Sénatoriales 2013. Coalition Rdpc-Sdf: Historique d’une longue amitié bien construite

Le Messager Samedi le 13 Avril 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les contacts et les relations entre le parti au pouvoir et le principal parti politique de l’opposition parlementaire se sont élaborés au fil des ans. Autrefois tendues, ces relations sont devenues plus que cordiales de nos jours. Le Messager revisite l’histoire commune de ces « vrais faux ennemis » politique.

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« Les fleurs du mal » ?

Avec un peu de recul, on peut aisément comprendre aujourd’hui que le terrible drame survenu le 26 mai 1990 à Bamenda, lors du lancement officiel du Social democratic front, n’était en fait que l’aboutissement d’une brouille entre camardes de ce qui était alors « le parti des flammes ». Ni John Fru Ndi, ancien militant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, battu aux élections pour la conquête de ce qui était alors la grande section Rdpc de la Mezam par Simon Achidi Achu, avait ainsi décidé de prendre ses distances avec le parti au pouvoir.

Mais la répression brutale à la limite de la bêtise, qui avait suivi le lancement de son parti, avec les morts que l’on avait alors enregistré, avait fini par forger l’image d’un homme politique martyrisé et victimisé, à qui une bonne frange de Camerounais politiquement engagés pour un changement, se devaient d’accorder un certain crédit. On a encore en mémoire les prises de positions radicales du Chairman, avec notamment entre autres, le boycott des élections législatives de mars 1992, et la formidable campagne électorale menée lors de l’élection présidentielle d’octobre de la même année, et qui a connu (officieusement) sa victoire.

Face aux divers trucages électoraux, bien orchestrés par une administration totalement acquise à la cause de candidat président, et qui avait réussi de manière magique à donner officiellement la victoire à Paul Biya, Ni John Fru Ndi, l’opposant à qui on a ainsi volé la victoire à cette élection présidentielle de 1992, avait fini par se radicaliser et définitivement couper les liens avec ses anciens camarades du Rdpc. Du moins alors, de manière apparente. En tout cas les évènements qui vont suivre, et surtout les attitudes pleines d’ambigüité du leader du Sdf, vont laisser tout de même croire, à ceux qui étaient tout, sauf naïfs, qu’en réalité, Ni John Fru Ndi n’a jamais totalement rompu avec ses camarades du parti au pouvoir, et que, mieux encore, il aurait de manière assez difficilement contestable, maintenu quelques fidélités souterraines avec non seulement les caciques du Rdpc, mais aussi avec les hommes clés et incontournables du sérail.

Des liens bien anciens

Premier accroc. Personne aujourd’hui, n’arrive à expliquer de manière convaincante, et avec des arguments politiquement irréfutables, pourquoi le leader du Social democratic front et son parti, avaient pris sur eux de boycotter l’élection présidentielle d’octobre 1997, alors que quelques mois avant, ils avaient bien pris part aux élections législatives de la même année. Etait-ce alors parce que Ni John Fru Ndi aurait reçu de la part du cabinet civil de la présidence de la République, des mallettes pleines de millions de Fcfa comme l’affirmait la main sur le cœur (sans qu’il n’y ait jamais eu de démenti officiel aussi bien de la part du leader du Sdf, que la présidence de la République) l’ancien commissaire de police devenu dissident du régime Léopold Ebene ? Difficile à dire.

Toujours est-il que les relations entre le régime Biya et l’opposant de Ntarikon qualifié de radical, vont apparaître des relations suspectes au fil des ans. John Fru Ndi qui le jour se montre violent vis-à-vis du régime en place et du parti au pouvoir était-il alors, une fois la nuit tombée, un homme affable et maniable face à Biya et au Rdpc, comme le prétendent la plupart des anciens hauts cadres du Sdf, tous victimes dans un passé récent de l’histoire du Sdf du fameux 8.2 ? Que ce soit Kamdoum Basile, Christian Tabetsing, Sani Alhadji, Me Bernard Muna, Maïdadi Saïdou, Zamboe Pascal et autres anciens du Sdf, tous sont unanimes sur une chose : Ni John Fru Ndi traite sournoisement avec le Rdpc et son leader. Sani Aladji, ancien président provincial du Sdf pour le Centre, et qui a pris ses distances avec ce parti depuis 12 ans maintenant, est allé plus loin, en affirmant dans une interview au Messager que « Le Chairman s’est énormément enrichi et embourgeoisé grâce à sa relation avec le pouvoir en place ».

Le Sdf et son leader avaient alors violemment réagi en rejetant en bloc toutes ces accusations, et remarques, niant publiquement avoir le moindre contact avec le Rdpc et son leader. Malheureusement, le mensonge et la duperie ne durent presque jamais longtemps. On finit toujours par savoir ce qui se trame même en secret. Car un soir, en pleine nuit, dans une Eglise (Auditorium Jean Paul II) au lendemain de l’élection présidentielle d’octobre 1997, une délégation du Sdf a été surprise en plein pourparler ave une délégation du Rdpc. Assurément, lesdites négociations qui apparaissaient conviviales portaient sur une probable entrée au gouvernement du Sdf. L’affaire qui avait été révélée par Le Messager, avait précipitamment emmené la délégation du Sdf, ainsi prise la main dans le sac, à quitter momentanément la table de tractations. Avant que le Sdf ne vienne par la suite formuler quelques nuances peu convaincantes d’ailleurs.


Les sirènes de « la mangeoire »

En réalité, il ne fallait vraiment plus se faire d’illusion sur la probité politique du Sdf et de son leader. Fru Ndi et son staff n’avaient que trop longtemps résisté aux sirènes de la « mangeoire ». Quand Rose Fru Ndi, la défunte épouse du leader du Sdf a été subitement frappée par la maladie, ceux qui dans l’opinion semblaient moins naïfs, n’étaient pas vraiment étonné que Paul Biya, le président de la République, et président national du Rdpc ordonne, au frais de l’Etat, l’évacuation en Europe de l’épouse de celui apparaissait alors comme son plus farouche opposant. Et lorsque celle-ci décèdera malheureusement, le chef de l’Etat se précipite à lui présenter les condoléances. Certes, il y avait dans tout cela des actes politiques forts de la part de Paul Biya. Mais la vérité est que les contacts entre Paul Biya, président national du Rdpc et Ni John Fru Ndi, Chairman du Sdf semblaient même déjà bien construits. Car, le petit sourire assez sibyllin qu’a lancé Paul Biya, alors qu’il est interrogé par un journaliste de France 24, sur une possible rencontre entre Fru Ndi et lui, en disait long.

Le chef de l’Etat faisait alors savoir que Fru Ndi aurait sollicité de venir dans son village natal, un peu comme à l’heure de Nicodème, pour le rencontrer discrètement. Le Chairman a beau nier ces faits, et démentir ces dires du président de la République, dans l’opinion ont savait bien qu’il y avait bien quelque chose de troublant. Et la rencontre publique de Bamenda, entre Biya et Fru Ndi lors de la célébration des 50 ans des forces armées camerounaises n’a vraiment pas étonné. De toutes les façons, il n’y avait aucun sourire crispé de part et d’autre au cours de cette rencontre que certains ont qualifié naïvement d’historique. Les deux hommes semblaient bien se connaitre. Et depuis, Fru Ndi n’a plus boycotté une seule invitation présidentielle, soit à venir assister au défilé du 20 mai et aux réceptions offertes par le couple présidentielle en cette occasion à Yaoundé, soit aussi à venir participer aux cérémonies de présentations des vœux des corps constitués nationaux au chef de l’Etat. Lorsque Fru Ndi a eu récemment l’idée de vouloir faire marche arrière, en annonçant qu’il allait aider Biya à gâter le pays, parce que le président de la République avait convoqué le collège électoral des Sénatoriales, avant les législatives et les municipales comme le voulait une certaine logique, très vite, Biya a envoyé à sa rencontre, l’actuel directeur du Cabinet civil de la présidence de la République, l’incontournable Martin Belinga Eboutou. Et c’est tout sourire qu’il est sortie de cette rencontre pour annoncer que son parti allait prendre part aux Sénatoriales de ce 14 avril 2013. Aujourd’hui, doit-on vraiment encore s’étonner que le Rdpc appelle ouvertement à voter pour le parti de Fru Ndi dans la région de l’Ouest?

Jean François CHANNON


Verbatim:

Jacques Fame Ndongo: «Lors des prochaines municipales et législatives, le Rdpc retrouvera sa liberté de manœuvre dans la région de l’Ouest»

«Je prends la parole au journal de 13h, dans une posture solennelle républicaine inspirée des idéaux que prône et applique le président Paul Biya, président national du Rdpc. Le Rdpc est le parti du rassemblement, de justice, d’unité et d’équilibre. Il promeut l’épanouissement et la visibilité sociopolitique de toutes les ethnies, de toutes les tribus, de toutes les confessions, de toutes les couches socioprofessionnelles. Tel est le fondement d’un Cameroun indivisible, solidaire et exemplaire. Le Cameroun ne peut pas se construire avec une seule tribu. C’est pourquoi le président national du Rdpc, S.E. Paul Biya s’oppose farouchement à tout repli identitaire et à toute volonté manifeste d’exclusion de tel ou tel groupe sociopolitique, linguistique ou ethnique car pareille dérive est contraire aux valeurs républicaines de paix, d’unité et d’intégration nationales inhérentes à la charte du Rdpc.

Vous le savez, le président Paul Biya avait déclaré à Bafoussam en 1999 que le Cameroun se fera avec l’Ouest ou ne se fera pas/ou encore, l’Ouest est un trésor culturel. Comment préserver ce trésor culturel et promouvoir cette belle et dynamique région en valorisant un seul département sur huit ? Comment peut-on constituer une liste de candidats à l’élection sénatoriale du 14 avril 2012, la toute première de notre histoire politique et institutionnelle, avec cinq (05) candidats titulaires sur 7 issus d’une seule tribu (les Bamoun). Le président national prescrit aux conseillers municipaux de l’Ouest le vote Sdf pour l’élection de dimanche, parce que ce parti a présenté une liste sociologiquement équilibrée : 7 candidats titulaires appartenant à 7 départements de l’Ouest. Vous comprenez donc aisément les consignes de vote données hier par M. le secrétaire général du Cc du Rdpc, M. Jean Nkuété, à nos conseillers municipaux de l’Ouest, à savoir : voter Sdf, parce que c’est un parti dont la liste dans la région de l’Ouest est sociologiquement équilibrée : elle est constituée des diverses sensibilités tribales et socioprofessionnelles de cette région. La liste Sdf est constituée de sept candidats titulaires représentant 7 départements différents de l’Ouest. La liste du Rdpc dans la région de l’Ouest ayant été invalidée par la Cour suprême, faisant office de Conseil constitutionnel, le président national du Rdpc, S.E. Paul Biya, a demandé au Sg du Comité central d’appeler à voter Sdf pour ladite région parce que l’Udc exerce le tribalisme, le clanisme et l’exclusion. Une situation analogue s’était produite en France lors du 2ème tour de l’élection présidentielle de 2002 : le parti socialiste avait appelé à voter Jacques Chirac pour sanctionner le candidat de l’exclusion. Naturellement, pour les huit autres régions où le Rdpc est présent, la consigne de vote du président national est claire, nette et sans équivoque. Il faut voter Rdpc, s’agissant de la région de l’Adamaoua, les consignes officielles du vote Rdpc seront communiquées au plus tard demain (Ce jour Ndlr). Enfin, lors des prochaines municipales législatives, le Rdpc retrouvera sa liberté de manœuvre dans la région de l’Ouest.»

Source Crtv poste national, retranscription de Jean François CHANNON

 

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