Chronique. La couleur de l’entraîneur national de football en République Cacaoyère

François Bimogo Lundi le 27 Mai 2013 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’équipe nationale de football dans notre chère République Cacaoyère s’appelle les Lions Indomptables. Depuis bientôt dix ans, ces lions portent bien leur nom, de « indomptables ». Aucun entraîneur n’a réussi à les dresser pour la victoire, aucun coach n’a plus pu leur faire dompter leur lourdeur et maladresse de gros matou qui le ventre plein de primes de match, de salaires mirobolants dans les grands clubs européens.

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Or comme le président de notre République Cacaoyère lui-même est un lion, ça le dérange beaucoup que son gri-gri préféré, ces Lions Indomptables, ne gagne plus rien du tout en coupe d’Afrique des nations cacaoyères.

Alors, ces jours-ci, on cherche un nouvel entraîneur pour les Lions de notre football. Qu’est-ce qu’il a fait l’actuel entraîneur ? Non, depuis septembre 2012 qu’il a été nommé, les Lions ont recommencé à gagner quelques matches. Mais pourquoi donc, on veut remplacer l’entraîneur d’une équipe qui gagne ? Est-ce sa grosse bedaine, sa coupe de cheveux à Jean Pierre Akono qui dérange les patrons du football du pays des cultivateurs de cacao ?
 
Non, c’est que le futur ex-entraîneur des Lions indomptables a une couleur cacao trop foncé, il ne coûte pas cher. Chez nous en République Cacaoyère, on aime les choses et les gens qui coûtent cher.

Notre cher Président avait voulu acheter un avion en 2001. Plutôt que d’aller chez Boeing, quelques grands grands cultivateurs de cacao proches du Président préférèrent fabriquer un nouvel avion à partir d’un vieil avion de Air Madagascar… On sait que cette opération coûta finalement très cher.

Jean Paul Akono demandé seulement 15 millions de F CFA de salaire alors qu’un Paul le Guen, un Blanc, lui se tapait 60 millions chaque fin de mois. Prenez la calculatrice, avec 60 millions, il y a de quoi arroser un tas de légumes de la Fédération de football au ministère du football dans notre République Cacaoyère.  Avec 15 petits millions, après avoir donné le carburant au ministre, le whisky à tel grosse légume de la fédération, la bière à tel journaliste du vendredi, qu’est-ce qu’il va rester pour entrainer les Lions à marquer des buts et non pas à buter l’image de marque de notre chère République Cacaoyère.

Donc, pour entraîner les lions, vers les défaites comme vers les victoires, premier critère chez nous les cultivateurs de cacao, il faut avoir la peau blanche. Comme ça, les joueurs, qui ont tous la couleur du chocolat pour la majorité, ne vont pas confondre l’entraineur à un autre joueur. Un blanc, dans une cacaoyère comme sur une pelouse de football, ça se voit vite comme le nez au milieu de la figure. Un détail très utile que les inventeurs de football ont compris : le ballon de football a toujours la couleur blanche, jamais la couleur noire !

Deuxième critère pour être entraîneur de l’équipe de football de notre République Cacaoyère, il faut être Français, comme par hasard, vous allez dire ? Mais non ! Depuis 1970, les Lions Indomptables ont déjà eu 9 entraîneurs Français, de Dominique Colonna à Denis Lavagne. Pourquoi un entraîneur camerounais ne serait pas bon pour les Lions Indomptables ?  Parce que comme toute sa famille, son domicile est en République Cacaoyère, il ne coûtera donc pas cher aux caisses de la République, or, un bon entraîneur, comme un bon joueur, dans la planète football, il doit coûter très cher.
Raison numéro 3, un entraîneur blanc, il saura payer des pourboires à ceux qui l’ont aidé à être recruté. Chez nous en République Cacaoyère, on ne connait pas ce qu’on appelle le pourboire, pour remercier quelqu’un, on lui donne une bière ou un whisky, on  a peur qu’en lui donnant de l’argent, il devienne plus riche que nous.

Autre raison non moins importante pour expliquer pourquoi nous on préfère les entraîneurs blancs, nous les cultivateurs de cacao, on n’aime entendre parler notre patois autour de nous, un entraîneur local pourrait avoir tendance à composer son équipe sur la base des noms des joueurs pour qu’il puisse patoiser allègrement lorsqu’il n’arrive plus à expliquer comment marquer des buts à un attaquant en français ou en anglais. Oui, nous les cultivateurs de cacao, on a encore quelques problèmes avec le tribalisme comme l’Europe en a avec la xénophobie.  Un frère, cela a plus de sens que « compatriote », l’ethnie c’est plus concret que la patrie. Même dans le football en République Cacaoyère !
 

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