Cameroun - Livre. La vie éternelle de Kotto Bass

Rita DIBA | Cameroon-tribune Jeudi le 28 Septembre 2017 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le bassiste raconté par le roman de sa nièce, Danielle Eyango

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Cinq ans déjà. En effet, le livre « Kotto Bass. Comme un oiseau en plein envol » a été publié en 2012 aux Editions du Protocole. Résultat de conversations par-delà le mur de la mort, sur une période de onze ans, entre deux « oiseaux » : le bassiste disparu en 1996 et sa nièce Danielle Eyango. Et si on reparle en 2017 de ce livre-thérapie de Danielle Eyango, c’est à la faveur d’une séance de dédicace le 9 septembre dernier au magasin Fnac de Douala. Une initiative qui, en ce mois de rentrée scolaire, avait un but caritatif pour les enfants handicapés de « La Case de Tonton Vieux », la fondation Kotto Bass créée par Danielle Eyango pour continuer à faire vivre son oncle, son père. 300 exemplaires à 7500 F l’unité, mis en vente dans les rayons pour changer la vie de plusieurs jeunes défavorisés.


Ce nouveau coup de projecteur est donc l’occasion de revenir sur ce roman pas tout à fait fictionnel de 188 pages, première œuvre de la nièce de Kotto Bass et dernière du bassiste. Pourquoi livre-thérapie ? « J’écris pour guérir », répond l’auteur. Et c’est un vrai traitement choc que Danielle Eyango partage avec le lecteur, dans un univers où les frontières entre le monde physique et le mystique se brouillent. Le voile entre les vivants et les morts se déchire. Ce voile, c’est aussi Kotto Bass. Qui, bien qu’ayant quitté la réalité visible, redevient le psy, le refuge de la fille de sa sœur ainée, avec qui il entretient un lien que seules leurs âmes peuvent raconter.
Et quand le voile se déchire, Dany se sépare de son double maléfique, un être malade de haine et de rancœur. Un être à l’écriture féroce, dépouillée qui raconte le drame d’une famille, comme beaucoup d’autres sous nos cieux, dont l’unique lien est celui du sang. Et dans un style où l’instant présent, le passé (où apparaissent quelques éléments de la vie de Kotto Bass) et l’onirique s’entremêlent, la prose et la poésie se chevauchent, l’atmosphère n’est pas toujours lourde. Car l’auteure sait manier la distanciation. Par l’humour, par l’ironie.
Et si vous trouvez quelconque désordre dans la construction de l’œuvre, il suffira de jeter un coup d’œil à la note de l’auteure en page 5 : « son histoire, il l’a voulue ainsi. Comme des jets désordonnés de peinture sur un mur, sans respect strict de la chronologie. L’essentiel est ailleurs. » Dans le processus de guérison sans doute. Dans cette écriture volcanique, un diamant brut auquel l’éditeur n’aura malheureusement pas su donner tout son éclat.

 

 Danielle Eyango: « L’écriture reste pour moi une thérapie »

Ecrivaine

 

Votre tout premier roman est consacré à la vie de votre oncle maternel, le célèbre artiste-compositeur-musicien-arrangeur Kotto Bass, de regrettée mémoire. Comment naît un tel projet littéraire ?



Il faut le dire, son écriture naît d’une façon assez atypique. En 2000, soit quatre ans après le décès de Tonton vieux (sobriquet de Kotto Bass dans le cadre familial), j’ai 18 ans, je suis étudiante à l’Université de Buea. Il me vient en songe au milieu de la nuit. Il me demande de retranscrire tous nos futurs échanges. Sur le coup, je suis dubitative. Je reste attachée au diktat des faits, à cause de ma formation de juriste. A sa troisième apparition, il se fâche et me donne l’injonction de sauvegarder nos entretiens. Ce que je fais au départ en guise de débarras, sauf que ce scénario va se prolonger par intermittence durant onze ans. En 2011, il me demande de lui lire ce que j’ai eu à écrire. A la fin de ma lecture, il s’écrie : « ça y est ! L’oiseau peut s’envoler. Il n’est plus malade ». D’où le titre de l’œuvre. Je me rends compte qu’il m’a bernée et qu’il est venu me guérir de beaucoup de haine et de rancune à la suite de crises familiales intervenues après son décès. L’oiseau, c’est à la fois lui et moi. Déjà, il existait des dissensions familiales. Il est vrai que le roman a encore créé un tollé. Toutefois, on compte également des réconciliations.

21 ans après son décès, qu’est-il entrepris pour entretenir la mémoire de Kotto Bass ?


En 2015, j’ai mis sur pied une fondation baptisée « La case de tonton vieux, fondation Kotto Bass ». Elle vient en aide aux enfants ayant son profil, donc qui sont atteints d’un handicap et qui viennent d’une famille pauvre. La fondation a totalement refait sa tombe. Nous avons environ 300 enfants inscrits chez nous. A travers son nom, la fondation appuie ces enfants durant la rentrée scolaire.

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