Cameroun - Musique. Scène: Le «phénomène» Bona enivre Douala

Adeline TCHOUAKAK | Le Messager Lundi le 07 Janvier 2013 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Il fallait être là pour le vivre ! Richard Bona en live à Douala Bercy dans la capitale économique du Cameroun vendredi, 21 décembre 2012. Un spectacle haut de gamme qui a drainé une foule immense malgré des désagréments qui s’y sont greffés.

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Il fallait être là pour le vivre ! Richard Bona en live à Douala Bercy dans la capitale économique du Cameroun vendredi, 21 décembre 2012. Un spectacle haut de gamme qui a drainé une foule immense malgré des désagréments qui s’y sont greffés.

Le spectacle débute aux environs de 20 heures 30 minutes avec en levée de rideaux, le directeur général d’Orange Cameroun en compagnie de son orchestre le Sms Band. S’en suit Richard Epesse, jeune artiste qui présente au public, sa nouvelle galette musicale. Pendant qu’il fait sa démonstration à la basse, les fans de Richard Bona n’arrêtent pas d’arpenter le tapis rouge à eux dressé ce soir-là. Les plus de 1000 places disponibles dans la salle de Douala Bercy sont pleines. Et pourtant, une centaine de personnes tient à regarder le bassiste en live. Quelques malins ont acheté une grande quantité de billets et font de la surenchère auprès des retardataires. Le billet de 20 000 Fcfa coûte désormais 30 000 Fcfa et celui de 30 000 Fcfa, 40 000 Fcfa voire 50 000 Fcfa. Le prix importe peu. Ils tiennent tous à voir Richard Bona sur scène.

Aux environs de 21 heures 30 minutes, Richard Bona fait enfin son entrée. Il est accueilli par des vuvuzela et des applaudissements à n’en point finir. Tout de noir vêtu (un ensemble smoking, un chapeau tricoté, une longue chaine, on dirait un chapelet au cou), il enfile sa guitare et son équipe se met en place. Ils entonnent la première chanson du spectacle, «kalabancoro». Le public écoute religieusement. Sous une lumière rouge tamisée, des téléphones, appareils photos et tablettes Ipad dictent leur loi. Chacun veut à tout prix, immortaliser ce moment. La star qui n’a encore dit un seul mot de la soirée, ne laisse plus longtemps saliver son public. Avec un grand sourire qui ne le quitte pratiquement jamais il déclare, « on a dit qu’aujourd’hui, c’est la fin du monde et vous êtes venus mourir avec Bona n’est-ce pas ? Pour moi aussi, c’est bien de mourir chez moi après avoir mangé du beignet-haricot-bouillie comme je l’ai fait ce matin ». D’un air un peu plus sérieux, il conclut, « It is a new beginning, tout commence aujourd’hui».

Sous les acclamations de l’assistance, il présente les musiciens qui l’accompagnent à la batterie, à la trompette, au piano, à la guitare et aux percussions. « Et toi alors, tu ne t’es pas présenté », hurle le public. Et Bona de répondre dans un ton comique, « je ne me présenterai qu’aux élections présidentielles ou comme chef d’un canton». Sans transition, il entonne «ekwa mwato» que les fans reprennent en chœur. Certains font vivre par téléphone un bout du spectacle à leurs proches qui n’on pu être là. Après une belle chanson en l’honneur de sa maman qui était présente, Richard demande au public ce qu’il veut écouter. Le titre « mutula moto » emportent la majorité des voix. Plus de 1000 spectateurs présents rivalisent la sono installée par Universal. L’artiste se plie et dit sur des notes ponctuées d’un grand sourire, qu’il a oublié les paroles.


Mangabeu

22 heures 17 minutes. Le spectacle s’arrête brusquement. Problème à la sono. Après environ cinq minutes d’attente, la star se lasse. Il s’assoit tout de même sur un pan du podium et s’entretient amicalement avec le public. Dix minutes plus tard, l’équipe technique qui se déploie n’a toujours pas donné de signes positifs. Découragé, Bona rentre dans les vestiaires et ses musiciens le suivent. Le public attend calmement. 22 heures 40 minutes, le problème est réglé. Des indiscrétions renseignent que le groupe électrogène préalablement installé n’a pu supporter la charge du matériel du grand prix Sacem 2012. La salle exulte de revoir Richard et son équipe se remettre en place. Richard Bona ne cache pas son mécontentement « Il faut qu’on prône l’excellence dans ce pays. J’ai insisté hier que le matos soit installé, mais comme tout le monde est chef au Cameroun, jusqu’à 18 heures ce soir, rien n’était fait. Hier à mon arrivée à l’aéroport de Douala, il y a eu coupure d’électricité. S’il vous plait, quand vous avez quelque chose à faire, faites-le bien ».

Comme si rien ne s’était passé, la fête recommence avec « shiva mantra ». Puis des bouts de Mangabeu de Pierre Didi Tchakounté et de makossa d’Ekambi Brillant. Des titres «Suninga» et «tè dikalo» tant sollicités sont servis avant de prendre congés de Douala. Personne dans la salle ne bouge pourtant. C’était trop court, se plaignent certains. Ils se sont sans doute rattrapés le lendemain 22 décembre 2012 au Palais des Congrès de Yaoundé où, l’artiste s’est également produit.

Adeline TCHOUAKAK



Richard Bona: «Je ne suis pas le meilleur»

La veille de ce spectacle, Richard Bona a donné une conférence de presse au cours de laquelle, nous lui avons arraché quelques mots.


Comment avez-vous reçu le Grand Sacem 2012 qui vous a été attribué ? Est-ce un sacre ?

Non. La première fois où j’ai été nominé au grammy awards, je ne suis même pas allé. En fait, j’ai remarqué que chaque fois que j’y vais, je ne gagne pas mais quand je ne suis pas là, je gagne (rires). Non, ce n’est pas une consécration. J’aime beaucoup la musique mais je ne l’ai jamais prise au sérieux. Davantage comme des jeux vidéo. Je ne suis pas le meilleur et je n’ai pas envie de l’être. Je veux juste continuer à avoir cette flamme, cet amour qui me fait tous les jours chanter, travailler et avancer.


Est-ce que du haut de votre notoriété, vous avez des projets pour des jeunes de votre pays ?

Honnêtement non. Je peux transmettre mais je ne suis pas un très bon concepteur. Et puis, je n’ai pas les moyens de monter un projet pour les jeunes bassistes. Ma façon à moi d’aider mes frères, c’est des featuring, les accompagner sur des chansons. Comme par exemple Charlotte Dipanda qui pendant deux ans, n’a cessé de me répéter, grand-frère, je veux que tu écrives une chanson pour moi. Quand j’ai eu du temps, je l’ai fait. Richard Epesse entre autre, m’a fait écouter son album. A la maison, j’ai pris du temps pour écouter en profondeur et quand j’e l’ai rencontré, je lui ai fait des remarques et observations. C’est seulement dans ce sens pour l’instant que je peux aider mes frères.


Que conseillez-vous à un jeune artiste qui veut suivre vos pas à la basse ?

Généralement quand un jeune me pose cette question, je lui demande combien de fois, il joue par semaine. S’il me dit 3 fois par semaine, je comprends qu’il n’y arrivera pas. Quand ce que vous faites est une passion, c’est tout naturellement que vous le faites. En aucun moment vous ne le prendrez comme un exercice mais plutôt comme un plaisir. Je joue tous les jours, je ne sais combien de fois. Chaque fois que j’ai une minute, je joue. Je sors du Japon pour le Cameroun. J’ai fait environs 36 heures de vol. Mais à chaque escale, j’ai joué et chanté. Mon fils a l’habitude de me dire « your life is pourried » parce que je suis toujours en train de jouer et travailler. C’est un plaisir. Même si vous le faites maladroitement, cherchez à vous améliorer tous les jours. L’excellence vient des mouvements répétés.

Entretien avec Adeline TCHOUAKAK 

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