Cameroun - Santé. Affaire des bébés volés: Vanessa Tchatchou sur les traces de Bartimée
C’est depuis 20 août 2011 que la jeune Vanessa Tchatchou réclame la restitution de son bébé volé à l’hôpital Gynéco obstétrique de Ngousso à Yaoundé, où elle avait régulièrement accouché.
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Mais, comme Bartimée, l’aveugle dont parle l’Evangile de St Marc (10, 46-52), son cri de détresse est chaque jour étouffé par ceux qui ont intérêt à ce que lumière ne soit pas faite dans cette affaire.
La jeune Vanessa Tchatchou est, on peut le dire, l’autre Bartimée, version camerounaise. En effet, Bartimée est un personnage biblique dont l’histoire est racontée dans l’Evangile de St Marc (10, 46-52). Ayant appris que Jésus venait d’arriver à Jerico avec ses disciples, l’aveugle Bartimée, assis au bord de la route, se mit à crier : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi… ». L’Evangile nous apprend aussi que certaines personnes à Jerico, notamment des fonctionnaires, le rabrouaient pour qu’il se taise et que sa voix ne soit pas entendue par Jésus. Malgré le fait qu’on voulait le réduire au silence, les cris de Bartimée ont retenu l’attention de Jésus, et il fut guéri de sa cécité.
Notre pays a aussi de nombreux Bartimée, parmi lesquels se trouve Vanessa Tchatchou. Il s’agit de ces citoyens, pauvres, sans soutien, sans moyens financiers, sans un frère haut placé, dont les droits sont chaque jour bafoués ou confisqués par des fonctionnaires sans scrupules et aux responsabilités mal définies. Ces gens abusent de leur pouvoir temporel pour réduire au silence les revendications légitimes et citoyennes de leurs compatriotes.
Comme Bartimée, des pressions virulentes et menaçantes sont exercées sur Vanessa Tchatchou pour qu’elle abandonne son combat, pour qu’elle taise la vérité, et qu’elle devienne, par le fait même, une complice active d’un mensonge maladroitement organisé, dont le but est de manipuler la vérité.
Les derniers développements de l’affaire le confirment à suffisance. La sortie du ministre de la communication jette un épais brouillard sur la manifestation de la vérité. En effet, Issa Tchiroma Bakary a affirmé : « La présumée voleuse est passée aux aveux. Elle a clairement dit comment elle a kidnappé l’enfant avec son concubin. De même qu’elle a expliqué que l’enfant a passé dix jours au quartier Titi Garage avant d’être enterré à Nkoteng après sa mort. Les deux sont d’ailleurs aux arrêts… ». Une version des faits qu’aucun analyste sérieux ne peut crédibiliser, et qui a tout l’air d’un dilatoire, une porte de sortie d’une affaire embarrassante pour le gouvernement, et dont l’objectif est, soit de couvrir l’incapacité des enquêteurs à rétablir la vérité, soit de couvrir les coupables et leurs complices.
Mais, malgré son jeune âge, elle continue aujourd’hui de résister aux menaces, intimidations, injures, et humiliations de toutes sortes. Et, d’une manière pacifique, sa revendication reste constante : la restitution de son bébé volé. On peut donc comprendre dans quel embarras elle met les voleurs de bébés et leurs complices qui opèrent en toute impunité dans les hôpitaux publics.
L’affaire Vanessa Tchatchou nous ouvre davantage les yeux.
D’abord, c’est une invite à plus de vigilance et à une action rigoureuse visant à réduire, à défaut d’éradiquer, le vol des bébés dont la récurrence inquiète.
Ensuite, elle nous donne l’occasion de dénoncer une activité très sournoise en cours dans les maternités : la substitution d’enfants. Certaines femmes menacées dans leurs foyers par leurs époux parce qu’elles n’accouchent que des garçons, négocient avec les infirmiers pour que son garçon soit substitué par une fille ! Cette situation montre que les femmes ne sont plus en sécurité dans les hôpitaux. Aujourd’hui on n’est plus sûr de rentrer à la maison avec le vrai bébé qu’on a accouché.
Enfin, elle montre à quel point notre société n’a aucun respect pour la vie humaine. Ici, on vole les bébés, là on les abandonne dans les poubelles, ailleurs les petits enfants sont décapités pour des besoins ésotériques !
Vanessa Tchatchou est un symbole de la résistance pacifique contre l’oppression, les abus de pouvoir, et surtout, le non respect des droits des citoyens, et le mensonge.
Pourquoi jusqu’à ce jour, continue t-on à mettre la pression sur la jeune fille, sans apporter la réponse adéquate au problème qui se pose ?
Peut-être, essaye t-on, en secret, de corrompre Vanessa, d’acheter sa conscience avec une grosse somme d’argent, pour qu’elle jette l’éponge. Voilà comment se résolvent les problèmes dans notre pays.
Tout montre que l’on ne veut pas dire la vérité au public. Le constat est que ces gens ont des problèmes avec leur conscience. L'information qu'ils donnent n'est le plus souvent basée que sur le mensonge et la roublardise.
Si Vanessa cède, son combat aura été vain, et le cycle des disparitions des bébés dans les hôpitaux, ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Son combat aidera sans doute les autres jeunes filles à ne pas connaître pareille mésaventure, et freinera peut-être aussi, les ardeurs des voleurs de bébés.
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