Cameroun - Communication. Déclaration du SNJC sur les dérives du CNC

C.P: SNJC Mercredi le 13 Novembre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Yaoundé, le 13 novembre 2013 - Le 28 octobre 2013, les directeurs de publication du quotidien Ouest-Littoral et de l’hebdomadaire L’œil du Sahel, Benjamin Zebaze et Guibaï Gatama respectivement, ont été convoqués par le Conseil national de la communication (CNC) pour répondre de faits «manquement à l’éthique et à la déontologie».

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Le premier, comme son confrère, a été convié à s’expliquer sur la base d’un document signé du président de l’organe, Mgr Joseph Befe Ateba, qui est lui-même le plaignant. L’objet de sa plainte est un article, paru le 10 octobre 2013, consacré à la polémique sur l’interdiction par le CNC de la publication des tendances des élections législatives et municipales du 30 octobre au Cameroun et intitulé : «On va voir ce qui se cache derrière la soutane de Befe Ateba».
A Guibaï Gatama, il a été exigé un «complément d’informations» sur un article paru le 15 octobre 2013 dans L’œil du Sahel sous le titre : «Amchidé : 15 Nigérians tués dans les affrontements avec les forces de l’ordre».


Empêchés, les patrons de Ouest-Littoral et L’œil du Sahel se sont faits représenter à l’audience du CNC par des collaborateurs, une précaution qui n’a visiblement pas été du goût des membres du CNC, qui exigent la comparution physique des principaux responsables de ces publications de nouveau convoqués le 15 novembre 2013.


L’un et l’autre ont, sans suite, exigé le respect des procédures de saisine, permettant à un mis en cause de prendre connaissance de l’acte d’accusation pour mieux préparer sa défense. De plus, leurs délégués se sont, sur place et à leur grande surprise, vus exiger des explications sur des faits – bien que sommairement – qui n’étaient pas portés sur leur convocation. Leur attitude a été jugée «irrévérencieuse» par le CNC.


S’agissant de L’œil du Sahel, l’on apprendra plus tard que le plaignant est en réalité le patron de la Police, Martin Mbarga Nguele, qui accuse le journal de mettre à la disposition du public des informations «sans recoupement préalable», qui «relèvent du secret défense et sont de nature à mettre en péril la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat». Le délégué général à la Sûreté nationale estime par ailleurs que «la ligne éditoriale de Guibaï Gatama incite à la haine tribale, en faisant passer les populations du Grand Nord pour des victimes d’une supposée oppression».


D’autres informations du SNJC font état de manœuvres parallèles du président du CNC, qui multiplierait des rencontres occultes avec des dignitaires du régime de Yaoundé dans la perspective d’une vaste campagne répressive contre des médias à capitaux privés pouvant aller jusqu’à l’interdiction de certains titres, et à des arrestations massives de journalistes mis en cause.


A cet effet, apprend-on, Mgr Joseph Befe Ateba aurait, depuis le 31 octobre 2013, reçu une correspondance du ministre de l’Administration territoriale, René sadi, l’assurant des «dispositions» prises à son niveau pour que les gouverneurs de région, les préfets et les sous-préfets veillent à l’application de toutes les décisions prises par le CNC. En clair, le gouvernement camerounais entend faire assumer et légitimer une démarche dictatoriale arrêtée d’avance par l’institution mise sur pied par le chef de l’Etat pour réguler l’espace médiatique national.


Cette stratégie secrète de musellement intervient au moment où d’autres procédures, moins médiatisées, sont enclenchées par le CNC contre d’autres médias camerounais à capitaux privés.


Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) constate, pour le déplorer et le condamner, que :
-    Les méthodes du CNC, à travers son président, par ailleurs évêque de Kribi, s’apparentent à de la dictature ;
-    Le CNC n’a jamais donné des gages d’indépendance, se présentant davantage comme un instrument au service de lobbies occultes ;
-    Le CNC, attendu sur le terrain de la formation, de la sensibilisation et de la mobilisation pour la paix sociale et le développement, n’a à ce jour rien entrepris allant dans le sens d’un mieux être du secteur de la communication ;
-    Le CNC ne s’est jamais préoccupé des dérives éditoriales continues des médias à capitaux publics, transformés en caisses de résonnance du pouvoir camerounais ;
-    Le CNC se pose en organe d’accompagnement de la politique d’un régime qui tolère à peine le débat contradictoire ou la critique ;
-    Le CNC n’a jamais appelé à la fin du harcèlement contre les journalistes et médias du secteur privé par des dignitaires du pouvoir et ne s’est jamais ému de l’enlèvement, le 28 décembre 2012 à Yaoundé, par des gendarmes en civil, du directeur de publication de L’œil du Sahel, Guibaï Gatama, qui n’a été arraché des mains de ses boureaux que grâce à la vigilance et à la mobilisation de confrères alertés ;
-    Le CNC, placé sous l’autorité du Premier ministre et donc d’inspiration contraire à la Charte des devoirs et des droits des journalistes, encore appelée Charte de Munich, la plus admise dans le monde entier et qui stipule que «(…) le journaliste n’accepte, en matière d’honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l’exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre», se pose résolument en bras séculier des ennemis de la liberté d’expression ;
-    A travers ses dérives répétées, le CNC est devenu un dangereux vecteur de haine susceptible de compromettre la paix sociale et l’unité nationale.
Face à ce qui précède, le SNJC :
-    Apelle les membres du CNC soucieux du respect des libertés et du tribunal de l’Histoire à résister à toute tentative d’instrumentalisation, à ne pas engager leur responsabilité dans les oukases actuels, ou à venir, de cette institution fortement discréditée ;
-    Exige l’arrêt de toutes les poursuites actuellement engagées, au mépris de tout bon sens, contre des médias à capitaux privés ou leurs promoteurs ;
-    Met en garde le CNC contre toute nouvelle tentative d’intimidation et de harcèlement de médias à capitaux privés ou de leurs promoteurs ;
-    Appelle les professionnels des médias, toutes obédiences confondues, à la plus grande vigilance et à rester mobilisés, en toute responsabilité, face aux dérives répétées du CNC.


Le président du Bureau exécutif national du SNJC
Félix C. Ebolé Bola


Copies :
-    Comité international pour la protection des journalistes ;
-    Fédération internationale des journalistes ;
-    Fédération des journalistes africains ;
-    Union des syndicats des professionnels de la presse d’Afrique centrale ;
-    Reporters sans frontières
-    Fédération internationale des droits de l’homme
-    Amnesty International

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