Cameroun - Education. CAMEROUN: PLAIDOYER POUR LES 4 ÉTUDIANTS DE L’ADDEC CONDAMNÉS

C.P: Docteur Samuel MACK-KIT Vendredi le 17 Aout 2012 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Ainsi donc, Hervé ZOUABETH (Président de l’ADDEC), NJOUONKOU Soulemanou (Secrétaire aux Logements), Barthélémy TCHALEU DEMANGA (Secrétaire aux Relations Publiques) et Denis ATANGANA (Porte-Parole de l’ADDEC), ont été condamnés chacun, à un an de prison ferme avec sursis pendant trois (3) ans.

ADS



Ceci signifie, qu’après le paiement des amendes évaluées à 26.000 F CFA, ils seront libres. Mais si, au Cours des 3 années qui viennent, l’un d’eux est condamné pour quelque raison que ce soit, il commencera par purger la peine d’une année de prison ferme que Madame Josiane ABOUTOU épouse OWOUTOU, Juge de Tribunal de Première Instance de Mfou, vient de prononcer contre eux.

Leur crime ? Avoir voulu organiser une manifestation à propos de leurs conditions d’études et avoir désigné le Recteur Jean TABI MANGA comme un des responsables de ces mauvaises conditions de travail pour leurs études.
Je signale que le Président de la République a limogé le Recteur Jean TABI MANGA à la suite de l’action engagée par ces étudiants.

Mon propos ici n’est pas d’apprécier la qualité du verdict prononcé par Mme la Juge Josiane ABOUTOU épouse OWOUTOU.
Je voudrais juste partager avec mes concitoyens quelques rappels historiques, quelques interrogations et formuler quelques souhaits.

¨ La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 Décembre 1948, fait partie intégrante de notre Constitution de Janvier 1996 :
« … Affirme son attachement aux libertés fondamentales inscrites dans la déclaration universelle des Droits de l’Homme, la Charte des Nations Unies, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et toutes les conventions internationales y relatives et dûment ratifiées… » In Préambule de la Constitution de la République du Cameroun.
La violation d’une partie des textes suscités, constitue donc, ipso facto, une violation de la Constitution du Cameroun.
Or, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, en son article 19, dispose :
« Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. » souligné par SMK.
Il me semble évident que ceux qui ont engagé des poursuites contre les 4 étudiants de l’ADDEC et ont obtenu leur condamnation, ont violé cet article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et par conséquent, ont violé la Constitution de la République du Cameroun.

D’où ma question :
Pourquoi aucune poursuite n’a été engagée par notre Gouvernement contre ces violeurs de la Constitution de notre pays ?
¨ L’Histoire nous rapporte que :
► DOUALA MANGA BELL et NGOSSO DIN ont été pendus par le Gouvernement allemand en Août 1914 pour avoir contesté la décision du pouvoir établi allemand, de s’octroyer le plateau Joss, appartenant aux autochtones Douala !
► Martin SAMBA au Centre et MADOLA dans l’Océan (Kribi), sont exécutés, toujours en ce mois d’Août 1914 par le Gouvernement allemand, qui leur reproche de contester sa souveraineté sur le Kamerun.
► Ruben UM NYOBE a été renvoyé en 2e Année de la fameuse Ecole de Foulassi qui formait alors nos futures élites, pour son esprit frondeur, c.à.d. contestataire. Ce renvoi arbitraire ne l’empêchera pas de préparer et de réussir la 1ère et la 2e partie du Baccalauréat.
► C’est pendant ses études de Médecine à Dakar que le futur Docteur Félix Roland MOUMIE, est remarqué comme un esprit contestataire par un de ses professeurs Gabriel d’ARBOUSSIER, Vice-Président du RDA, qui le recommandera à Ruben UM NYOBE.
► Etc.
Tout le peuple camerounais est fier aujourd’hui de considérer tous ces compatriotes contestataires comme des héros nationaux.
¨ Le 13 Juillet 1955, le Gouvernement français dissout illégalement l’Union des Populations du Cameroun (UPC) afin de préparer « son » indépendance du Cameroun.
¨ Le 9 Mai 1963, le Gouvernement français prend un « Arrêté d’Interdiction » de la dynamique Section de France de l’UPC pour aider le jeune Gouvernement de Mr. AHIDJO à asseoir son pouvoir.
¨ En 1976, le Gouvernement français, pour aider le Gouvernement qu’il a installé au Cameroun, prend un « Arrêté d’Interdiction » de la vaillante Union Nationale des Etudiants du Kamerun (UNEK).
¨ En 1991, la dissolution du « Parlement Etudiant » de Yaoundé par le Gouvernement RDPC du Président BIYA, n’a pas enrayé la contestation des étudiants pour de meilleures conditions d’études.
Ce rappel historique pour souligner avec force, l’inanité de la répression face à la réalité.
La répression comme réponse à la contestation est une erreur.
Toute contestation mérite une gestion équitable dans laquelle, chaque partie doit trouver son compte.
Chaque fois que le plus fort use de la répression pour faire valoir seulement son point de vue, en fait, il est perdant à long terme.

En effet :

DOUALA MANGA BELL, NGOSSO DIN, SAMBA Martin, MADOLA, Ruben UM NYOBE, Félix-Roland MOUMIE dont les Gouvernements allemand et français ont ignoré la contestation au point de les tuer, sont aujourd’hui tous considérés comme des héros nationaux camerounais.

L’UPC qu’on a voulu effacer de la carte politique nationale, est toujours là, bien que la répression contre elle soit toujours présente.

Certes, l’UNEK a disparu ; mais la jeune diaspora camerounaise a repris le flambeau avec encore plus de vigueur pour dénoncer l’incurie dans divers domaines, de notre Gouvernement.

Le Parlement étudiant a disparu ; mais l’ADDEC, dans ses combats actuels pour de meilleures conditions d’études au Cameroun, supporte fort bien la comparaison avec ses aînés.

Pourquoi ce silence autour de la condamnation de ces jeunes étudiants de l’ADDEC, qui n’ont fait que vouloir faire connaître leur opinion à propos d’un sujet qui les intéresse ? Et ce faisant, ils ne font que jouir d’une prérogative que notre Constitution reconnaît à tout citoyen camerounais. Et comme la Constitution est la mère de toutes les lois, aucune loi ne peut leur être opposée car, aucune loi n’est au-dessus de la Constitution. S’il en existe, elles sont mauvaises et notre Parlement, qui est l’un des dépositaires de notre souveraineté nationale, devrait les abroger sans délai !
Où est passée la fine fleur de l’intelligentsia camerounaise pour prendre la défense des jeunes étudiants de l’ADDEC ?
Où sont passés les Professeurs de ces étudiants ?
Où sont passés les démocrates de ce pays ?

En 1970, lorsque le Polytechnicien Jean-Jacques EKINDI, Vice-Président de l’UNEK et encore alors étudiant à l’Ecole d’Urbanisme de Paris, a été arrêté de façon arbitraire par le Gouvernement de Mr. AHIDJO, ici au Cameroun, les militants de l’UNEK s’étaient retrouvés au coude à coude avec ses anciens camarades de Polytechnique et ses anciens Professeurs français de cette école pour demander sa libération au Gouvernement camerounais d’alors.

De même, lors des arrestations de 1984 – 1985, les Professeurs français des camarades arrêtés (LOUKA Basile, DJOKY Alexandre, DIKOUME MBONJO, NDEMA SAME etc.) n’ont posé aucune condition et n’ont pas hésité à s’associer aux démarches initiées par l’UPC pour obtenir la libération de ces compatriotes.

J’ai deux souhaits :

Que tous ceux qui ont les moyens et la possibilité de se faire entendre, montent au créneau pour prendre la défense des jeunes étudiants de l’ADDEC, en demandant l’annulation de leur condamnation.

Mesdames et Messieurs les Juges de la Cour d’Appel :




Je vous exhorte à annuler purement et simplement la condamnation d’Hervé ZOUABETH, NJOUONKOU Soulemanou, Barthélémy TCHALEU DEMANGA et Denis ATANGANA, dirigeants de l’ADDEC.

Ces jeunes ont voulu jouir d’un droit que leur reconnaît notre Constitution. Il ne s’agit pas d’un délit. Mesdames et Messieurs les Juges de la Cour d’Appel,
Je plaide pour que l’on n’hypothèque pas l’avenir de ces jeunes.
Il ne faut pas que demain, dans leur casier judiciaire, apparaisse la mention d’une condamnation dont l’origine réelle n’aura été que leur détermination de vouloir jouir d’un droit prescrit par notre Constitution.



 Docteur Samuel MACK-KIT

ancien Président de l’UNEK (1973),

Ancien Président de l’UPC (2004-2011) 

ADS

 

Lire aussi : Le Directeur de l'ESSTIC suspend les cours en classe de Journalisme Deuxième Année. Les raisons

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS