Cameroun - Politique. Liberté de manifestation : La police réprime l'opposition à Yaoundé

Ben Christy Moudio | La Nouvelle Expression Mercredi le 30 Mars 2016 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Une conférence de presse de quatre partis de l’opposition s’est transformée ce mardi 29 mars 2016 en pugilat. Et plusieurs arrestations.

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L’ensemble veste totalement mouillée, agrippé au collet et tiré sans ménagement par une jeune policière aidée de deux éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi), voilà l’image que l’on garde du Secrétaire national à la Communication du Mrc, Sosthène Medar Lipot. Le responsable de la communication du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc),  le trésorier du Mrc, Alain Fogué, le président du parti Univers Prosper Nkou Mvondo et une dizaine d’autres personnes ont également été enfournées dans un fourgon de la police. Cette scène s’est déroulée au lieu dit «dispensaire Odza» ce mardi 29 mars 2016. Les douze coups de midi sonnaient à peine.

Ce cliché de violence n’était pas le seul. Tout commence avec l’arrivée des éléments de la police au Siège du Mrc au quartier Odza. La zone est quadrillée par les policiers du Gmi  munis de leur attirail habituel. Uniformes noirs, casques, matraques et visages menaçants. Le mot d’ordre, empêcher la tenue du point de presse que devaient donner quatre partis politiques de l'opposition. Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), le Cameroon people’s party (Cpp), l’Union des populations du Cameroun, (Upc faction des fidèles) et le Parti Univers.  La raison évoquée par le sous préfet de l’arrondissement de Yaoundé 4, Locko Motassi Martin (qui est aux commandes de ce déploiement), l’absence de déclaration de manifestation. Les organisateurs s’insurgent contre cette «intrusion», la police resserre ses rangs. Les militants et les journalistes sont bloqués à l’intérieur de l’édifice, avant d’en être expulsés quelques minutes plus tard.

Affrontements

L’échauffement des éléments du GMI ne fait toutefois que commencer. Celui des militants des partis politique également. Les abords du dispensaire d’Odza sont désormais ceints  d’un cordon de sécurité humain (une trentaine d’éléments du Gmi) qui repoussent les tentatives de Kah Walla, Alain Fogue, Nkou Mvondo et leurs camarades de retourner au siège du Mrc. Ce n’est d’ailleurs pas la seule interdiction. «Tous ceux qui savent qu’ils sont des citoyens, éloignez vous d’ici», se met à marteler un policier en agitant calmement une matraque. La foule  (plus d’une centaine de personne) qui s’est entre temps constituée calque son pas à celui des « non citoyens ». Les caméras et les journalistes immortalisent cet instant alors que les leaders de ce mouvement s’emploient à donner des interviews et à chanter à renfort de mouvement :«Ô Cameroun, berceau de nos ancêtres ». Certains ont même l’idée de s’asseoir à même le sol. On y voit notamment Sosthène Medar Lipot et Nkou Mvondo.

L’heure du dialogue va toutefois tourner court. Le véhicule anti-émeute est là. Sa mission, dégager le beau monde qui s’est agglutiné. La panique s’empare alors des riverains. Certains trouvent refuge dans des magasins qui n’ont pas eu le temps de fermer boutique; d’autres s’engouffrent dans les locaux du dispensaire; et une frange se lance dans un véritable sprint. Le premier jet du véhicule, rate de peu les militants assis à même le sol. Le second frappe dans le tas. Le conducteur du camion anti-émeute se veut d’ailleurs généreux. Les jets s’enchainent et balaient les alentours du dispensaire. C’est sauve qui peu. Pour les forces de l’ordre présentes aussi.

Bombes lacrymogènes

 Cet arrosage ne fait toutefois pas démordre Alain Fogué, Sosthène Médar Lipot, et leurs  camarades. Ceux-ci décident alors d’occuper la chaussée. Retour du véhicule anti-émeute. Ca coule de toutes parts, à grand renfort de jets. Les éléments du Gmi qui ont été rejoints par une escouade de gendarmes, ont ensuite l’idée de lancer des bombes lacrymogènes en face du dispensaire. C’est cette dernière action qui réussit à disperser la foule. L’odeur piquante se répand, s’infiltre dans les locaux alentours alors qu’une opaque fumée enveloppe le théâtre des opérations. Les éléments du Gmi se lancent alors dans l’arrestation de ceux qui ont décidé de leur tenir tête ce mardi 29 mars 2016. Au total, plus d’une dizaine de personnes. A l’heure où nous nous allions  sous presse, ces dernières se trouvaient dans l’unité de police spécialisée dans le renseignement située au quartier Nlonkak. 

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