Cameroun - Agriculture. Coton camerounais : entre intrants anticipés et industrialisation, la filière veut changer de dimension
La Confédération nationale des producteurs de coton du Cameroun (CNPC-C), qui fédère plus de 220 000 producteurs dans les régions septentrionales, a pris les devants pour la campagne 2025/2026. Elle vient de lancer un appel d’offres international pour la fourniture de 52 000 tonnes d’intrants agricoles, évalués à près de 40 milliards de FCFA.
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Une initiative anticipée, contrairement au calendrier habituel fixé en octobre, afin d’éviter les retards logistiques qui avaient pénalisé la production l’an dernier. « Nous avons choisi de lancer plus tôt cette année pour corriger les lenteurs constatées », explique un responsable de la CNPC-C.
Les intrants concernés — engrais et produits phytosanitaires — sont distribués à crédit, avec remboursement lors de la commercialisation du coton fibre. Le mécanisme repose sur la Sodecoton, qui encaisse les recettes des ventes avant de reverser les fonds à la Confédération pour payer les fournisseurs. Une relation de confiance qui continue de faire vivre la filière.
Des perspectives en hausse
Selon la BEAC, le Cameroun pourrait produire 350 100 tonnes de coton en 2025, contre 340 000 en 2024, renouant avec les performances de 2022 (330 000 t) et se rapprochant de l’objectif stratégique de 400 000 tonnes par an.
En 2023, la production avait chuté à 314 455 tonnes, pesant sur les exportations (127 506 tonnes de fibre, soit 147,9 milliards de FCFA). Malgré ce recul, le coton reste dans le top 5 des produits d’exportation, représentant 4,9 % des parts, derrière le pétrole, le gaz, le cacao et le bois. La Chine demeure le principal client, absorbant 38 % des exportations camerounaises.
Une usine pour transformer localement le coton
En parallèle, la CNPS et le groupe indien Arise IIP ont signé trois conventions, le 11 septembre 2025 à Yaoundé, pour développer des projets industriels majeurs. Le premier volet concerne la construction d’une usine de transformation du coton dans la Zone industrialo-portuaire de Dibamba.
L’objectif est clair : produire localement des pagnes, vêtements, draps et serviettes, afin de réduire la dépendance aux exportations de fibre brute et capter davantage de valeur ajoutée.
Arise IIP avait déjà lancé, en juillet, les travaux de la zone industrielle, évalués à 230 milliards de FCFA. L’arrivée de la CNPS comme partenaire stratégique renforce l’ambition de faire de Dibamba un pôle industriel régional.
Un hub logistique en gestation
Le projet inclut aussi une plateforme logistique de réception et de stockage de conteneurs (4 millions de m³ par an), soit près d’un tiers de la capacité actuelle du port de Douala.
Plus de 100 hectares seront réservés à de nouvelles unités industrielles, avec possibilité d’extension à 220 hectares. Un levier pour attirer d’autres investisseurs et hisser le Cameroun au rang de hub régional d’exportation.
CNPS : un placement stratégique
Pour la CNPS, cet investissement combine rentabilité économique et sociale, avec près de 15 000 emplois annoncés et une contribution estimée à 0,5 à 0,7 % du PIB.
« La CNPS investit dans une opportunité qui garantit sécurité, liquidité et rentabilité, tout en participant à la transformation du Cameroun », assure sa direction générale.
Les travaux devraient s’achever d’ici 24 mois, une échéance qui, si respectée, marquera un tournant historique dans l’industrialisation du coton et le repositionnement économique du pays.
Cameroon’s Cotton Industry Gears Up: Early Inputs, New Factory, and a Push for Industrial Transformation
The National Confederation of Cotton Producers of Cameroon (CNPC-C), representing more than 220,000 farmers in the northern regions, has launched an international tender for 52,000 tons of agricultural inputs, worth nearly 40 billion CFA francs, for the 2025/2026 season.
This year, the call for bids was launched earlier than usual to avoid the logistical delays that disrupted last year’s campaign. Inputs — mainly fertilizers and pesticides — will once again be distributed on credit and reimbursed after cotton sales, via the Sodecoton mechanism.
According to the Bank of Central African States (BEAC), cotton output is projected to reach 350,100 tons in 2025, up from 340,000 in 2024, bringing Cameroon closer to its strategic goal of 400,000 tons annually.
Meanwhile, the CNPS (National Social Insurance Fund) and India’s Arise IIP have signed three agreements to develop industrial projects, including the construction of a cotton processing factory in Dibamba’s industrial-port zone. This facility will produce finished goods — cloth, garments, bed sheets, towels — for the domestic and export markets, boosting value addition.
A logistics hub with a container storage capacity of 4 million m³ and more than 100 hectares dedicated to new industries will turn Dibamba into a regional export hub.
The projects are expected to create 15,000 jobs and add 0.5–0.7% to GDP, with completion scheduled in 24 months.
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Moussa Nassourou
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