Cameroun - Politique. Maurice Kamto : “Les Camerounais sont fatigués des pratiques archaïques”

Le Jour Jeudi le 24 Septembre 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Déclaration du MRC sur la brutale arrestation et la garde à vue administrative de Jean Marc Bikoko, François Fono Fotso et autres.

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Des membres de la société civile prenant part au Palais des Sports à un séminaire sur le thème « La gouvernance électorale et l’alternance démocratique » organisé par la branche nationale du collectif « Tournons la page » ont été arrêtés le 15 septembre 2015 sur ordre du Sous – Préfet de Yaoundé II par des éléments de la police. Une fois cette information connue, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) s’est rapproché de Jean Marc Bikoko et de ses malheureux camarades détenus au GMI de Yaoundé. De cette visite, il ressort deux constats majeurs :

    Malgré le choc de la brutalité de leur arrestation, ils ont un bon moral et restent combatifs ;
    Plus que la question de l’absence de déclaration de la tenue de cet atelier, c’est le message de sensibilisation des Camerounais contre la confiscation du pouvoir à travers une ingénierie de fraude bien huilée qui a mis le régime hors de lui.

Il est en effet difficile de comprendre qu’au moment où notre pays a besoin des forces de sécurité sur des fronts où se joue la survie de la Nation et non celle d’un régime, la police s’exerce à donner l’assaut sur des lanceurs d’alerte armés seulement de leurs idées jugées manifestement par trop menaçantes par le système. Tout comme il est moralement inacceptable qu’en pleine capitale, sous les ordres d’une autorité administrative, un haut responsable de la police commande un détachement d’éléments qui déshabillent des dames au motif que leurs tee-shirts portent l’inscription « Tournons La Page ».

Au fond, seule la panique de l’alternance, rendue inéluctable par l’ampleur de l’échec du régime dans tous les secteurs d’activités depuis plus de trente ans, peut expliquer une réaction aussi brutale. Une telle réaction doit être comprise par tous comme un message sur sa détermination à reproduire lors des prochains scrutins les fraudes sauvages qui, depuis 1992, constituent la seule explication à sa perpétuation. La mise sur pied de l’ONEL1, de l’ONEL2 et d’ELECAM n’ont pu endiguer ces pratiques antidémocratiques. Ainsi, M. Jean Marc Bikoko, le journaliste François Fogno Fotso, coupable d’avoir couvert les évènements, Agnès Adélaïde Metougou, Le Juste Bikoko, Jessie Bikoko, Yves Ndjalla Epangue et leurs autres camarades, encore maintenus en garde à vue administrative de quinze jours renouvelables, sur décision du Gouverneur de la Région du Centre prennent dès à présent les coups qui s’abattront lors des prochains scrutins sur tous ceux qui oseront protester contre les fraudes du régime.

Bien que M. Jean Baptiste SIPA, un des doyens de la presse nationale, et ses compagnons d’infortune soient déjà libérés, le MRC salue leur engagement dans cette lutte. La campagne “Tournons La Page” dont l’objectif est de demander simplement que les conditions des futures élections rendent possible l’alternance pacifique dans notre pays s’inscrit dans le sillage de la campagne « Sauvons la Paix au Cameroun en exigeant dès maintenant la Réforme du Code électoral pour des Elections Libres, Transparentes et Démocratiques ! », annoncée par le Président National du MRC, le Pr. Maurice KAMTO, lors de son message aux camerounais en décembre 2014. Cette campagne débutera bientôt à travers le pays, par une sensibilisation du grand public sur l’urgence de la réforme du code électoral actuel dont on sait qu’il est conçu simplement pour garantir au régime RDPC de s’éterniser au pouvoir, malgré son large rejet par le peuple écrasé par la pauvreté et le désespoir.

Le système électoral camerounais est mauvais, ELECAM dont une écrasante majorité des membres est du RDPC ou lui doit tout, se soumet servilement au pouvoir. Ceux de ses membres issus de la société civile ont depuis oublié leur combat démocratique en raison des douceurs dont le pouvoir sait si bien les gratifier. Les quelques dispositions du code électoral qui pourraient limiter les fraudes lors des consultations ne sont pas respectées alors que plusieurs articles dudit code rendent tout simplement impossibles des élections justes, transparentes et équitables. Ce code fait courir à notre pays un grand danger lors des prochaines consultations. Par conséquent, il rend urgent l’instauration d’un dialogue national, qui seul peut permettre au Cameroun de se doter d’une nouvelle loi électorale consensuelle, capable de garantir à notre pays, déjà durement éprouvé par les attaques terroristes de la secte Boko Haram, des élections apaisées dont les résultats seront acceptés de tous. C’est pour avoir tenté de passer ce message de paix électorale que Jean Marc Bikoko et ses camarades sont aujourd’hui embastillés par un régime devenu encore plus agressif et violent à la simple évocation de sa perte possible du pouvoir lors des prochaines consultations.

Le MRC est plus que solidaire de ces lanceurs d’alerte. Il demande leur libération Immédiate. Il appelle d’autant plus le pouvoir à la raison que la détention des concernés est inutile et repose sur une base juridique contestable. Même emprisonnés, ils continuent certainement de penser, et à juste titre, comme de nombreux camerounais, y compris dans l’entourage immédiat du Président de la République, qu’il faut dès à présent éviter à notre pays des lendemains postélectoraux douloureux, en adoptant un nouveau code électoral consensuel. Leur action rappelle l’exposé des motifs de la proposition de loi portant modification du code électoral que le MRC a déposé, depuis la session parlementaire de novembre 2014, sur le bureau de l’Assemblée Nationale et par laquelle il suggère des ajustements afin de donner de la crédibilité à notre système électoral avant la tenue des prochaines élections nationales dont le caractère crucial n’échappe à personne.

Par expérience, le MRC sait que dans notre pays, pour toute organisation qui ne travaille pas pour la perpétuation du régime au pouvoir, il ne suffit pas de déposer dans les formes et dans les délais légaux une déclaration de réunion publique ou une demande d’autorisation d’une manifestation publique pour être assuré de la tenue de ladite réunion ou de ladite manifestation en toute quiétude. Le MRC respectera les procédures administratives en vigueur en matière de réunions et de manifestations publiques dans la mise en branle de sa campagne « Sauvons la Paix au Cameroun en exigeant dès maintenant la Réforme du Code électoral pour des Elections Libres, Transparentes et Démocratiques ! ».

Ses militants restent déterminés à ne pas se laisser impressionnés par le message que le pouvoir a tenté de passer à travers l’embastillement de Jean Marc Bikoko et de ses camardes. Les informations concordantes annoncent que les extrémistes du régime et les partisans du pouvoir à vie ont, après une réunion secrète, décidé de dévoyer, comme le MRC le redoutait déjà, la loi anti terroriste adoptée par le pouvoir en novembre 2014, malgré les nombreuses protestations des partis politiques et de la société civile, pour empêcher, y compris par la violence armée, toute action politique ou citoyenne visant à sensibiliser le peuple sur l’impérative nécessité de l’alternance en 2018 dans notre pays. Les Camerounais ne doivent plus être dupes ! Face à cette réalité qui annonce des jours douloureux pour tous les progressistes partisans de l’alternance à l’approche des prochains scrutins, nous sommes tous des Jean Marc Bikoko, François Fogno Fotso et les autres ! Les Camerounais sont fatigués des pratiques archaïques et brutales d’un régime en panne d’initiative face aux préoccupations économiques, sociales, culturelles, politiques et sécuritaires. Ceux qui gouvernent doivent faire attention à ne plus penser que « ne reste pas au pouvoir qui veut, mais qui peut » et à ne plus recourir aux forces de sécurité et de défense pour étouffer les revendications politiques légitimes de notre peuple.

Les militants du MRC et le peuple camerounais dans son ensemble ne vont plus accepter le terrorisme politique d’Etat. Ils n’acceptent pas non plus que seuls ceux qui promeuvent les «appels du peuple » pour une énième candidature du Président de la République en fonction se réunissent ou manifestent librement, avec le soutien des autorités administratives et des forces de maintien de l’ordre. Les engagements internationaux du Cameroun, la Constitution et les lois de la République qui protègent les droits civiques doivent désormais être respectés. La campagne « Sauvons la Paix au Cameroun en exigeant dès maintenant la Réforme du Code électoral pour des Elections Libres, Transparentes et Démocratiques ! » est une opportunité qui interpelle la nation et les institutions républicaines en particulier le Parlement et l’Exécutif. Le MRC veut la mener avec tous ceux qui aiment notre pays.
 

Maurice KAMTO, Président National du MRC

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