Cameroun - Politique. Réaménagement du Gouvernement: les chaises musicales

SUZANNE KALA-LOBÈ | La Nouvelle Expression Mardi le 06 Octobre 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Vendredi 2 octobre, Yaoundé est d’une humeur contrastée. Tandis que les uns hurlent à tue-tête des yu-yu stridents, d’autres hoquètent des oh, oh, dépités. La ville aux sept collines a La fièvre des mauvais jours même si pour certains les beaux jours sont revenus.

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La fièvre a donc baissé, Paul Biya a coupé des têtes, poussé d’autres vers la sortie et tire de sa manche un gouvernement réaménagé. Ces déplacements sommaires sur le fond, méritent qu’on s'y arrête. Car sur la forme, ils reflètent la modification du rapport des forces au sein l’échiquier de la technostructure et le rôle et la place des différents acteurs. Quant à la nation elle assiste comme toujours désabusée à ce jeu de chaises musicales auquel le président l’a habitué. N’étant pas le bénéficiaire principal de ces mouvements, elle entend à peine les cris et les pleurs désespérés de ceux que l’on a laissés sur le carreau. Les courtisans eux, continueront à se disputer les faveurs du chef, en égorgeant des moutons, en brulant des cierges, en trafiquant des ossement humains, en suppliant les marabouts et la Vierge Marie de les hisser un jour aux portes du Palais.

Mais on peut lire cependant les départs d’Ama Tutu, celui de Rober Nkili, le déplacement de Mebe Ngo’o aux transports, comme un désaveu de plusieurs affaires qu’ils ont mal géré, malgré les coups de semonce de leur Premier Ministre et ses avertissements souvent tonitruants. La crise structurelle de la gestion des sociétés du doit d’auteur dans l’art musical, depuis six ans sous Ama Tutu, sa mauvaise manière de gérer les différents groupes qui se bousculaient autour du magot, les ratés de la Camerco et la révolte devant son siège à Yaoundé et la gestion de la guerre contre Boko Haram, ont valu à ces ministres d’être sortis du gouvernement mais pas éloignés de la mangeoire.

Quant à Motaze, il est évident que le ramener au rang de Ministre est une manière de le rappeler à l’ordre, lui le Sgpm, qui se mêlait de tout et de rien, sans toutefois sauvegarder les intérêts de la république. On ne devrait pas s’étonner qu’il reste en poste puisqu’il constitue l’une des pièces maitresses du système Biya tout comme Mebe Ngo.

C’est donc le vrai jeu des choses musicales auquel s’est livré non sans une certaine jubilation le marionnettiste celui qui tire les ficelles. On a donc appelé ce mouvement réaménagement parce que ce n’est pas un coup de balai, à peine un coup de crayon gras qui esquisse non pas les bouleversements de demain, mais la mise au pas pour certains et un avertissement pour d’autres. Il ne touche pas le fond de la structure mais modifie la clé de répartition des zones d’influence au sommet. Si l’affaire fait bruire les conversations dans les salons de Yaoundé et que les pieds plombé par les résultats ont du mal à quitter du sol d'un pas léger, le petit peuple a bine évidement lui d’autres chats à fouetter il s’amuser à décrypter ces allers et venus ses hauts et ses bas qui s’apparente au jeu des choses musicales. Le jeu des chaises musicales, est un jeu de stratégie. Il faut être rapide, habile et véloce. Les règles sont simples. On place par exemple dix chaises pour onze joueurs le chef d’orchestre lance le morceau qui tourne environ une à deux minutes puis soudain, il arête la machine. Celui qui se reste debout, c’est-à-dire sans siège est éjecté du jeu.

Il est donc difficile aux uns et aux autres d’être surpris. Depuis que l’on avait annoncé un mouvement beaucoup de ministres ont fait la sourde oreille, surfant comme toujours sur leurs réseaux, comptant comme d’habitude sur une amnésie du Vieux.

C’est compter sans le regard d’aigle et des vautours perchés au sommet des sept collines qui scrutent en tirant sur leur cou, les turpitudes des ministres des gouvernements de Biya.

C’est ainsi que lorsque Philémon Yang demanda aux ministres une feuille de route, tout le monde lui rit a nez et chacun fit comme il lui plaisait! De temps en temps certains ministres se rappelleront qu’ils sont membres du gouvernement, et feront semblant d’au moins courtiser les fidèles du Président pour rester en poste. Mais rien n’y fera. Cette fois-ci la petite bise a emporté Ama Tutu, Rober Nkili, calmé les ambitions de Motaze, et remis du baume au cœur de Bidoung Mpkatt Ismaël, qui revient aux Sports à et à l’Éducation civique. La plus grande surprise est cependant le parachutage de Ngalle Bibehe Massena, Dg de la Socatur, aux enseignements secondaires. Quel rapport... ? Ou plutôt quel transport !!!

Le gouvernement du 2 octobre est aussi disparate que les précédents et rien ne laisse croire que le style de travail va changer ou même la gouvernance. Paul Biya comme le Père fouettard qu’il a décidé d’être avec ses affidés, siffle la fin de la récréation. Il pousse qui il veut come il veut et quand il veut, bref il joue aux chaises musicales ! Si c’est le jeu logique de la politique pour contrôler ses pairs, le pays lui n’a rien à gagner dans ce réaménagement ministériel.


 

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