Cameroun - Economie. Contrôles financiers : Le Minfi fait le ménage

Pierre Célestin Atangana | Mutations Jeudi le 30 Mai 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Un arrêté limoge la totalité des contrôleurs financiers en poste dans les administrations et les entreprises publiques et parapubliques. Quelques semaines après l’entrée en vigueur du budget programme, le ministre des Finances fait le ménage dans les postes de contrôles des finances publiques, le 17 mai dernier.

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Ces personnels, d’après les missions et attributions que leur assigne le décret du 3 février 1977, sont «chargés d’assurer le contrôle des actes administratifs générateurs de recettes et de dépense pris soit par les chefs de départements ministériels, les chefs de missions diplomatiques et consulaires, les responsables des organismes des établissements publics administratifs soit par leurs subordonnés». Toute la génération des contrôleurs financiers en poste jusqu’ici, laisse place à une autre. En fait, les récriminations contre ces gendarmes de la dépense étaient devenues monnaie-courante. Rançonnement des usagers, chantage, monnayage des services et bien d’autres griefs leur étaient reprochés.

Pour doper la consommation des crédits dont les contrôleurs financiers qui stagnent à la baisse au moment où le Cameroun rentre dans un nouveau régime financier, et se fixe pour ambition l’atteinte des objectifs de développement qu’il s’est assigné, question d’améliorer qualitativement et quantitativement la consommation efficace des crédits, Alamine Ousmane Mey a décidé de repartir avec du sang neuf dans tous les ministères et les établissements publics administratifs. Ces derniers, ont donc la lourde mission de donner une nouvelle image à la fonction de contrôleur financier souvent malmenée par des histoires malheureuses. Car, dans les entreprises publiques et parapubliques, les rapports entre contrôleurs financiers et gestionnaires ne sont pas toujours sains. Pour certains gestionnaires interrogés, qui se refusent toutefois de témoigner à visage découvert, les contrôleurs financiers arrivent avec des idées préconçues dans les structures où ils sont affectés. «Ils n’ont qu’un mot dans la bouche : «Je suis incontournable, et personne ne peut rien ici sans passer par moi. Parti sur cette base, vous comprenez que le chantage qu’ils exercent sur les gestionnaires de crédits ne peut pas passer ; ce qui ne peut qu’entraîner des désagréments entre eux et la direction de l’entreprise», explique un cadre d’entreprise publique.

A côté de ce supposé chantage, de nombreux prestataires accusent les contrôleurs financiers de rançonnement, à la limite du «braquage». «Quelle est la marge bénéficiaire qu’un fournisseur, qui paie des taxes, des impôts, des salaires, un loyer, enregistre le marché à 200.000 Fcfa aux impôts, peut avoir sur une prestation de services de 4,9 millions de Fcfa pour que le contrôleur, même si le dossier est règle, lui demande un bakchich qui parfois, peut s’élever à 10% du montant total de la facture ?» s’écrie un prestataire de services. Les ordonnateurs de la dépense n’hésitent à livrer les contrôleurs financiers à la vindicte. «Vous avez des contrôleurs qui contredisent les directeurs généraux, interviennent dans le choix des fournisseurs et rejettent les dossiers visés par les directeurs généraux pour des motifs fantaisistes», charge un gestionnaire de crédits. A la sous-direction du contrôle financier du ministère des Finances (Minfi), l’on explique que les gestionnaires de crédits sont les plus fautifs dans la chaîne de la dépense. «Le contrôleur financier est garant de l’orthodoxie budgétaire, il régule le circuit de la dépense et de la recette, s’assure de la qualité et de la régularité de la dépense et de ce que les ressources qui sont affectées aux différentes lignes budgétaires sont effectivement orientées vers leurs destinations originelles», explique-t-on à la sous-direction du contrôle financier au Minfi.

Selon un cadre de cette sous-direction, le début du conflit procède de l’abus de pouvoir des ordonnateurs. Ces derniers veulent par exemple utiliser des ressources budgétaires sans s’assurer que les lignes qu’ils sollicitent sont pourvues. «Lorsque les gestionnaires de crédits exigent par exemple que le contrôleur paie une prestation alors que cette ligne n’est pas approvisionnée, survient un bras de fer entre les deux, indique un cadre de la sous-direction du contrôle financier. Ici, le gestionnaire fait valoir sa puissance et son pouvoir alors que le contrôleur, de son côté, oppose les textes et l’orthodoxie.» Selon lui, l’issue du conflit tourne généralement à la faveur du gestionnaire, qui noircit le contrôleur financier. «Le contrôleur financier est juge de régularité alors que le gestionnaire est juge de l’opportunité d’une dépense. Le procès qui est fait sur les contrôleurs, en ce qui concerne leur immixtion dans l’opportunité, est faux», poursuit-il. Les prestataires, signale une source au Minfi, généralement, n’ont pas de dossiers en règle et sont les premiers à proposer des cadeaux aux contrôleurs qui, pour certains, dans le but d’aider des opérateurs qui promettent d’être en règle la prochaine fois, acceptent et ferment les yeux. Toutes choses qui ouvrent la voie à des pratiques peu orthodoxes orchestrées par ceux qu’on qualifie pudiquement comme des brebis galeuses au Minfi.

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