entre 2007 et 2012 est au centre de plusieurs procédures judiciaires. Au quotidien, certains anciens présidents de la République égrènent un long chapelet de déboires après avoir arpenté les sentiers de la gloire.

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DES ENNUIS JUDICIAIRES A LA PELLE

A considérer le nombre de scandales auxquels son nom est directement lié, l'on a l'impression que M. Nicolas Sarkozy a passé une éternité à la présidence française. Pourtant, il n'y est resté que cinq ans. L'ancien Chef d'Etat français est cité dans l'affaire Liliane Bettencourt, cette Milliardaire de 91 ans à qui M. Sarkozy aurait intelligemment extorqué de l'argent pour financer sa campagne présidentielle en 2007. Dans le même ordre d'idées, certaines sources estiment aussi qu'il aurait aussi bénéficié du soutien financier de l'ancien Guide libyen, Mouammar Kadhafi. Autre scandale: l'ancien Chef d'Etat français a, apparemment, eu abondamment recours aux sondages durant son séjour élyséen. La consommation à grande échelle des enquêtes de préférence par M. Sarkozy aurait coûté près de 3 millions d'euros au Trésor français. Exorbitant. Une enquête est en cours.

La vie de l'ex président français intéresse abondamment la justice de son pays. Celle-ci est allée jusqu'à mettre le téléphone de M. Sarkozy sur écoute. Les magistrats ont alors intercepté ses conversations avec son avocat, Me Thierry Herzog. Un entretien téléphonique révèle que M. Sarkozy et son défenseur auraient été renseignés sur le développement de l'affaire Bettencourt par un magistrat, M. Gilbert Azibert. Une affaire qui rallonge ses ennuis judiciaires. «Depuis que Sarkozy a quitté l'Elysée, en mai 2012, les affaires judiciaires éclosent comme des champignons après la pluie, sans qu'il soit aisé de démêler si elles sanctionnent une pratique exceptionnellement délictueuse du pou¬voir ou si elles témoignent d'un acharnement à son encontre de certains magistrats», a récemment écrit Jeune Afrique.

M. Jacques Chirac est le prédécesseur de M. Sarkozy à l'Elysée. Les deux hommes ont eu le même destin politique et judiciaire. Celui qui a hérité de la présidence française après M. François Mitterrand a lui aussi, fait face à la justice de son pays après ses deux mandats présidentiels. Celui qui fut également maire de Paris a été incriminé dans l'affaire des emplois fictifs dans cette municipalité. Lorsque M. Chirac faisait face à la justice, M. Sarkozy trônait à l'Elysée; quand certaines langues évoquaient un acharnement politico-judiciaire, le Président de la République française d'alors balayait ces arguments, d'un revers de la main, arguant que la justice faisait son travail et rien que son travail.

Augusto Pinochet a gouverné le Chili d'une main de fer de 1974 à 1989. Celui qui renversa Salvador Allende n'a pas eu que des jours heureux après la magistrature suprême. En 1998, le général Pinochet séjourne dans une clinique à Londres. La justice espagnole demande alors son extradition pour qu'il vienne répondre des crimes qui étaient imputés à sa dictature. Affaibli par une santé chancelante, l'on le verra dans un état pitoyable devant la justice espagnole. Les poursuites n'ayant pas abouti, ce n'est qu'en 2000 qu'il a été rapatrié dans son pays natal où il a rendu l'âme en 2006. M. Hissène Habré, ancien président tchadien, doit affronter la justice. Certains de ses compatriotes affirment avoir subi des exactions quand Hissène Habré était l'homme fort de N'djamena. Les accusateurs de l'ex Chef d'Etat exigent que justice soit faite. Une option que soutient l'actuel régime tchadien.


LA CELLULE APRÈS LE PALAIS

Le parcours de certains chefs d'Etats est l'inverse de celui de M. Nelson Mandela qui a connu la gloire politique après avoir égrené un long chapelet de déboires ponctué par une longue peine privative de liberté. Il s'agit de ceux-là qui sont livrés à la justice après avoir présidé aux destinées de leur pays. Dans cette catégorie, l'on peut citer le cas de M. Laurent Gbagbo qui a été président de Côte d'Ivoire pendant près de onze ans avant d'être «déguerpi» manu militari de la présidence ivoirienne en avril 2011 au terme d'une élection présidentielle cahoteuse aux résultats controversés. Celui qui, jusqu'à ce 11 avril 2011 se prévalait toujours du titre de Président de la République, a subitement changé de statut. Il a revêtu la casquette de prévenu. Après avoir été incarcéré dans son pays natal, il a été mis à la disposition de la Cour pénale internationale qui l'a transféré à la Haye. Les charges ne sont pas encore suffisamment établies pour son procès; mais il poursuit son séjour dans les geôles de la Cpi, loin de son épouse, Simone, elle aussi traduite en justice.

Le sort de M. Hosni Moubarak est similaire à celui de l'ancien président ivoirien, à la seule différence que l'ex Chef d'Etat égyptien est jugé dans son pays. Après une révolution populaire, le général qui trônait à la présidence égyptienne depuis 1981 a quitté la magistrature suprême sous la pression de la rue vindicative. La justice de son pays a alors entrepris de le juger. L'ex rais a perdu de sa superbe physique. Son état de santé ne dissuade guère la justice. Dans sa déconvenue politico-judiciaire, M. Hosni Moubarak n'oserait envier le sort de son ancien homologue irakien, Saddam Hussein. Celui qui avait des envies expansionnistes sur l'Iran et le Koweït a été vaincu par une coalition internationale menée par le duo américano-britannique en 2003, après 24 ans de magistrature suprême sans discontinuer. Capturé comme un vulgaire brigand en décembre 2003, il a été incarcéré, jugé et condamné à mort. L'ex dirigeant irakien a finalement été pendu. M. Jean Bedel Bokassa, qui s'était autoproclame empereur de la RCA en 1977 après s'être proclamé président à vie, a vu ses ambitions écoutées par un coup d'Etat en septembre 1979. Après l'exil, il est revenu dans son pays natal en 1986. Il a été arrêté et condamné à mort en 1987. Un an plus tard, il bénéficie d'une commutation de peine; il est libéré en 1993. Il décède finalement en 1996 à l'âge de 75 ans.


L'EXIL APRÈS DES VISITES D'ETAT

Dans son exil saoudien, M. Ben Ali, qui est resté à la tête de la Tunisie entre 1987 et 2011, doit certainement envier le sort de certains anciens chefs d'Etat, ceux-là qui ne sont pas honnis par leur peuple et qui ne sont pas contraints de vivre reclus dans un pays étranger. Il pense certainement au bonheur d'un Abdou Diouf qui séjourne allègrement au Sénégal lorsque son agenda le lui permet. Il envie assurément un Bill Clinton ou un George W. Bush, qui peuvent voltiger comme des papillons de pays en pays, mais qui peuvent vivre dans le pays qu'ils ont gouverné. La probabilité d'un retour de M. Ben Ali en Tunisie est très étroite, voire nulle. Son come-back lui garantirait probablement un lynchage populaire, la rue tunisienne étant devenue très belliqueuse. Les derniers jours d'un Président de la République qui a la réputation de dictateur ne sont jamais un long fleuve tranquille. Le démenti ne viendrait pas de M. Idi Amin dada, ce militaire qui évinça M. Milton Obote de la présidence ougandaise en janvier 1971. Son règne ne dura que huit ans, puisqu'il fut renversé en 1979.

L'Ouganda ne lui était plus une terre hospitalière. Il s'est donc exilé précautionneusement à Djedda en Arabie Saoudite. C'est avec beaucoup de sobriété que son décès avait été annoncé en 2003. Une nouvelle accueillie avec indifférence par les autorités ougandaises.

M. Ange Félix Patassé avait au moins de quoi pavoiser. Il est arrivé au pouvoir en 1993 en RCA au terme d'une élection présidentielle. Après avoir longtemps fait face à plusieurs crises sociopolitiques internes, il est finalement évincé de la magistrature suprême par M. François Bozizé en mars 2003. M. Patassé fait d'abord escale au Cameroun, avant de trouver une terre d'accueil au Bénin. Il revient au Cameroun en 2011. Il meurt peu après des suites de maladies, sans que son vœu de revenir en politique ne prenne corps. La trajectoire de M. Bozizé a quasiment épousé les mêmes contours que celle de M. Patassé. Après son éviction, il est aussi venu au Cameroun, avant de se rendre en France. Certaines sources indiquent qu'il serait retourné dans son pays natal. M. Mobutu n'aura pas eu l'opportunité de vivre ses derniers jours au Zaïre, le pays sur lequel il a trôné pendant plus d'un quart de siècle. Après avoir été renversé par une rébellion conduite par M... Laurent Désiré Kabila, l'ex Chef d'Etat s'était réfugié au Maroc où il a rendu l'âme, fragilisé par la maladie. Les actuelles autorités de la RD Congo proclament vouloir rapatrier les restes de cet ex Président de la République.


DU MALHEUR D'ÊTRE CHEF D'ETAT

La gloire présidentielle a son revers: une vie disgracieuse après la magistrature suprême. La vie de certains chefs d'Etats ou d'anciens présidents prend souvent des allures dramatiques. L'on se souvient de la charcuterie de M. Samuel Doe au Liberia en 1988, ou de la tuerie sauvage de Nino Viera en Guinée Bissau en 2009. M. Anouar el Sadate n'a pas eu un sort plus reluisant en Egypte. L'on se souvient de son assassinat en 1981 par les Frères musulmans. M. Mouammar Kadhafi connaîtra aussi une fin de parcours sanglante et violente. Aux Etats-Unis, l'on évoque les assassinats de MM. John F. Kennedy et d'Abraham Lincoln. La liste des présidents de la République tués violemment en cours de mandat est très longue, d'un continent à l'autre.

Il y a aussi ces anciens chefs d'Etats qui revêtent pratiquement le statut de parias après leur passage à la magistrature suprême. Autant les Allemands peuvent évoquer avec fierté le nom de Konrad Adenauer, autant le chauvinisme n'entoure pas le patronyme d'Hitler, étroitement associé au nazisme et à toutes sortes d'atrocités. C'est avec beaucoup de sobriété verbale que les Italiens font référence à M. Mussolini dont le nom apparaît comme le versant incitatif du fascisme. M. Salazar est loin d'être une référence de gloire au Portugal, alors que M. Franco évoque des souvenirs abominables aux Espagnols.

Certains anciens chefs d'Etats ont souvent été jugés et condamnés par contumace. MM. Ahmadou Ahidjo au Cameroun et Pascal Lissouba au Congo en savent quelque chose. L'évolution technologique a des effets sur les comportements politiques des peuples qui peu¬vent s'organiser sur Internet et les réseaux sociaux pour contes¬ter une autorité politique. M. Suharto en Indonésie en sait quelque chose, lui qui fut évincé depuis des années 2000, les manifestants ayant coordonné la protestation en se servant d'Internet. Il y en a qui ont été «déguerpis» du pouvoir par les Etats puissants. M. Manuel Ortega au Nicaragua en est une évocation éloquente. 

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