Cameroun - Politique. Cameroun - Réunion des chefs de cours: Laurent Esso tance les avocats

Ludovic AMARA | Le Messager Lundi le 06 Octobre 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La cérémonie d’ouverture de la réunion annuelle des chefs de Cours d’appel, hier à Yaoundé, a donné l’occasion au ministre de la Justice, Garde des Sceaux de s’en prendre violemment aux robes noires. En toile de fond d’un discours aux relents autoritaristes, le traitement des nombreuses affaires de l’opération épervier, dans lesquelles le glaive de la Justice s’abat avec toute sa fureur.

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Difficile de ne pas voir dans le sermon du Garde des Sceaux (Minjustice) du 02 octobre 2014, l’ombre des affaires de l’opération d’assainissement de la chose publique, dite opération épervier, qui a déjà envoyé plusieurs anciens hauts fonctionnaires de la République au gnouf. Difficile aussi de ne pas faire un rapprochement avec la dernière actualité sur le sujet : la condamnation de l’avocate Lydienne Eyoum à 25 ans de réclusion criminelle dans une affaire de recouvrement foireux des fonds de l’Etat détenus par la Sgbc à la Beac. Laurent Esso, qui dirige à nouveau la chancellerie depuis 2011 (après son passage entre 1996 et 2000) a ainsi déclaré que «le pouvoir judiciaire, dans la manifestation de son indépendance, bouscule les préjugés. La répercussion de ses décisions va parfois au-delà de nos frontières»…

Le Garde des Sceaux se gargarise ainsi des peines sidérantes assommées aux accusés de l’opération épervier, et qui provoque un tollé à l’international. Rappelons-le, de Marafa à Michel Thierry Atangana en passant par Yves-Michel Fotso, Atangana Mebara ou encore Lydienne Eyoum ; le rocambolesque de leur procès qui a débouché sur des peines lourdes, a ému à l’international provocant l’agacement des chancelleries occidentales et les hurlements du Barreau. Mais pour le ministre de la Justice, il n’y a là que des motifs de satisfaction. Il s’en félicitera d’ailleurs dans une anaphore qui ne manque pas de relief : «sont surpris ceux qui pensaient que la Justice de notre pays est aux ordres. Sont surpris ceux qui n’avaient pas encore réalisé que l’indépendance du pouvoir judiciaire est une réalité au Cameroun. Sont surpris ceux qui n’ont pas encore compris que le magistrat camerounais a une formation juridique et morale qui lui permet de résister à l’opinion». Avant d’asséner cette estocade «l’opinion traite l’opinion dans les opinions».

Condescendance

Très souvent qualifiés de taiseux, le Minjustice a aussi la réputation d’être incisif et condescendant. Son laïus devant les chefs de Cours d’appel, le premier président et le procureur général de la Cour suprême, le président du Tribunal criminel spécial, les présidents des tribunaux administratifs ; mais surtout devant le bâtonnier, avait aussi pour objectifs de donner des bons points aux uns et des mauvais aux autres. Déroulant le programme de deux jours de conclave, le ministre de la Justice s’est longtemps attardé sur le premier sujet : l’application de la circulaire de janvier 2014 relative à la mise en état des « dossiers frappés d’une voie de recours ». L’occasion était trop belle. Du haut de plus de quatre décennies de magistrature, et de deux passages à la tête du ministère de la Justice, Laurent Esso va d’abord circonscrire les contours  du recours, « nous le savons tous. Un mécanisme juridique est mis en place par la loi pour que le recours exercé contre une décision de justice soit examiné par la Justice compétente», avant d’avertir, «c’est seulement de cela qu’il s’agira».

La précision étant faite, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, ayant définitivement une propension pour l’anaphore, va se lancer dans un sermon dont les avocats apparaissent être les destinataires : « ces prétendus recours qui s’adressent à l’opinion. Ces prétendus recours qui versent dans une manipulation indécente. Ces prétendus recours qui dénigrent les juridictions et les magistrats. Ces prétendus recours qui dénaturent le procès pour en faire une tribune, ces prétendus recours qui oublient la dignité à observer devant le pouvoir judiciaire». Cette diatribe va être conclue par une autre précision, «ces prétendus recours qui agitent l’opinion, sont évidemment irrecevables en la forme. Il ne retiendront donc pas notre attention au cours de nos travaux».  Qu’on se le tienne pour dit. En parallèle, le Minjustice révèlera les moments de franche hilarité qui traversent ses services lorsque «de brillants juristes ou ceux qui se considèrent comme tel, se comportent plutôt comme de brillants orateurs […] et feignent d’ignorer que les voies de recours ne sont pas les jérémiades».

Les travaux de Yaoundé qui examineront aussi la circulaire conjointe Minfi/Minjustice relative au contrôle administratif et comptable et de règlement des frais de justice et le recouvrement des condamnations pécuniaires prononcées par les juridictions pénales. Aucun mot cependant sur la prochaine session du Conseil national de la magistrature dont près de trois promotions de magistrats stagiaires attendent la tenue, qui marquera le début de la carrière.

Ludovic AMARA (Stagiaire)

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