Cameroun - Transports. Port de Douala: 10 milliards F Cfa de perte pour la filière cacao

Njiki Fandono | Le Détective Mardi le 18 Février 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
C’est l’une des révélations faites au ministre du Commerce le 06 février dernier à Douala. Luc Magloire Mbarga Atangana présidait une importante réunion de concertation avec l’ensemble des acteurs de la place portuaire.

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Entre autres problèmes posés par les opérateurs économiques : le stationnement exagéré des bateaux, le dragage du chenal, l’encombrement du port et les surcoûts. Le gouverneur de la région du Littoral, le directeur général du Port autonome de Douala, le directeur de l’Autorité portuaire nationale, les directeurs des secteurs sensibles, les syndicats du domaine portuaire, ont pris part à la réunion de concertation présidée par le ministre du Commerce.

En effet, après plusieurs récriminations formulées par les opérateurs économiques et usagers à travers les médias, Luc Magloire Mbarga Atangana «est venu écouter, recueillir des suggestions et dégager des solutions à court, moyen et long terme, afin que les choses aillent mieux au port de Douala». Longtemps présenté comme la vitrine du Cameroun en particulier et la sous région en général, le port de Douala connait aujourd’hui pas mal de problèmes.

Les acteurs dénoncent la désaffection progressive du port de Douala, au profit des autres ports du continent. A l’origine de la désaffection, se trouvent les longs stationnements des bateaux ; le dragage du chenal ; le manque de programmation des navires ; les problèmes de circulation dans la zone portuaire.

Ce qui entraine des conséquences tels que la détérioration des produits sensibles, les surcoûts, l’encombrement du Port, et même le risque de voir certains partenaires étrangers rompre leurs contrats.

Urgence signalée

Pour nombre de syndicalistes et opérateurs économiques présents à cette réunion, il ne fait l’ombre d’aucun doute : il y a urgence à agir au port de Douala. Beaucoup de navires chargés de produits sensibles à l’instar du riz ou du blé arrivent au même moment et créent des encombrements.

Selon les syndicalistes, l’arrêt du portique N°2 pour entretien, annoncé pour le 10 février dernier, a contribué à accroître les problèmes de congestion, car la moyenne générale du Portique N°1 est de 14 mouvements par heure. Plus inquiétant encore, des estimations font savoir que le Portique N°2 ne sera disponible qu’en mars prochain.

Pour certains syndicalistes rencontrés sur la place portuaire, l’entretien des portiques devrait alors être modulé en fonction des saisons.

Le nombre de conteneurs restés au sol en date du 06 février 2014 après le départ du navire est très élevé. On parle de 400 conteneurs. Selon le président du GPAC, plus le temps passe, plus le courant d’eau baisse. Des navires qui avant étaient chargés à 22 000 tonnes sont à 18 000 tonnes aujourd’hui. Toute chose qui induit une conséquence sur la cadence des chargements et provoque l’augmentation des coûts.

Dans la même lancée, les exportateurs constatent que les bateaux de riz et de ciment prennent plus d’espace dans la manutention. Pour eux, le ciment doit être rapidement évacué pour permettre aux acconiers d’avoir de l’espace. Surtout que, ont-ils ajouté, quand le ciment reste au sol pendent longtemps, il durcit et se détériore.

Le cacao, 40 à 45% du PiB du secteur primaire

S’agissant justement de la détérioration des marchandises, le secrétaire permanant du secteur cacao café souligne que les pertes n’ont pas encore été évaluées. Mais, raconte-t-il, un exportateur avait 10 000 tonnes de cacao qui ont trainé au sol pendent longtemps. Si l’on prend 1 million F Cfa par tonne perdue, soit 1000 F Cfa le Kg,cela donne une perte de 10 milliards de franc Cfa.

Dans ces conditions là, a-t-il déploré, la situation de l’exportateur de cacao est catastrophique. Ce d’autant plus que, le cacao c’est 40 à 45% du PIB du secteur primaire national. Autant de choses qui freinent les exportations, à défaut de les décourager totalement.

Sur les trois derniers mois en effet, le recul des exportations au terminal à conteneur a été évalué à 15%, nonobstant le fait que le secteur bois représente la moitié des exportations sur le terminal à conteneur de Douala. Selon les exportateurs de bois, les difficultés de charger le bois du Cameroun empêchent aux opérateurs économiques de remplir leur contrat à l’extérieur, alors que le bois camerounais est un produit concurrentiel sur le marché international.

Pour ces opérateurs en question, «il faut une nouvelle procédure de facturation à DIT. Il est important que DIT décentralise les points de paiement des factures. Les exportations et les importations doivent être séparées, afin d’alléger les surestaries au port de Douala qui coutent 7,5 million F Cfa par jour, soit environ 15 000 dollars américains».

Pour le cas du riz, l’on apprend que le Cameroun a importé 600 milles tonnes de riz en 2013, avec des délais de séjour compris entre 2 et 3 semaines au port de Douala. Le tout, moyennant une pénalité estimée à 0,5 milliard F Cfa.

D’après les importateurs de riz, c’est entre 1 et 2 camions qui sortent par jour. Soit moins du double de ce qui sortait dans les années antérieures. Au terme de toutes les récriminations et plaintes sus relevées, la parole a été donnée au directeur général du Port autonome de Douala (pad).

Conséquences de la privatisation

Après avoir recadré le contexte des activités au Pad, Etoundi Oyono a estimé pour sa part que, les problèmes d’encombrement
au port de Douala ont été occasionnés par les opérateurs économiques eux-mêmes. Ces derniers, explique le Dg du Pad, laissent délibérément leurs propres marchandises croupir sur la place portuaire, pour attendre les acheter au prix de rien, lors des ventes aux enchères. Pourtant, ajoute Etoundi Oyono, c’est un décret du chef de l’Etat qui fixe les délais de stationnement au port de Douala à 11 jours. Passé lesdits délais, les frais de surestaries commencent à être prélevés. «Le port n’est pas
un lieu de stockage des marchandises», a déclaré Etoundi Oyono. Le port de Douala, a-t-il rappelé, a été conçu pour une capacité d’opération et de traitement de trafic pour 10 millions de tonnes. Une capacité qui est dépassée aujourd’hui.

Il y a une nécessité d’étendre les infrastructures portuaires et réaménager les airs de stockage. Beaucoup de marchandises arrivent pour très peu d’espac D’ici 5 ans, la situation risque d’être immaitrisable».

Autre rappel, c’est que depuis 1998, l’Etat a opté pour la privatisation des activités dont il avait la charge au port de Douala, à l'instar du dragag e . «Maintenant, on a tous les problèmes. La drague est l’une des activités non éligibles au privé. Il faut revoir la manière d’exercer les activités au port de Douala», a suggéré le dg du Pad. Poursuivant, Etoundi Oyono relève que l’Etat du Cameroun a contracté une dette auprès du Royaume de Belgique en 2009, pour la drague du chenal à -8, moyennant un paiement de 11 milliards F Cfa.

Malheureusement, au bout de quatre ans, on n’a jamais atteint la côte à -8. Aujourd’hui, a-t-il rassuré, «les choses ont été réglées et bientôt on aboutira au dragage de la côte». Mais pour y arriver, préconise le dg du Pad, «il faut louer une drague et j’ai besoin d’un gré à gré pour cela. C’est long avec les appels d’offre».

Quant au contexte global qui occasionne l’encombrement du port, Etoundi Oyono relève que les marchandises en partance pour la RCA sont bloquées au port de Douala depuis le déclenchement de la crise dans ce pays voisin, sans oublier que la plus part des importations se fait en fin d’année. Ce qui fait que les navires arrivent au même moment et créent l’embouteillage.

Recommandations

Dans le registre des situations qui sont à l’origine des encombrements au port de Douala,la douane a sa part de responsabilité. Il y a des camions qui attendent abusivement pour recevoir des GPS.

Indexé également par les opérateurs économiques, Douala International Terminal (DIT) pour sa part, avoue qu’il y a un problème de saturation des parcs.

Le temps qu’un conteneur met aujourd’hui sur le parc est de 20 jours supplémentaires. Pour accélérer le paiement des factures et libérer au mieux les propriétaires des marchandises, le directeur général de DIT fait savoir que sa structure a mis sur pied un système de facturation par e-mail, ainsi que les paiements par virement. Une solution certes moderne, mais qui devrait d’après le gouverneur de la région du Littoral, tenir compte de l’handicape des uns et des autres à s’approprier subitement les outilles relatifs aux NTIC.

Pour Joseph Beti Assomo, «il faut une période transitoire pour permettre aux usagers de s’adapter aux nouvelles mesures électroniques de paiement des factures».

Au sortir de la réunion qui a duré environ quatre heures, Luc Magloire Mbarga Atangana a recommandé au dg du Pad, de réserver un traitement spécifique aux filières porteuses de croissance. La responsabilité du suivi de ladite mesure revient à l’Autorité portuaire nationale.

L’Etat pour sa part, a juré le ministre du Commerce, s’engage à trouver la solution aux problèmes de dragage, des quais et d’encombrement. Quant à la douane, injonction lui a été faite pour placer les GPS sur les camions dans un délai de deux semaines.

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