Présidentielle 2011. Cameroun : Joshua Osih, «Paul Biya a pris le Cameroun en otage»

Mutations Jeudi le 27 Octobre 2011 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Un puits de culture. C’est à cette conclusion qu’on parvient lorsqu’on arrive au terme d’un échange avec le premier vice-président du Social democratic Front (Sdf), Joshua Osih. Celui qui a été directeur de campagne-traducteur de John Fru Ndi à la dernière élection présidentielle et qui est trésorier par intérim du Sdf (dépuis la disparition de Me Augustin Mbami) fait en effet montre, sur divers sujets d’une certaine faconde doublée d’une pertinence qui ne laisse pas indifférent.

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Au lendemain d’une élection présidentielle où l’opposition a brillé par sa dispersion, d’où la déconfiture enregistrée au final, et au moment où les cloches de la régénération de cette opposition sonnent au loin, Joshua Osih apparait incontestablement comme une figure militante à suivre de près. Face à la rédaction de Mutations, le vice-président du Sdf a évoqué aussi bien des questions inhérentes à l’élection présidentielle, aux rapports entre John Fru Ndi et Paul Biya, à l’entrée éventuelle du Sdf dans le gouvernement, à la vie au sein du «parti de la balance» ainsi qu’à l’activité économique du Cameroun.

Sans être un homme grand, ce grand homme sur le front des idées ne dévoile certes rien de ses ambitions, mais reconnaît que l’élection de 2011 n’était pas «son élection». Peut-être alors celle de 2018… Dans tous les cas, ce «côtier», qui est convaincu mieux que quiconque que le poisson commence à pourrir par la tête, n’a pas la tête dans les étoiles. Mais semble déjà que rassuré que le soleil brille pour tout le monde. Lui, y compris.

Quelle lecture faites-vous des résultats de l’élection présidentielle proclamés vendredi 21 octobre par la Cour suprême ?
Pour moi la Cour suprême n’a fait que son travail. Le problème n’est pas à son niveau. Cette élection était faite pour ne pas en être une. Je pense qu’avec tout ce que nous avons fait au sortir des élections de 2007 pour faire du processus électoral notre bataille principale, apporter quelques améliorations pour pouvoir nous donner des élections acceptables, tous ces efforts n’ont servi à rien. Le Nec se tiendra samedi prochain ; nous réexaminerons cette mascarade électorale. Je suis convaincu qu’ils sont nombreux au sein du Rdpc qui pensent que ces résultats ont été fabriqués pour nuire à M. Biya et pour essayer de provoquer la population camerounaise en la faisant sortir dans la rue.
Je ne pensais pas que ceux qui ont coutume de modifier les résultats électoraux, pourraient pousser la bêtise à ce point pour nous fournir la copie qui a été lue le 21 octobre dernier. Je me réjouis à la limite de ces résultats, parce qu’ils sont ridicules. Ils ôtent toute légitimité au président sortant. Ils démontrent à merveille que la position du Sdf a toujours été la bonne.

Certains pensent que vous auriez été le candidat idéal pour votre parti, par rapport à Fru Ndi…
Je ne sais pas qui vous dit cela. Pour être candidat à une élection présidentielle, il faut le penser et le vouloir en premier. C’est la presse qui fait ce genre d’affirmations ; je ne suis pas à l’origine de ces prétentions. Je dis, j’ai toujours dit lorsque nous sommes rentrés dans le processus électoral, que pour moi, le meilleur candidat pour cette élection, au sein du Sdf et d’ailleurs pour toute l’opposition était, c’est Ni John Fru Ndi. Parce qu’il a 70 ans, il n’a rien à perdre dans une élection tronquée d’avance. Nous sommes allés à cette élection pour empêcher un hold up électoral. Il fallait quelqu’un qui n’allait pas tergiverser. Pour moi, il y a ceci de très particulier c’est que, au Cameroun, les journalistes ont la particularité d’avoir deux casquettes, celle d’informer le public et celle de menacer ce même public. Cela a été le cas pendant les années de braise au début des années 90.

Pourquoi le Sdf s’est-il rapproché des autres partis de l’opposition après l’élection présidentielle et pas avant ?
La question pourrait tout aussi être posée de manière inverse. La réponse est que, notre porte est ouverte à toutes les formations politiques. Mais cela étant dit, nous avons un mandat, que nous devons défendre. Lorsqu’une formation politique se rapproche de nous, la première chose est d’évaluer ce que nous apporte ce parti et ce qu’il veut en retour. Nous l’avons vu par exemple lors de cette élection. Il y a eu 21 candidats qui sont venus embrouiller une élection qui aurait pu se passer entre deux partis, le Sdf et le Rdpc. Parce que, lorsque vous n’êtes en mesure d’avoir 200 scrutateurs, et qu’il vous en faut 57.000 pour être présent dans tous les bureaux de vote, je pense qu’il ne faut pas déranger les Camerounais avec une soit disant « candidature à l’élection présidentielle ». La plus part des candidats nous ont approchés à trois jours de l’élection, nous demandant d’utiliser nos scrutateurs à leur compte. Ce sont des choses que nous jugeons impossibles. Nous avons fait une analyse avec la presse en début d’élection, dans le but de tester les différents candidats. Et cela nous a menés au fait que la presse camerounaise, de façon intentionnelle ou non, a parlé de l’opposition de façon disséquée. Mais s’il faut parler véritablement de cette opposition, nous au Sdf nous avons 15.565 membres sur toute l’étendue du territoire. Et pour rester modeste, sur ces 15.000 il y a au moins 1.000 qui sont capables de créer leur parti politique et se présenter à une élection présidentielle ; mais ils ne le font pas. C’est tout simplement parce qu’ils savent qu’il faut rester dans une seule structure, pour que tous ensemble, nous obtenions de meilleurs résultats. Ceux qui n’ont pas cette discipline, vont pour créer leur propre parti ; ils se trompent. S’ils pensent que la meilleure. Nous avons observé depuis 20 ans que les tendances restent les mêmes au Cameroun, quelque soit les figurants.

La Cour suprême a proclamé les résultats. Que fera le Sdf ?
Notre démarche est connue. Nous avons demandé l’annulation politique de cette élection. Lorsque nous avons demandé cette annulation, nous ne savions pas encore que la Cour constitutionnelle allait donner des chiffres différents de ceux que nous avions. De toute façon, nous pensons que le président élu à travers cette élection, n’a pas la légitimité nécessaire pour dessiner le consensus qui seul peut faire avancer ce pays. Pour ma part, nous sommes dans une impasse, il faut une décision courageuse. Nous n’avons jamais dit que nous sommes inconfortables dans notre position. Nous disons simplement qu’il faut d’urgence rétablir un véritable processus électoral. Nous avons fait une proposition et elle reste négociable. Nous avons respecté la loi à travers l’article 90. Nous avons conscience qu’en 40 jours, nous ne pouvons pas redresser tout ce qui ne marche pas dans notre pays. Si nous n’étions pas allés à cette élection comme certains le souhaitaient, aujourd’hui nous ne pourrions pas revendiquer quoi que ce soit. Dans nos revendications, notre priorité reste le changement du processus électoral. Mais savons tous que la seule façon d’obtenir 90% de suffrage au Cameroun, ce n’est que par la force. Néanmoins, d’après nos statuts, la seule voix d’accession au pouvoir reste la voie des urnes. Nous n’avons pas d’armée, que voulez-vous que nous fassions? Nous avons donc le choix entre détruire le pays et le construire ; nous avons choisi de le construire, malgré les difficultés.

N’avez-vous jamais rêvé d’être chairman du Sdf ?
Non. Mes ambitions ne passent pas nécessairement par ce poste. En politique il faut regarder plus loin que le bout de son nez. Si nous avons demandé une audience pour le chairman en mars 2008 auprès de Paul Biya, c’est parce que nos craintes ont été confirmées par la suite. Il y a trop de personnes autour du président Biya qui souhaitent que ce pays entre dans un chaos. Et objectivement, nous ne pouvons profiter de rien si l’armée s’empare de ce pays, parce que nous sommes des républicains. Nous serions les plus grands perdants, c’est donc par nous que cette transition, cette alternance devrait se faire.

Le Sdf a-t-il fait une démarche pour entrer au gouvernement ?
Je peux vous garantir que, ni moi ni le chairman n’avons fait ce genre de démarche ; le gouvernement n’a pas fait la demande inverse vers nous. Il n’y a aucun intérêt à cela, ce serait même stupide de le faire. Parce que, d’après les chiffres, le Rdpc aurait eu 80% de l’électorat de son côté ; alors pourquoi faire avec le Sdf ? Notre approche aujourd’hui est d’avancer vers des élections propres et transparentes. Le seul chantier que nous demandons au président Biya d’inaugurer, c’est celui de la transparence dans le processus électoral camerounais. C’est quand même incroyable que dans des pays lointains du Cameroun en matière de développement, que les résultats d’une élection soient connus le lendemain de celle-ci, ici, on en vient à attendre deux semaines. Pour ma part, ce ne sont pas les postes ministériels qui changeront quoi que ce soit dans notre économie, c’est le processus électoral.

Le Sdf a, révèle-t-on, perçu les 15.000.000 Fcfa accordés à tous les partis en compétition pour la présidentielle…
Libre à vous de penser ce que bon vous semble. Le Sdf est le seul parti politique au Cameroun à disposer d’un compte en banque. Par conséquent, nous sommes les seuls à recevoir de l’argent par virement bancaire. Nous avons remis ces 15 millions à l’envoyeur par un acte d’huissier qui s’est chargé de les déposer au Trésor public. Je vais peut-être revenir là-dessus. Il faut qu’on cesse cette moquerie ; nous ne sommes pas à ce montant près.

Ne pensez-vous pas que l’ère des présidents-fondateurs est révolue?
Il faut des cycles. Vous ne pouvez pas dire que l’ère est révolue tant que le cycle n’a pas atteint sa maturité. Si votre combat c’est pour apporter la démocratie et vous n’apportez que le multipartisme, cela signifie que vous avez encore beaucoup de choses à livrer. Avec le temps, on arrive au début d’un nouveau cycle. Mais, il ne faut pas se tromper. Le problème au Cameroun ce n’est pas les hommes encore moins les leaders quels qu’ils soient. Le problème c’est le processus électoral. Tant qu’on ne le change pas, on va prendre d’autres et recommencer les mêmes bêtises. C’est la raison pour laquelle mon combat personnel et celui de mon parti, c’est de pouvoir améliorer le processus électoral. Avant cette élection, j’avais dit que je me battrais contre Elecam avant les dernières modifications ; je disais que même si le Sdf présente Barack Obama comme candidat, si la Cour suprême décide que vous avez 10%, vous n’aurez rien à faire. Tel est le véritable problème.

L’affaire Diboulé…
A chaque fois qu’il ya quelque chose autour du Sdf, la propagande de l’administration Rdpc essaie de l’utiliser pour nuire ou ternir l’image du chairman et du parti. Ce qui est plus ou moins normal si nous étions dans une démocratie qui se respecte, mais tel n’est pas le cas. Il faut remettre les points sur les “i” en ce qui s’agit de cette affaire Diboulé. Il n’était pas allé au siège provincial du Sdf à Yaoundé en tant que militant du Sdf. Il est allé à ce siège pour le casser. Ce qui s’est passé ce jour-là est que des gens, avec l’aide de l’administration, avaient voulu faire croire au monde entier que c’était le siège national du parti, prendre notre siège provincial pour organiser leur congrès. La question que j’ai posée à ces gens a été celle de savoir pourquoi ils ne pouvaient pas aller tenir leur congrès dans un endroit plus aisé, un hôtel par exemple, que de le faire en ces lieux ? Ce jour là, le 26 mai, nous étions à Bamenda pou notre congrès. Nous n’étions pas à Yaoundé pour protéger le siège provincial. Cela étant, ceux qui ont envoyé Diboulé de ce côté et qui voulaient qu’il ait mort d’homme, vous les connaissez. Il vaut poser cette question à ceux qui étaient à Yaoundé ce jour là. Nous avons porté plainte contre ceux qui sont entrés par infraction dans nos locaux ; nous avions perdu une dizaine d’ordinateurs et bien d’autres dossiers. Toitures, portes ont été cassées. Et le bilan humain a fait état d’une perte en vie humaine. Nous attendons encore que justice soit faite.

Le terrain de prédilection du Sdf se limite t-il seulement à l’aspect politique ?
Le Sdf a toujours été au front à chaque fois qu’il y a eu des problèmes sociaux-majeurs notamment le cholera, la guerre entre Balikoumbat et les Bawok. Trois jours avant le début de la campagne, le chairman était dans la région de Boun où tout un village a été dévasté par un autre. Il a apporté des dons et beaucoup de choses à ces populations. Toutefois, nous essayons de faire autant qu’on peut pour venir aux urgences sociales. Sur les questions de l’éducation, des élèves recalés en classe de première notamment, nos propositions prennent en compte la mise en place des mesures qui feront en sorte que le diplôme cesse d’être un filtre, qu’il soit plutôt une attestation de réussite. L’approche que nous avons de l’éducation, c’est d’investir dans l’enseignement afin que l’école devienne un centre d’excellence. Il s’agit pour nous de faire en sorte que les enfants aient envie d’aller à l’école et surtout invertir énormément dans les quatre ou cinq premières années du cursus scolaire, qui au fait, définissent le reste. Aujourd’hui avec l’éducation coloniale que nous avons, ce n’est pas possible, mais si l’on change la façon dont on regarde cette éducation, que l’on commence à former des penseurs à la place des exécutants.

Le Sdf est resté silencieux sur l’affaire Cmc/Socam/Mincult...
Je suis côtier ; chez nous on dit que le poisson pourrit par la tête. Le problème que nous avons est à ce niveau. Il ne faut pas chercher les nageoires et tout le reste. Pour faire partir cette tête, je suis dans une formation qui a un principe ainsi que des statuts et pense à cet effet que tout va se raire de manière démocratique.
Lorsque vous avez un ministre qui contredit la justice, qui refuse d’appliquer les décisions de justice, si vous ne le faites pas partir aussitôt du gouvernement, cela veut dire que vous êtes complice. Le problème n’est pas le ministre de la Culture, mais le président de la République qui la nommé. Malheureusement encore une fois, nous pensons que pour régler le problème de la Cmc, il faut des élections propres. Nous sommes quand même le seul pays au monde qui n’a jamais eu 5% d’élus dans un gouvernement. Dans la plupart des démocraties, il faut avoir un mandat électif pour entrer au gouvernement.
L’opposition a obtenu la tête de Mouchipou et de Pauline Biyong ; elle ne lutte pas contre la piraterie.
C’est le rôle assigné à l’opposion en attendant d’arriver au pouvoir. Nous ne pouvons pas être de tous les combats. La raison pour laquelle les partis politiques sont financés par le contribuable, c’est justement pour permettre d’être au front. Nous n’allons pas nécessairement fonctionner là où nous ne voyons pas d’intérêt. Nous ne sommes pas une église, mais un parti politique. Maintenant si les artistes musiciens viennent vers nous pour nous dire qu’ils ont un problème réel avec la piraterie, on sait d’où elle vient, nous allons nous asseoir avec les responsables du parti qui s’occupent des problèmes industries culturelles. L’impression qu’on a de la communauté musicale c’est qu’elle passe son temps à chanter des louanges du président de la République.

A quoi sert votre shadow cabinet ?
Le Shadow cabinet sert à être l’ombre du gouvernement existant. Et lorsque ce même gouvernement ne fait rien, il est difficile d’être l’ombre d’un tel gouvernement inactif. L’un des volets principaux du Shadow Cabinet, c’est de définir la politique du parti par rapport à leur département. Ce débat est plus interne qu’il n’est ouvert à tous. Nous avons longuement eu un débat au sein du parti où nous nous sommes interrogés si ce Shadow Cabinet doit devenir public comme en Angleterre, ou doit rester interne comme les concepteurs de cette notion l’on voulu. Et la majorité du Nec a voulu qu’il reste interne, ceci dans la mesure où nous n’avons pas des élus, mais des personnes nommées par un élu. C’est pour cette raison que la communication externe est essentiellement portée par le président national ou son vice lorsque le président est empêché, ou alors par les communicateurs du parti.

Que dites-vous de la dette camerounaise ?
Sur les trois dernières années, d’après une étude que nous avons réalisée, nous avons budgétisé au Cameroun environ 762 milliards de francs dans des dépenses inutiles, c'est-à-dire sur des frais de carburant, l’entretien des résidences secondaires du président de République, des missions etc. Alors qu’on endettait en même temps le pays à hauteur de 200.000.000 de francs Cfa. Pour ma part, plusieurs choses peuvent être faites : premièrement, il faudrait s’attaquer au budget de la présidence de la République. Ce budget à lui seul démontre que nous sommes dans une dictature à nulle autre pareille, si non dans une république bananière. Lorsque vous avez une présidence de la République qui à elle seule consomme la plus grosse partie du budget du Cameroun, c’est ahurissant. Tout cela au détriment des dépenses essentielles à l’instar du ministère de l’Agriculture dans lequel le soutien de l’Etat est demandé pour le développement des exploitations agricoles familiales. Je pense que, payer ses impôts devrait être un plaisir pour les Camerounais. Mais lorsque ces impôts sont utilisés pour payer les vacances du président à la Baule, cela fait problème. Et plus ces choses arrivent, moins on a envie de payer les impôts et moins ; on paye les impôts plus on s’endette. La résultante de tout cela est que notre génération a déjà été condamnée au sous développement, c'est-à-dire que si nous n’avons pas une remise exceptionnelle de dette à l’instar de la Grèce, il sera impossible que notre génération puisse rembourser les dettes que la génération Biya a mises sur notre tête.
Vous ne pouvez pas avoir une économie qui croit de 1,5% qui d’ailleurs sont virtuels, parce que si nous prenons le taux d’inflation et le taux démographique, nous sommes plus tôt à -2% en même temps vous avez une dette qui accroit de 5, 6, 7% c’est impossible, les deux ne peuvent se rejoindre. L’autre paradoxe, c’est la part du budget qui est allouée à la capitale, (entre 50 et 60%) par rapport à la part des régions. Je pense que la façon de corriger cela, c’est d’entrer dans un fédéralisme où chaque région serait une entité fédérée et aurait son budget, le pouvoir central faisant de la régulation.
Concernant notre Pib, si vous êtes à 65% et que vous avez 70% pour les services de la dette, cela traduit votre richesse. Le taux d’investissement sur le Pib est de 18% au Cameroun, la différence réside sur les 15% d’endettement. Et tant que le Cameroun n’arrivera pas à un investissement de 40%, il ne pourra pas avoir une croissance supérieure à 5%. Conséquence, vous ne pouvez pas servir la dette qui est autour de 2% d’après les chiffres officiels, mais en réalité, elle est de 8%. Parce qu’en réalité, lors que les autres frais sont utilisés pour nourrir les 55.000 fonctionnaires de la Banque mondiale, vous êtes à 8%. Il faut que cela soit clair, la dette n’est pas faite pour travailler dans l’intérêt des pays endettés. La Banque mondiale a été créée pour garantir la suprématie de l’occident sur le reste du monde. Ils ne donneront jamais d’argent pour l’amélioration de notre sort.

Soutenez-vous la création du Fonds monétaire africain ?
Nous soutenons cette création. Le Sdf n’est pas un parti radical. De toute façon, le Cameroun est souverain et devra payer ses dettes ; nous essayerons de négocier avec tous ces gens pour le remboursement de notre dette.

 

Comment résorber le chômage au Cameroun ?
Il existe deux types de chômage : le chômage effectif et le chômage virtuel. Toutes ces personnes qui travaillent au Cameroun pour un salaire inférieur à 100.000 francs cfa sont dans la catégorie du sous emploi. Pour améliorer cela, il faudrait avoir le courage d’affronter les véritables problèmes. Il faudrait aussi que nous puissions contrôler notre monnaie et notre économie. Ces personnes mettent en relation la crise économique de 1990 au Cameroun avec la chute du prix de cacao. La raison pour laquelle nous avons besoin d’une monnaie à nous, c’est pour corriger tout cela, pour que le planteur ne soit pas perdu dans le taux de change et le reste.
La seule chose à faire c’est de désarrimer le franc Cfa de l’Euro. Et nous espérons n’être pas les seul dans ce cas et ne pas subir le même sort que le Président Laurent Gbagbo quand il a évoqué cela. Il faut absolument enlever la parité du Franc cfa de l’Euro pour que finalement, nous commencions à contrôler notre économie. Lors que cela sera fait, nous serons capables d’engager plusieurs autres chantiers.
Pour absorber ce problème de chômage, le plus rapidement possible, il faut investir massivement dans l’agriculture différemment de la façon dont M. Biya le fait avec les Chinois. Puisque les Chinois ne donnent pas de l’emploi aux Camerounais, il faut le faire absolument avec des exploitations familiales, en leur donnant les moyens. J’ai été surpris d’apprendre qu’il n’y a que, 1,8% du territoire camerounais qui est dans le registre foncier national, ce qui est stupéfiant. Si les agriculteurs n’ont pas de titre foncier, qu’auront-ils comme garantie pour emprunter de l’argent ? Soit vous leur donnez de l’argent sans garantie, et ils prendront la clé des champs, comme avec le Crédit Agricole du Cameroun, soit vous restructurez les finances agricoles pour plus de clarté et plus d’efficacité. C’est quand même épatant d’avoir près de 5 millions d’exploitants agricoles au Cameroun, et pratiquement aucun n’a un titre foncier.
Il y a quelques années, le Cameroun faisait partie des meilleurs producteurs de cacao et de café au monde sur la base des exploitations familiales. La seule raison pour laquelle les étrangers viennent faire des grandes exploitations chez nous, c’est parce que nous avons un gouvernement qui leur donne du terrain presque gratuitement. Et de l’autre coté, il y a une main d’oeuvre qui ne coûte rien. Par conséquent, nous ne résolvons pas le problème de chômage, au contraire nous créons de nouveau le sous emploi.

Paul Biya a dit qu’à partir de janvier 2012, le Cameroun sera un vaste chantier...
Deux choses : Paul Biya pose la première pierre alors qu’il n’a pas d’argent. Comment financera- t-il toutes ces ambitions ? Puisque la présidence de la République consomme pratiquement la moitie du budget camerounais. La Chine est une alternative, puisque nous avons rencontré tous ces investisseurs pour le financement des grands projets en Afrique. La Chine n’est pas une solution aux problèmes de l’Afrique. Parce ce que la Chine apporte plus de problèmes que de solutions. C'est-à-dire que, si aujourd’hui vous construisez un barrage avec deux cent Chinois, le seul Camerounais est celui qui lave les bottes. A la fin du chantier, le problème des Camerounais n’est toujours pas résolu. Les Chinois ne travaillent que pour leurs intérêts, c’est normal.
Lorsque les Chinois promettent de donner à approximativement 207 milliards de francs pour le projet en eau profonde, la contre partie est tout simplement la mine de Kapka. Ce que le gouvernement ne dit pas, mais nous le savons parce que nous parlons avec d’autres et avec eux. Lorsque la Chine décide de faire le chemin de fer, la contre partie c’est 60% de cavaillon. Et nous avons posé la vraie question, celle de savoir pour quoi le port en eau profonde de Kribi, alors que celui de Douala est sous utilisé et celui de Limbe n’est pas du tout utilisé ? Voila un projet qui est parti d’un raisonnement politique et régionaliste et qui aujourd’hui prend tout le pays en otage. Disent-ils pour exploiter le minerait du bassin de Mbalam. Je le veux bien, mais la question est de savoir pourquoi est-ce que ces minerais sont exportés ? Tout cela participe à l’endettement du Cameroun, en envoyant du fer chez les Chinois, pour importer du fer à béton par Douala.
Nous avons rencontré les élites de Sangmelima et leur avons dit qu’en mettant sur pied une aciérie, cela leur coûtera en moyenne 20 milliard de francs. Contrairement aux 500 milliards qu’ils dépenseront dans l’exportation de ces minerais. Ils gagneront aux bas mots, 4000 emplois directs, et non des centaines d’emplois dont on leur parle, ils produiront de l’acier sur place. Voila comment les problèmes d’un pays sont résolus.

Que dites-vous de notre code minier ?
Cela n’a aucun sens de transformer 15% de nos mines sur place. Soit vous transformez tout ce qu’il y a à transformer, soit vous ne faites rien. Je pense que l’industrialisation reste la seule solution économique pour le Cameroun. Et à coté de cela, la modernisation de l’agriculture. Notre seul atout c’est un pôle industriel sur l’aluminium, malgré le fait que je sois contre parce que je finance ce pôle directement en payant ma facture d’électricité.
Si vous investissez 500 milliards dans l’exportation du fer, cela veut dire que vous fermez les portes de transformer locale ce fer. La génération Biya a bradé le patrimoine minier pour avoir des projets immédiats. Alors que nous aurons pu nous s’asseoir et penser des projets à long terme qui auraient pu faire passer le Cameroun au rang de pays industrialisés. Puis, que le fer se trouvant dans la région de Belinga au nord du Gabon et autour de Mbalam, nous permet d’ouvrir jusqu’à cinq aciéries, rentrer ensuite dans le jeu des producteurs mondiaux d’acier.

 

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