Cameroun-Guinée équatoriale. Conflit: Yves Michel Fotso provoque un sommet Biya-Obiang

Dominique Mbassi | Repères Vendredi le 07 Décembre 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La Guinée équatoriale a longtemps refusé d'honorer une créance de plus de 45 milliards de FCFA vis-à-vis du Groupe Fotso. Échaudé par la saisie d'un avion lui appartenant, son Président appelle son homologue camerounais à la rescousse. Une médiation qui pourrait impacter sur le sort de l'homme d'affaires.

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Jusqu’ici, le président équato-guinéen abordait cette affaire avec désinvolture. Après avoir donné son feu vert au Groupe Fotso qui investit énormément en vue de l'ouverture de la Commercial Bank Guinée équatoriale (CBGE), au dernier moment M. Teodoro Obiang Nguema Mbazogo refuse l'agrément. Et lorsque M. Yves Michel Fotso sollicite son intervention, il lui répond: «Monsieur Fotso, j'ai beaucoup d'estime pour votre famille dont j'ai beaucoup entendu parler. Il n'y a pas de problème. Ce n'est pas un problème qui vous concerne, mais j'ai dit une banque par pays et je suis conscient que vous avez fait des investissements. Pour compenser le préjudice que vous avez, je vous propose de vous donner un agrément d'assurances». Comme pour mieux le narguer, M. Obiang offre même à l'homme d'affaires camerounais de créer une société de BTP pour bénéficier de la commande publique.

La partie équato-guinéenne ne se départit pas de cette posture condescendante lorsque le Groupe Fotso porte le différend à la Cour commune de justice et d'arbitrage de l'Ohada en février 2007. Elle affiche dans un premier temps son indifférence avant de consentir à accepter la procédure d'arbitrages Mais le dilatoire des représentants de l'Etat équato-guinéen n'empêche pas le tribunal arbitral, le 24 mai 2009 à Libreville au Gabon, de condamner la République de Guinée équatoriale à verser 45,8 milliards de FCFA à la CBGE.

Même l'ordonnance rendue le 15 juin 2009 par le président du tribunal de grande instance de Paris qui donne mandat «à tous huissiers de justice, sur ce requis, de mettre la présente sentence à exécution, aux procureurs généraux et procureurs de la République française d'y tenir main, à tous commandants et officiers de la force publique de prêter main forte...» ne décide pas le président équato-guinéen à négocier. Plusieurs tentatives de règlement à l'amiable de la CBGE s'avèrent infructueuses.


ORDONNANCE DE LA JUSTICE FRANÇAISE

L'Etat équato-guinéen commence à sentir la menace lorsque, en juillet 2012, les avocats de M. Yves Michel Fotso, d'après "La Lettre du continent", envisagent de confisquer le Boeing Business Jet (BBJ) de M. Obiang Nguema venu assister au sommet du G20 à Cannes en France. Toujours d'après cette publication, les conseils de l'homme d'affaires camerounais passent véritablement à l'action en faisant saisir le 19 novembre de cette année un avion Falcon 50 appartenant à l'Etat équato-guinéen après son atterrissage à l'aéroport du Bourget en banlieue parisienne par la police de l'air et des frontières. Il a donc fallu cette action d'éclat pour que le président Equato-Guinéen accepte enfin la médiation. C'est dans cette optique qu'il rend visite à son homologue camerounais vendredi 30 novembre.

Mais la mission de M. Paul Biya, si d'aventure le chef d'Etat camerounais donne suite à la démarche de son "frère équato-guinéen", s'annonce ardue. Tant il est difficile aujourd'hui d'imaginer la stratégie que pourrait adopter le Président pour faire plier le promoteur de la CBC. «M. Yves Michel Fotso n'irait pas jusqu’à braver une éventuelle médiation du président de la République. Mais le problème ce sont tous ces faucons qui, pour des raisons connues, redoutent qu'il recouvre un jour la liberté et recourent à toutes sortes de manœuvres pour faire échec à toute initiative présidentielle pouvant conduire à une telle issue», souffle une source bien en cours dans le proche entourage de l'homme d'affaires.

Un de ses conseils se veut plus précis: «M. Fotso est la seule victime de l'opération Epervier qui a, au nom de la responsabilité, consenti à rembourser dans un cadre tout à fait légal voulu par le président de la République les sommes présumées détournées mises à son compte. Mais il y a toujours comme une main noire pour torpiller toute démarche entreprise. Le protocole transactionnel était sur le point d'aboutir, qui aurait permis à l'ancien administrateur directeur général de la Camair de payer, en tenant compte de ce que l'Etat avait déjà perçu, presque 7,5 milliards déjà FCFA dans le cadre de l'affaire liée à l'acquisition d'un avion présidentiel. Voilà qu'à dessein l'on a organisé des fuites dans la presse pour mieux tuer l’initiative ».


LE TCS A L'ÉPREUVE

Avec une pointe d'amertume, il évoque l'issue qui semble déjà se dessiner dans une autre affaire de détourne ment de plus de 600 millions de FCFA pendante devant le Tribunal Criminel spécial (TCS) dans laquelle il est mis en cause avec M. Roger Ntongo Onguené, ancien directeur général des Aéroports du Cameroun (ADC): Au cours de l'audience du 28 novembre, la collégialité conduite par M. Yap Abdou a eu confirmation du versement par M. Fotso de la somme de 230 millions de FCFA à la Cameroon Civil Aviation Authority (CCAA). Et alors qu'il s'attend à ce que le procureur général requiert l'abandon des poursuites conformément à la loi organisant le TCS, ce dernier exige plutôt le remboursement intégral des 546 millions de FCFA objet des poursuites.

Une exigence qui ne tient pas compte de l'ordonnance de renvoi qui a pourtant le mérite de sa clarté:

«Attendu toutefois que compte doit être tenu de la ventilation des fonds, que la responsabilité d'Yves Michel Fotso doit être cantonnée à la somme de 230.000.000 FCFA». D'ailleurs, au moment de clôturer son information judiciaire, le juge d'instruction écrit: «Disons suffisantes les charges réunies contre Ntongo Onguene Roger et Yves Michel Fotso d'avoir (...) commis les faits de détournement de deniers publics en coaction (...) à hauteur respectivement de 316.570.708 et 230.000.000 FCFA».

Les conseils marquent aussi leur étonnement pour des audiences qui se tenaient jusque-là presque tous les deux jours; le procureur général demande et obtient un renvoi d un mois. Sans doute le temps de requérir l'avis du garde des Sceaux qui devra lui-même en référer au président de la République. Entre-temps, et comme par hasard, s'est mise à prospérer au sein du sérail la thèse que M. Yves Michel Fotso est l'unique source des documents publiés par la presse qui accusent le fils aîné du chef de l'Etat d'avoir perçu indûment près de 100 milliards de FCFA dans l'acquisition des titres de Camtel et de la CNPS. Une manière de pression sur M. Paul Biya pour que ne soit pas appliquée la loi à celui qui conspire contre sa progéniture et donc contre le Président. Toute chose qui complique ou rend impossible la médiation du Président.


 

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