Elections Côte d ivoire. Côte D'Ivoire : La vie à l’Hôtel du Golfe

Enoh Meyomesse | Le Jour Jeudi le 10 Mars 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Abidjan : historique d’un Qg politique…

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Qui n’a entendu parler de la « République du Golfe » au Cameroun ? Uniquement les marginaux qui ne s’intéressent pas à la politique. Comment donc résister à la tentation, en tant que Camerounais, séjournant à Abidjan, d’y faire un tour, ou, tout au moins d’y enquêter ? Résultat.

Le lieu.
Il s’agit bel et bien d’un hôtel, l’un des plus beaux d’Abidjan – et Dieu seul sait qu’il en existe de magnifiques. Il est situé en plein quartier « des voleurs », le ô combien réputé Cocodi, plus précisément, dans sa partie dénommée Riviera. Mais, ce n’est pas tout, il ne se trouve pas très loin … de la résidence du président de la République. Aïe ! Moins de cinq cents mètres. Il est même possible de passer par la lagune, c’est-à-dire, l’espèce de lac géant qui ceinture Abidjan. Traduction, Ouattara et Gbabgo sont voisins de quartier !!! Chacun d’eux, de sa fenêtre, observe, en le maudissant, le bâtiment où se trouve l’autre.  Bonjour l’ambiance dans le quartier…

La naissance.
Tout a commencé au lendemain des accords de Marcoussis, à partir desquels il avait été décidé d’intégrer les « rebelles » au gouvernement. Alors, l’ami Guillaume, en sa qualité de nouveau ministre de la communication et d’ex-« rebelle », en même temps président des Forces Nouvelles, a choisi d’installer ses quartiers dans cet hôtel. Il y a emménagé, ainsi qu’il se doit, avec une « garde rapprochée » en bonne et due forme. Les Abidjanais évoquent cet épisode. « C’est le petit gros-là qui a commencé ; il est venu avec rebelles dans l’hôtel » ; « Il fallait qu’il se protège, avec Gbagbo-là, on se sait jamais, prévenir vaut mieux que guérir ».  Voilà comment le fameux hôtel a commencé à acquérir une dimension politique. Celle-ci ne va faire que croître avec la suite des événements.
A la suite des accords de Ougadougou, il devient Premier ministre. Il choisit de demeurer en ces lieux, probablement, s’y sent-il à l’aise et… en sécurité. Eh bien, là où réside un PM, il y  du monde qui afflue : courtisans, quémandeurs, flatteurs, et, bien sûr, sécurité. En un tour de main, les résidents « politiques » voient leur nombre quintuplé, voire même plus. L’hôtel devient davantage un nid de politiciens que de touristes.

QG de campagne de Ouattara.
Passons rapidement. Présidentielles. ADO en fait son siège de campagne. Le nombre de personnes non touristes explose alors littéralement.  Il n’y a plus de queux dans les couloirs. Il y a de tout : courtisans, opportunistes convaincus de la victoire inéluctable et de l’inévitable redistribution de postes importants, sur le plan national, qui va s’en suivre, badauds, sans oublier, naturellement, la « garde rapprochée » du déjà président de la République , avant le scrutin. Ça monte, ça descend, ça papote, énormément, et, bien mieux, ça déménage des domiciles, pour ne pas manquer de se trouver « au cœur du pouvoir » dès le lendemain de la victoire « historique ». Les couloirs de ce prestigieux hôtel se transforment en dortoir. Les gens dorment à même la moquette. Le hall n’est pas en reste. Une foule quasi-innombrable de badauds et de « militants » du RDR y campe littéralement. Les vrais clients, eux, capitulent littéralement. L’hôtel cesse d’être un hôtel, pour se transformer en parc politique. Ça boit, ça mange, ça chante, ça invective, à n’en pas finir, cet « accident malheureux de l’histoire qu’est Gbagbo Laurent ». Lorsque la CEI proclame les résultats, d’autant que cette proclamation se passe sous les yeux de toute cette populace, c’est l’apothéose. On se congratule de toutes parts. Le soleil brille d’une lumière toute neuve, jamais perçue auparavant. Ses rayons de bonheur sont chauds et gais. « Vie va commencer, à présent », entend-t-on sur toutes les lèvres des habitants de cet hôtel siège du nouveau pouvoir.

Les choses se gâtent.
Mais, cette joie indescriptible ne dure que le temps de 48 heures. « Couillon de Laurent, n’accepte pas défaite pourtant indiscutable, ça alors, pas démocrate, pas démocrate, veut palabre, veut palabre… ». Le Conseil constitutionnel annonce en effet que les choses sont différentes. Inacceptable. En tout cas, grandiose déception. Chinua Achebe, l’écrivain nigérian, avait titré son célèbre roman : « Le monde s’effondre ». C’est ce qui se produit alors véritablement à l’hôtel du Golfe. Les Nations Unies, pour leur part, décident de prendre en charge la sécurité du « président reconnu par la communauté internationale et vainqueur des élections ». 500 casques bleus y sont déployés. Ils viennent s’ajouter aux miliciens des Forces Nouvelles.

La tentative avortée de la conquête de la RTI.
En Côte d’Ivoire, qui tient la RTI, tient pratiquement le pouvoir. Le président élu décide par conséquent de s’emparer de cet outil essentiel. On se souvient de comment cela s’était terminé. En riposte, le gouvernement Gbagbo déploie les FDS, Forces de Défense et de Sécurité, tout autour de l’hôtel du Golfe. Ce dernier se retrouve avec trois forces armées, déployées, en quelque sorte, en cercles concentriques. Premier cercle, les troupes des FN, second cercle, les troupes de l’ONUCI, troisième cercle, les FDS.
 

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