Législatives 2013. Cameroun. les micmacs des investitures

Dobell | Le Messager Vendredi le 26 Juillet 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Ainsi en ont décidé les grandes formations politiques que sont le Rdpc et le Sdf. Si le premier parti de l’opposition néanmoins lève un pan de voile sur certaines circonscriptions peu sensibles du point de vue des hiérarques, c’est presque le black-out total sur les listes du parti au pouvoir.

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Cela se passe dans la pure tradition des partis communistes de l’ex-Urss, de Chine ou de Cuba. La raison n’est pas à chercher comme une épingle dans un sac de riz. Ces investitures auront été une véritable foire d’empoigne avec des trafics et marchandages en tout genre. Les médias n’ont d’ailleurs pas fini d’en parler. Dans les états-majors des partis politiques, on a cru éviter les luttes fratricides en contournant les primaires. Les leaders des principaux partis, notamment ceux du Rdpc et du Sdf ont oublié qu’il s’agit des élections locales. Les primaires devaient amener les exécutifs communaux et les députés sortants à défendre leurs bilans, les candidats déclarés à présenter leurs projets pour solliciter les suffrages des électeurs. En sélectionnant des hommes et des femmes selon les critères définis par les « guides éclairés » que sont Paul Biya et Ni John Fru Ndi – des critères contournés à différents niveaux des investitures – nos démocrates en chefs ont foulé aux pieds la démocratie locale qui, sous d’autres cieux, se veut participative.

Parmi les questions que se posent les observateurs, l’une des plus lancinantes est de savoir sur quels projets on aura à élire les candidats que Elecam retiendra et révèlera la semaine prochaine. Des candidats qui ne susciteront sans doute pas l’enthousiasme et la ferveur d’un électorat que Elecam, les organisations de la société civile et même du système des Nations-Unis se sont évertués à convaincre sur le bien-fondé et même la nécessité de s’inscrire sur les listes électorales, de retirer les cartes d’électeur le moment venu et d’aller voter le jour du scrutin. Mais voter qui sur la foi de quoi ?

A en croire un cadre du Rdpc qui s’est confié au Messager : « le parti est conscient des blessures causées par l’absence des primaires. Il mesure le choc que la publication de la liste des candidats investis peut entraîner avant la cicatrisation de ces plaies. Je comprends donc que l’on garde le mystère sur ces listes. Si celles-ci étaient publiées un peu plus tard il y aurait moins de secousses dans les états-majors que si elles avaient été rendues publiques le lendemain du dépôt des listes ». Dans les rangs de l’opposition, on soupçonne le parti au pouvoir et Elecam de s’acoquiner pour mettre à jour en catimini des listes à problèmes du Rdpc transmis à l’organe en charge des élections dans les conditions « peu amènes ».

Dans les autres partis, on n’a pas fini de ruminer les stratagèmes utilisés pour écarter certains challengers dont le Moci de Yimgaing Moyo, le Mrc de Maurice Kamto. Pour celles des formations qui ont pu éviter ces crocs-en-jambe, rien n’indique que les candidats investis par la hiérarchie seront ceux souhaités par la base. Encore que les querelles qui ont accompagné la confection des différentes listes démotivent plus qu’elles ne réconcilient les citoyens avec la politique. Les chantres du boycott et autre vote sanction vont se recruter massivement parmi les frustrés et les déçus des investitures. Le favoritisme, le tribalisme, le clanisme et d’autres maux en isme plombent fortement le consensus claironné au-dessus de toutes les chapelles politiques. Si c’est cela la démocratie voulue par Paul Biya, elle donne la chair de poule. Tant elle divise non seulement les frères d’un même village, elle rappelle aux uns et aux autres que entre le voisin-là et moi, les liens de parenté n’existent pas. La camaraderie ? Ce n’est qu’un cache-sexe.

Morceau choisi dans le Nyong et So’o, département d’origine de M. Grégoire Owona, Sga du Comité central du Rdpc. On a constaté là-bàs, selon le reporter de votre journal Le Messager une absence totale de prise en compte de la diversité sociologique, les sieurs Nkodo Dang Roger et Akamba Assembe les deux candidats présentés comme titulaires étant tous les deux ressortissants de la même ethnie Yebekolo, dans un département qui compte d’autres ethnies telles que les Sso, Omvang, Maka, Mbida-Mbani , Essankon Mvog Enyegue, et autre Yelinda. Et ensuite les deux candidats titulaires sont de sexe masculin. La parité a été ignorée. Superbement ! Ce genre de considération a suscité ailleurs le décompte du nombre de hauts responsables d’Etat au mètre carré dans un patelin à côté d’un autre hameau tout aussi acquis à la cause du parti au pouvoir depuis des lustres et qui attend toujours la moindre retombée.

Des cas similaires essaiment dans les quatre coins du pays comme des métastases dans un organisme atteint de cancer. Plus que par le passé, c’est des rangs du Rdpc que s’élèvent des cris de révolte depuis ces investitures. Les autorités administratives sont obligées de stopper des marches programmées là où on les attendaient le moins du monde : Mbalmayo, Ndikinimeki…

Ce qui augmente les craintes de ceux qui scrutent l’après-Biya comme des fabricants de briques en terre redoutent un ciel nuageux. C’est dire que les fissures provoquées par les investitures des sénatoriales ne font que s’accentuer avec le double scrutin du 30 septembre prochain et pourraient mettre tout le système en péril. Quelque part dans le Littoral camerounais on dit que si les obsèques ne sont pas perturbées par des querelles familiales, la neuvaine n’y échappera pas.

A bon entendeur...
 

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