Législatives 2012. Biométrie, bulletin unique.. l'avis des hommes politiques

Le Messager Jeudi le 29 Mars 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Quand la classe politique n’accorde pas ses violons Eternelle insatisfaite ? C’est du moins le sentiment que la classe politique camerounaise laisse transparaître au moment où un projet de loi sur l’institution d’un bulletin unique est déposé sur la table des députés. Après la refonte des listes électorale suivie de la biométrie, l’harmonisation du code électoral, considérées par ses géniteurs comme gage de modernisation du processus électoral, les réformes engagées sont diversement appréciées par les leaders et cadres politiques de différentes chapelles. Morceaux choisis.

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Osih Joshua, premier vice-président du Social democratic front (Sdf) . «Nous sommes méfiants vis-à-vis de ce processus»

Je pense qu’il faut dire, à priori, qu’il s’agit des annonces de réformes. Aucun de ces changements n’a encore été matérialisé par les textes. Au Sdf, nous attendons toujours. Nous savons très bien comment le parti au pouvoir fonctionne. Nous sommes méfiants vis-à-vis de ce processus tout en étant très attentif. Et, si tout ce qui s’annonce va effectivement dans le sens de ce que le Sdf demande depuis plusieurs années maintenant, ce sera quelque chose de positif pour la démocratie camerounaise.

Aujourd’hui, il est important d’avoir une démocratie véritablement vivante dans ce pays, ne serait-ce que pour le bien-être commun et aussi pour la croissance économique. Les investisseurs ne viennent pas au Cameroun parce que la démocratie est quasi inexistante. C’est très important de garantir, l’alternance. Vous savez que les gens n’investissent pas au Cameroun parce qu’ils ont peur du fait que les Camerounais ne peuvent pas, d’une manière institutionnelle, garantir l’alternance à la tête de l’Etat.

Et c’est pour cela que les investisseurs ne prendront jamais le risque s’ils ne savent pas avec qui ils devront traiter demain ou, avoir les garanties. Et puis, le gouvernement ne semble pas savoir que l’opposition doit être prise
en compte pour que le processus électoral soit véritablement consensuel et démocratique. Ils ont pris note de nos propositions. Nous espérons qu’elles feront partie du code électoral qui sera proposé à l’Assemblée nationale.

Nous nous félicitons par ailleurs du fait que, nous avions déjà identifié que l’assainissement du processus électoral est un impératif au développement de notre pays. Vous savez, il faut aller au-delà des trois annonces. Nous
avons relevé une cinquantaine de points nécessaires pour que le processus soit juste. Il y a des ajustements constitutionnels. Nous pensons aussi que le système électoral doit être revu. Il y a nécessité de faire une élection présidentielle à deux tours. C’est un impératif dans toute démocratie qui se respecte. Nous pensons aussi aux systèmes électoraux aux législatives. Avec deux chambres (la haute et la basse) à l’Assemblée nationale, l’élection législative devrait être à liste unique et pas sur une base de redécoupage du pays. Dans l’intérêt de la sauvegarde de nos traditions et de nos cultures, l’autorité traditionnelle doit être en dehors du processus électoral.

Nous pensons que dans la haute chambre, le Sénat, tous les membres doivent être élus par suffrage direct. Voilà quelques propositions que nous faisons pour que tout le monde puisse être véritablement d’accord avec le processus électoral. Nous avons des propositions beaucoup plus importantes au niveau de la pénalisation de la fraude électorale. Dans les pays où il y a très peu de fraude c’est parce qu’il y a répression. Au Cameroun, ce n’est pas le cas. Lors de l’élection de 2007, il y a eu 340 recours en annulation auprès du Conseil constitutionnel et personnes n’est en prison pour fraude électorale. Il faut agir sur la pénalisation des délits de fraude électorale. Il faut aussi travailler sur la sécurisation des résultats. Il est regrettable qu’il n’y ait aucun mécanisme de sécurisation des résultats et des procès-verbaux des résultats au Cameroun. Tous ces mécanismes sont pourtant faciles à mettre en place.

Les procès pour délits électoraux sont gérés au bon vouloir du premier président de la Cour constitutionnelle. C’est pour cela qu’il doit être encapsulé dans un code. Et, nous espérons qu’au moins 70 à 80% de nos demandes seront prises en compte pour que les Camerounais sortent définitivement de ce contentieux préélectoral permanent. Pour rentrer dans une démocratie où les Camerounais pourront débattre plutôt des idées et proportionnelle.

Nous pensons également avoir le libre choix de leurs représentants. En ce qui concerne le redécoupage, pour ce qui est des municipales, la seule chose que nous demandons c’est que les sièges dans les conseils municipaux soient proportionnels aux résultats obtenus.

Kah Walla, présidente du Cameroon people party (Cpp). «Nous regrettons cette démarche morcelée, mais nous sommes peu étonnés.»

A ce jour et de façon formelle, aucun texte n’a été déposé à l’Assemblée nationale. Ce qui aurait dû être fait au moins depuis le début de la session pour permettre à tous les acteurs concernés de faire des propositions afin
qu’on aboutisse à des résultats consensuels qui répondent aux besoins de reformes qu’a notre système électoral. Dans le pire des cas le texte sur la reforme aurait dû accompagner celui sur la prolongation des mandats
des députés qui a été déposé le 27 mars 2012. Nous regrettons cette démarche morcelée mais nous sommes peu étonnés. La seule conclusion à tirer en tant que Camerounais est celui de redoubler de vigilance en sachant que le peuple est le seul garant d’un processus de reforme effective et donc des élections libres et transparentes.

Annoncés tels que la refonte des listes électorales, la biométrie et le bulletin unique vont dans le bon sens et constituent une partie des revendications faites par les partis de l’opposition et de la société civile. Si ces annonces
sont mises en œuvre de manière consensuelle et en respectant les normes et meilleures pratiques dans le domaine, elles permettront des avancées dans le processus tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Mais il convient, compte tenu des expériences passées, d’aller au- delà des annonces pour regarder le contenu exact et la démarche de mise en œuvre. Il faut aussi signaler que les éléments en discussion restent insuffisants à satisfaire l’ensemble des revendications qui se situent également aux niveaux politique, juridique et technique. Au-delà des attentes, nous avons formulé des propositions. Tout d’abord, nous suggérons une démarche systématique de dialogue et de travail dans la conduite de la reforme. Dans cette logique, la mise en place d’un groupe de travail comprenant les représentants des partis politiques et organisations de la société civile s’impose pour s’assurer : de la définition d’un agenda sérieux et complet de reformes ; de l’adoption de mesures consensuelle ;du fonctionnement véritable des commissions électorales mixtes. En l’absence d’une démarche inclusive, transparente et consensuelle de reforme du système électoral, nous courons le risque de rater une occasion historique de renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit dans notre pays.

Fritz Ngo’o, président du Mouvement écologiste (Mec). «La biométrie n’est pas l’apanage du processus électoral»

Tout cela est beau en parole mais aussi abstrait pour la compréhension. Les Camerounais veulent du concret. C’est ce que nous avons demandé au parti au pouvoir puisque les lois passent forcément par l’Assemblée
nationale qu’il occupe en majorité. Aujourd’hui, nous voulons d’un processus électoral crédible. Mais pour avoir ce processus, il y a un problème de la qualité des Hommes qui doivent l’implémenter. Nous avons confié cette préoccupation au président d’Elections Cameroon (Elecam). Je trouve dans le même temps que la biométrie est lourde de conséquence.

Les gens ne maîtrisent même pas ce que c’est la biométrie. Lorsqu’on parle de refonte biométrique cela n’à aucun sens. Elle n’aura de sens que si les gens sont honnêtes. Il nous paraît plus indiqué de procéder à un redécoupage administratif et électoral. Nous avons d’autres problèmes. La biométrie n’est pas l’apanage du processus électoral. Il y a des problèmes beaucoup plus importants. Nous avons un problème de financement des partis politique qui est sans suite depuis de nombreuses années. On ne fera jamais l’alternance tant que les petits partis politique, comme d’aucuns le disent vulgairement ou relativement, ne pourront jamais mettre des scrutateurs dans tous les bureaux de vote. La biométrie n’est qu’un projet de plus, destinée à offrir aux français de l’argent alors que les défis sont ailleurs. Il y a des préoccupations telles que l’accès et la distribution de l’eau potable et de l’énergie dans les villes et villages du Cameroun.

J’ai néanmoins des craintes parce que les gens qui sont au pouvoir ne comprennent pas que le temps est venu de faire une élection transparente et crédible. Nous n’avons même pas encore maîtrisé l’informatisation du
fichier et nous voulons la biométrie. Je suis persuadé que sur 20 millions de camerounais, 5 % ne comprennent rien à cette histoire de biométrie. On a l’impression que le Cameroun veut faire plaisir à quelques personnes de
la communauté internationale. Je suis d’accord que le bulletin unique soit utilisé lors de la présidentielle mais pour les autres élections son usage me paraît un peu compliqué.

Hervé Emmanuel Nkom, membre du comité central du Rdpc. «Le président souhaite qu’on construise une République exemplaire»

Ceux qui suivent l’actualité politique ont dû constater que ce soit lors du discours magistral et fondateur du troisième congrès ordinaire ou à la prestation de serment, le président de la République nous a invités
aux grandes réalisations. Et, parmi ces grandes réalisations, il y a des réalisations immatérielles. La modernisation de notre vie institutionnelle.

Donc, le président souhaite qu’on construise une République exemplaire avec une démocratie apaisée et tous ce qui concourt à créer des conditions objectives, pour que personne ne prenne prétexte pour créer une entreprise
de chao et de contestations. Parmi ces éléments de construction d’une démocratie apaisée, il y a la loi électorale, il y a la mise à niveau et l’actualisation des listes électorales ainsi que tous les éléments de sécurité. Des éléments qui contribuent à mettre en confiance les uns et les autres pour que nous ayons encore des élections justes, transparentes et incontestables. Parce qu’il faut le dire, nous tirons aussi là les leçons des dernières élections. Et, en même temps, nous projetons vers la dynamique nouvelle. Ce qui fait que, conformément à la Constitution, le gouvernement a déposé un projet de loi pour prolonger le mandat des parlementaires.

Nous sommes dans l’attente pour savoir si le mandat des conseillers municipaux ne va pas être prolongé. C’est tout un ensemble de lois et de décisions respectant la constitution qui participe à la construction de cette République exemplaire. Nous n’avons pas besoin d’une guerre civile pour vivre ensemble.

Nous avons les capacités de progresser ensemble. Et, vous avez vu que, contrairement à ce que les autres prédisaient, nous n’avons pas connu de troubles. Nous sommes restés un pays calme. Maintenant, nous pouvons
continuer cette marche vers cette grande démocratie. Il est par ailleurs à préciser que nous n’allons pas fonctionner dans une République de chantage. Personnellement, je pense qu’on aurait procédé à une grande
révision des listes électorales au lieu de la refonte. Une refonte intégrant tout le monde y compris ceux qui n’étaient pas inscrits. La biométrie est discutable. Je pense que dans un Etat où l’état civil n’est pas suffisamment
sécurisé, c’est un peu la charrue avant les bœufs. Autant le bulletin unique est discutable. Même dans les grandes démocraties on ne voit pas le bulletin unique. Je pense que, sous réserve, de tout ce que l’opposition demande a ses avantages et ses inconvénients. Le gouvernement, sous instruction de notre président de la République a demandé que l’on rentre dans une République apaisée. Chacun dans ce contexte doit savoir les limites de ses demandes. Il ne faut pas faire la course au chantage. Je vous fais remarquer que les cartes d’électeurs ne sont pas numérisées. Encore moins aux Etats-Unis. En réalité, nous devons construire la conscience commune. Chacun doit aller inscrire ses électeurs et redonner une nouvelle impulsion à la démocratie.

Propos recueillis par Joseph OLINGA

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